samedi 21 septembre 2019

Ça part dans tous les sens...



La Vie possède sans doute sa propre logique : la logique du biologique, qui nous apparait on ne peut plus simple : durer, se survivre, résister  à l’entropie qui ramène tout vers le chaos, vers l’inorganisé Elle n’a peut-être pas d’autre sens, pas d’autre finalité que ceux-ci. A une échelle qui dépasse largement celle de l’individu, de l’ego humains.
Sans doute la diversité du vivant sur Terre – qui nous semble extrême – répond-t-elle à ce besoin : épouser le plus de formes possibles, en arborescence, à partir d’un ancêtre commun unique, afin de parer à toutes ou à une grande partie des éventualités possibles.
Mais tout cela nous suffit-il ? Tout cela répond-il à la quête de relation et surtout, de SENS qui nous est propre ?





Que veulent les humains ? La vérité ?
Ils ne la supportent pas, ou très mal.
Le mensonge et la « comédie » ?
Ils s’en plaignent et les stigmatisent.





L’ego est devenu l’intime tyran de nos sociétés « libertaires ».





Les conflits naissent de la convoitise (intérêt), ainsi que du trop grand souci de s’affirmer (ego).





Où est l’essence de mon « Moi » ? Quel est le sens d’ « être soi-même », de « s’affirmer en tant que  soi-même », alors que, tout au long de notre formation mentale, depuis l’âge du nourrisson jusqu’à celui de l’adulte « fait », pleinement « mûr », nous sommes, pour une très grande part, construits, déterminés par nos semblables, nos proches, ceux, celles qui forment notre entourage, que nous imitons et qui nous influencent, ce bien souvent à notre insu ?
Quel est le « Moi », le « Je », le « Jeu du jeu » alors que, selon la fulgurante intuition philosophique d’un poète nommé Arthur RIMBAUD, « je est un autre » ? Et quand, de surcroît, notre soi-disant « moi profond » est composite, complexe, changeant et susceptible de variations « kaléidoscopiques » incessantes, ainsi que le faisait déjà remarquer MONTAIGNE (et encore, bien plus tôt avant lui, les maîtres de la pensée hindoue) ?
Pour les Hindous, le « Moi » est une illusion, à l’instar, d’ailleurs, de tout le reste de l’existence, de l’expérience spatio-temporelle de Vie dans laquelle il se trouve baigner. Pour avoir une chance d’approcher le fond des choses, la véritable nature du réel, il y a nécessité, purement et simplement, de le dissoudre.
Pour l’Hindou, la véritable liberté se trouve dans le détachement. La moksha, la libération de l’âme, de l’être, n’est pas, ne peut être sans qu’au préalable n’intervienne la mise en pièces du « Moi » au profit d’un état de conscience modifié (EMC), d’un autre stade de perception, lequel passe par la stabilisation du mental (par l’exercice du Yoga).





Plus on est otage de son ego, plus la finitude de l’existence, vécue comme insupportable, devient taboue.
La sur-dimension de l’ego et la priorité donnée à son affirmation laissent l’Homme complètement à nu face à ses angoisses fondamentales.





Toutes les différences des Hommes sont brodées sur la même trame. Une trame de conscience réflexive, de langage et d’angoisse devant la mort, le Temps ; de pulsion aventurière ou créative et de crainte enfantine de l’inconnu immense, de l’instabilité du monde ; d’aspiration à l’indépendance, à la réalisation de soi et d’impérieuse nécessité du lien, quelque soit sa forme.





Cela vaut-il vraiment la peine d’essayer de « s’exprimer », de tenter de se faire mieux connaitre (de quelque manière que ce soit) dans un monde de Narcisses qui, de plus en plus, ne compte que des gens qui campent sur leurs jugements expéditifs, tronqués (que voulez-vous, « on n’a pas le temps… », et puis « priorité à soi ») et qui, de toute façon, ne sont capables de vous prêter attention que dans la mesure où vous êtes à même de faire office de « miroir » pour les  réfléchir  ?
Ne vaut-il pas mieux, plutôt, se dire que les gens, les « autres » ne nous connaîtront jamais et que, par voie de conséquence, nous mourrons, nous disparaîtrons tous  de ce « bas-monde » en inconnu(e)s, et que ce qui « restera » de nous ne consistera qu’en quelques bribes de souvenirs tronquées et mille fois déformées de  quelques  autres ?...





La « postérité » elle-même n’a-t-elle pas qu’un temps ?





Nous ne gardons jamais un véritable souvenir de nos « chers disparus ».
Ce que nous gardons, ce n’est jamais qu’un souvenir de l’idée qu’on s’en est faite.





Le bonheur – ou, à tout le moins, l’absence de malheur – peut tenir à peu de choses : le fait de se trouver au bon endroit et au bon moment y suffisent bien souvent.





Durant la seconde moitié du XXe siècle, sous l’effet des idéaux libéro-démocratiques, du développement technologique à une vitesse accélérée et de l’hyper-expansion du capitalisme, les gens ont, en peu de temps, atteint un degré d’individualisme, voire (à partir des années 1970) de narcissisme, de nombrilisme jamais encore égalés dans toute l’histoire des cultures humaines. Le libéralisme et l’hédonisme ont, qu’on le veuille ou non, fabriqué un monde d’atomisation sociale de plus en plus marquée où « chacun vit sa vie », « pour soi », « dans sa bulle » en rejetant toutes les contraintes – y compris celles qu’impliquent la solidarité, le lien avec des êtres proches, la responsabilité, l’engagement. Au point qu’à présent, nous voici en train de rabâcher à tout écho le mantra « Vivre ensemble ».
A force de nombrilisme couplé à la surpopulation planétaire, les impatients, fragiles Narcisses en viennent, bien souvent, à ne plus être même en mesure de s’entre-supporter (et, a fortiori, de supporter les êtres qui ne leur ressemblent guère). Un nouveau « type humain » émerge, qui apparaît comme le (sombre) « héros »  des romans, des traités de sociologie, des productions cinématographiques à gros budget et des documentaires : le sociopathe (dont, visiblement, l’impérieux besoin de « jouir sans entrave », au détriment des autres s’il le faut et sans culpabilité aucune, fascine le public).
Vous croyez que tout ceci nous mène vers quoi que ce soit de « positif » ?





