Un jeune homme dévale
une pente assez accusée à l’intérieur d’un sous-bois. Il est vêtu d’un
jean sombre ainsi que d’un blouson de cuir noir qui bâille largement.
Dans sa main droite, il tient par ses anses, avec une
fermeté certaine, un grand sac de sport de toile plastifiée, également de
couleur sombre et un peu informe.
Le sac semble plein et plutôt lourd, mais ça ne
ralentit en rien sa course sûre et vigoureuse entre les troncs sveltes, lisses,
presque dépouillés, le long du sol rouge strié de brun aux chaudes et vives
nuances où ses bottines en pointe arrachent et projettent juste devant lui
d’épaisses mottes de feuillage mort craquant et de terre obscure.
Il finit par mettre un terme à sa dégringolade quasi
acrobatique au bord d’une ravine. Cette dernière est relativement peu profonde
et toute tapissée de fougères fraîches : une touche de vert tendre et dru,
qui, pour un peu, détonnerait…
Là, une fois planté, tout équilibre retrouvé, le long
du petit abîme où son regard plonge, dans un geste fluide et extraordinairement
habile qui, sur le coup, semble englobé dans une scène de cinéma au ralenti, il
fait jouer, de sa main gauche, la longue fermeture à glissière du sac qui se
balance au bout de son autre bras, juste au-dessus du même vide.
Après quoi il imprime au ventre du sac une bourrade
brusque, de façon à projeter d’une seule détente, d’un seul jet son contenu au
dehors. Le sac ouvert expulse toute une gerbe d’animaux de belle taille, au
pelage uniformément noir et soyeux qui voltige en l’air puis atterrit
directement au fond de l’échancrure de la ravine.
Ce sont des félins, dont il regarde un moment,
immobile, pensif, les silhouettes musculeuses se mettre à ramper en grondant,
en contrebas, parmi les touffes de fougères aux vagues allures de jungle.
En un instant (juste le temps qu’il s’ébroue), les
panthères noires disparaissent au cœur de la végétation dense et secrète. Elles
se fondent sans tambours ni trompettes dans le fouillis du paysage. Bientôt, on
ne les voit plus. Un peu comme si elles s’étaient annulées, comme par
enchantement.
Je me réveille et me demande, VRAIMENT, pour quelles
raisons j’ai fait ce rêve.
Patricia Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire