mardi 10 décembre 2013

Jean-Pierre DESTHUILLIERS, poète, revuiste et éditeur français, nous a quittés...

Ingénieur, poète, membre du comité de lecture de la très bonne revue poétique Jointure et directeur des éditions Les oeuvres jointes, Jean-Pierre DESTHUILLIERS nous a, hélas, quittés le 6 décembre 2013, des suites d'une longue maladie.
Ses obsèques auront lieu le 11 décembre 2013, à 10h 30, à Boulogne-Billancourt.
Il laissera le souvenir d'un grand intellectuel, dévoué tout entier à la cause de la poésie.
Paix à son âme !






Comité 2006
C'était il y a quelques années, lors d'une séance du comité de lecture de la revue poétique JOINTURE; Jean-Pierre DESTHUILLIERS est au premier plan, à l'extrême gauche.








Voici l'un des derniers poèmes que Jean-Pierre ait écrit. Il a été publié dans le numéro 95 de la revue Jointure, en date de mai 2013: 

Dans l'été très passé des futurs trépassés
Le cycle nu des astres s'acharne à tracer
La métrique solaire de l'horloge cosmique
Qui un jour inconnu sonne l'heure imprévue.

A peine resurgi des eaux bleues du délire
Je peine à rassembler deux mots qui se ressemblent :
Gémir, pour évoquer une gêne indicible
Gésir, pour imager ma posture impassible.

Je n'ai pour firmament qu'un plafond d'hôpital
Un blême scialytique en fut la voie lactée,
Et pour corne de brume, au décours de la nuit,
Je n'entends que l’essoufflement d'un moniteur.

Immobile je mime un homme agonisant
Esquissant, de la main, les signes de l'adieu.
L'infirmière attentive à silhouette confuse
A des airs de madone et de spectre à la fois.

Sue ce lit qui m'enferme et me fait meurtrissures
Je me crois embarqué dans une étroite nef
Glissant sur un rapide, en attendant la chute
Qui fracasse en silence au tréfonds des ténèbres.

Enfant, je rattrapais le soleil à la course
En désir fou d'accélérer le cours des choses.
En ce temps-ci, hélas, je continue sur l'erre
A mon corps défendant, crispé de peu, inquiet.

Impuissant à freiner mon sûr mouvement vers
Cet horizon brumeux où toute étoile tombe,
Se figeant, pétrifiée, ultime monument
Dressé en souvenir de poussières éteintes.

J'eus un premier printemps, épreuve de baptême
Où je conquis le droit de pénétrer la vie.
Puis un été d'orage ou de cris de soleil
Et d'illuminations aveuglantes de joies.

L'automne me fut lent, chargé de fruits dorés
Que je sus dévorer la bouche insouciante
Et voilà que j'apprends, en feuilletant le livre
Des destins, que l'hiver est proche de ma fin.

Du néant où naquis n'ai nulle souvenance.
Ni de mes premiers pas au jardin de l'enfance.
Et pourtant j'ai souci à l'idée de sombrer
Dans ce sommeil sans rêve et sans réveil connu.

Qui tourne le verrou de la dernière porte
Œuvrant sur le chemin absent de toute carte.
Sur le dernier passage ou la dernière impasse
Où la trace des pas invisible demeure ?

Comment saurai-je que j'airai franchi le seuil
De cette autre naissance ou de cette évasion ?
Quel ange sonnera la trompette céleste ?
Quel diable allumera les feux noirs des enfers ?

Suis-je l'acteur muet qui fait répétition
De la scène de fin d'une pièce banale
Inscrite au répertoire officiel des vivants,
Et qui titre La Mort faute d'autre expression ?


Dans l'été très passé des futurs trépassés
Le cycle nu des astres s'acharne à tracer
La métrique solaire de l'horloge cosmique
Qui un jour inconnu sonne l'heure imprévue.








Jean-Pierre DESTHUILLIERS était également le webmaster d'un portail d'une très grande richesse, que vous pouvez découvrir sur le lien suivant :
http://www.adamantane.net



Pour en savoir plus sur la vie et l'oeuvre de Jean-Pierre DESTHUILLIERS, consultez
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Desthuilliers

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire