Pour Raphaël Confiant.
Et maintenant
je dis que je suis nègre
non pas noir
non pas homme de couleur
mais nègre du sang pulsant dans mes artères
oh cruauté des cordages
ondulant sous ma peau
maintenant
je dis que je suis nègre
de mes cheveux anciennement corbeau de kouli malabar
de mes cheveux anciennement grainés de nomade d'Afrique
de mes cheveux anciennement filasses de breton naufrageur
Maintenant
je dis que je suis nègre
de ma poitrine nourrie à la rose des vents
de mes pieds encornés de coupeur de canne
de mes pieds délicats de danseur mondain Oh biguines
oh mazouks
oh gavottes
valses piquées
et autres menuets
Maintenant
je dis que je suis nègre
comme le fou prisonnier du volcan
comme ma parole niée
dans la cire du sceau
comme mon regard perdu
dans l'infini des signes
Maintenant
je suis nègre
de la pluie qui s'irrite
de ma complexité
Nègre oh nègre
infiniment divers
claquant le tambour de ma langue
sur le fil acéré de la herse des mots
oh nègre dont la richesse
ne se classifie pas.
José LE
MOIGNE
Nîmes,
septembre 2008
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