PRISER LE DÉTAIL.
Il est bien difficile de s’assoir
sur le parapet des étoiles.
Trouver cette ligne invisible
n’est pas chose aisée.
Il faut rassembler
comme un tricot défait
les mailles qui la composent.
Se débarrasser
des futilités de ce monde.
Plonger sec et nu
dans les méandres
du soi-même.
Un aîné distillait
cette locution délicieuse :
« Il faut priser le détail ».
J’aime cette expression
saugrenue et puissante.
Je me love en elle
comme la mousse dans l’écorce
lorsqu’une brindille
échappe à une vision globale
pour attirer le regard
sur sa grâce de princesse.
Une image simple
nous ramène au centre
de notre propre existence.
Elle n’explique pas
mais dévoile tout
l’invisible et l’indicible
un peu comme un sourire
d’enfant désarçonné
par le désir
ou l’émerveillement.
J’ai pris un écart de dupe
avec l’audace.
Je ne triture plus le mot
je le laisse s’écouler
même si c’est le silence
qu’il exprime.
Je ne suis plus l’enfant
angoissé par l’obscurité
ni l’adolescent révolté
qui envoie à la gueule
de la méchanceté humaine
la douleur de son bras tournicoté.
Je n’ai plus cette souffrance sourde
de quitter cette terre.
J’ai gagné en sérénité.
Je songe à ceux que j’aime
à leurs secrets dévoilés
comme dans un confessionnal
au point de ne plus discerner en moi
le prêtre du poète.
J’avoue ne vivre
que dans l’attente
de leurs réalisations.
Une nouvelle œuvre d’Aymée
me languit d’envie.
Un poème de Robert Fred
c’est toute mon énergie
qui se met en branle
pour cueillir du ciel
l’amour qu’il veut donner.
Que les autres me pardonnent
si je n’ai pas la place
pour tous les citer ici.
Ils sont veines de mes mains
ventricules de mon cœur.
Le poème est une épreuve solitaire
à partager avec l’autre.
Il faut percevoir au milieu de la ride
le point qui sonde l’âme
de l’émotion juqu’au cœur.
Il faut s’arracher
de la vie qui dort
capter dans le fatras
des âmes et des corps
une musique intérieure
venue d’ailleurs.
Et s’il me plait
de vivre seul
au milieu de vous
l’aventure
de l’émerveillement
un œil goguenard
au milieu de l’enclos…
Que personne
ne me le reproche !
Je n’ai pas mis mon espérance
dans la soumission de vivre
comme les autres
le flux ennuyeux
de la vie qui s’écoule.
Serge-Mathurin THEBAULT.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire