EMBARQUE SUR UN POÈME
Couvrir d’un paletot le poème
Qui cherche les galops d’un « je t’aime »
Lui tendre la perche avec le salto d’un sourire
L’accueillir quand il s’ancre
Solitaire dans des songes
Pour qu’il ne plonge pas
Dans les eaux des
Soupirs
Relier l’écoute à la direction
Où le vent s’engouffre
Dans ses voiles
Le lancer
Dans un océan vivace où
Mûrira sa passion
Du fond sous-marin
Où courent les poissons géants
Comme dans une nuit profonde –
Il recueillera toutes ondes
Pour pallier à tout
Futur poisseux
Et la vie le sommera à l’éveil
Dans un accueil de l’infini
Où erre le désir
Pour relever l’âme de ses rêves
Le poème se dénivellera
Passant les lames
Écumantes du
Passé
Qui tente de le saisir
Sous les vagues repliées
De l’oubli mâchant
L’instant
Perché au mat de misaine
Un pilote guettera
Son horizon sous
Le phare
Dans le tard de la nuit
Le poème avançant flottera même
Dans la tourmente
On entendra
Sa corne
Contre un mauvais rideau de brume –
Il l’ouvrira en musique
Et sa muse
Le fera entendre
Du plus loin des ports
Où se brassent en lumières
Les eaux comme endormies
On verra briller son esquif
Avec un son rétif aux embardées
Des grands cris
Seul vers l’aurore
Son chant résonnera
Pour tous les marins qui s’exilent
Des sirènes tapageuses sur
Les rochers qui enragent
Les marées
Dans un souffle solaire
Qui sifflera la rose des vents
Pour que sautent à la renverse du temps
Les étalons d’un poème
Sortant de l’obscur
Où s’arriment
Les fers de
L’ennui ?
C’est un pilote ouvrant la nuit
Au grand lustre d’or
D’où sont remontées
Les étoiles - pour
N’en garder
Qu’une
Celle qui affronte le jour
Sous un ciel béant
Où se colle
L’océan
D’un mot dévoilant
L’horizon du toujours
Alain MINOD.
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