Les mots butent et buteront toujours sur l’autosuffisance, sur la densité et sur la mobilité des choses.





On est seul avec son histoire. Qui n’est celle de personne d’autre. Qu’au fond, personne ne comprend. Parce que tout le monde l’interprète d’une façon qui lui est propre.
On est seul avec ses blessures, ses bonheurs, ses espoirs, son vécu, passé comme présent. Le partage n’est qu’une illusion. A part chez les jumeaux, peut-être.
Que sait-on vraiment de quelqu’un, du « paquet », du « ballot » de vie, de ressentis, de souvenirs, de réactions et d’aspirations qu’il trimballe au profond de sa carcasse ? Que sait-on de leur poids réel ? De leur véritable incidence ?
C’est, peut-être, en un sens, assez terrible et décevant de constater cela. Et cependant, qui se veut lucide ne devrait jamais, à ce qu’il me semble, le perdre de vue.





Quoi qu’on veuille bien dire de leur fameuse « libération », les femmes ont toutes encore ce que j’appellerais un côté « petite fille modèle » plus ou moins apparent (et dont elles sont plus ou moins conscientes) mais qui continue de les imprégner, de les travailler de l’intérieur.





Vouloir changer le monde en délivrant les créatures humaines de la loi du plus fort, c’est fatiguant et c’est risqué. Ne peuvent y tendre que les plus conscients et/ou ceux qui n’ont plus beaucoup de choses à perdre.





L’être humain est ainsi fait qu’on ne peut jamais complètement le « diaboliser », pas plus que l’on ne peut l’idéaliser en totalité. Il n’est ni « blanc », ni « noir » ; sa « teinte » est à trouver dans tout un continuum de nuances intermédiaires.





On s’attache à la vie. Au fond, ne constitue-t-elle pas l’addiction suprême ?





L’idée de quelque « intelligent design » ne pourrait-elle pas être suggérée par le fait que les mathématiques expliquent (et ont permis de comprendre)  l’agencement et le fonctionnement du monde physique, que ce dernier, à tous ses niveaux, obéit à de grandes lois bien précises ( relativité, mécanique quantique,  principes de la thermodynamique et théorie du chaos, théorie de l’information…) et que même le monde vivant, quoique très complexe et difficile à cerner, reflète souvent un agencement mathématique (lire, à ce propos, l’ouvrage de Ian STEWART, Les mathématiques du vivant ou La Clé des mystères de l'existence, Flammarion, 2013).





Le fameux phénomène de « déconnexion » de la réalité, de même que le fameux « irénisme » bobo actuellement tant reprochés aux élites françaises trouvent, pour une assez bonne part, leur explication dans l’entre-soi, dans le goût du regroupement par affinités, lequel a tendance à organiser des « citadelles ».
Frileux de « nature », le Français contemporain, en dépit de ses sonores paroles, aime à rester plutôt confiné en la compagnie de gens qui lui ressemblent - et ce n’est certainement pas le développement exponentiel du narcissisme que promeuvent les mœurs « modernes » au goût du jour qui va le détourner d’une telle propension. Il n’aime le  « dépaysement » qu’à des niveaux superficiels et à des doses homéopathiques, ponctuelles, prudentes. Chez lui, l’ « ouverture à la diversité » et l’ultra rabâché « Vivre ensemble » ne sont souvent pas autre chose que des manières de « mantras », des snobismes qui, finalement, n’ont pas une profondeur très grande et donc, possèdent de sérieuses limites.





Je viens d’une famille de métis. Pour moi, « noir » est un qualificatif qui se mettra toujours entre guillemets ; et il en ira toujours aussi, de même, en ce qui concerne le qualificatif « blanc ». Ces mots, en ce qui me concerne, sont vides de sens, de résonance, et ce depuis toujours. Tant pis pour ceux qui veulent souvent, non sans acharnement, me ranger dans leurs petits compartiments rigides !





L’être est-il sa propre autojustification ?





Le Britannique est un snob qui, au moins, assume son snobisme.
Le Français en est un aussi. A part qu’il ne l’assume pas.





L’idéal de la femme soumise est un idéal de gamin. Il trahit la fragilité, l’immaturité masculines.





Ménager les puissants, telle semble être la règle d’or, la règle numéro 1 dans toutes les sociétés que recèle le monde animal – les sociétés humaines comprises. Le mot-clé, celui qui ouvre toutes les portes est, et demeure « POUVOIR ».
Instinctivement (pourrait-on dire), les gens « se couchent » devant le pouvoir comme le font, sous le vent, les herbes. Même si beaucoup le haïssent et lui en veulent aux tréfonds d’eux-mêmes, ils n’ont qu’en de rares occasions l’audace, ou peut-être surtout un esprit de groupe suffisant pour véritablement et efficacement parvenir à le défier (y compris en « démocratie »).





Le capitalisme actuel se méfie de la philosophie, de la sagesse, car la pensée, cela peut vous détourner de quelque chose qui lui est plus que précieux, essentiel, indispensable : le désir et ses frustrations, sa labilité capricieuse et, forcément, superficielle.
Tout ce qui distrait de la consommation brute et changeante, moteur du système, lui est éminemment suspect.
















P.  Laranco.









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