Les rêves sont souvent condamnés à nous décevoir.
Comme
toute duperie.
Même
lorsqu’ils se réalisent, et qu’ils nous privent alors de buts à atteindre.
Les gens qui sont seuls se dédoublent. En esprit. Ils se
scindent en deux. Enfants, ils se créent des amis fictifs et adultes, ils se
parlent à eux-mêmes.
Ce qui est bien la preuve que Je ne peut point exister en
l’absence de l’écho d’un autre.
L’envie
généralisée et la quasi inaptitude à supporter les différences sont la rançon
(et aussi, deux des fléaux psychologiques les plus inévitables) des sociétés
modernes à prétentions égalitaires et démocratiques.
J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi, surtout en Occident,
l’on a tendance à plaindre les personnes désabusées. Il me semble qu’au contraire,
on devrait les féliciter, en ce qu’elles sont au seuil d’une certaine sagesse.
La
modernité actuelle a tendance à repousser la mémoire, à nier l’Histoire. Elle
enferme les gens dans un idéal à œillères d’éternel présent. Elle a d’ailleurs,
en toute logique, « accouché » de la psychothérapie dite du
« développement personnel », proche par certains aspects, des thèses
de Ron HUBBARD, fondateur de la doctrine de la scientologie.
Chasser
le passé, chasser l’avenir.
Chasser
toute interrogation.
Afin
d’oblitérer l’angoisse.
Au
moyen, si besoin est, de techniques de méditation d’inspiration asiatique
détournées de leur visée spirituelle initiales.
Un
individu sans passé, sans avenir. Uniquement immergé dans l’instant présent,
dans son immédiateté, sa vitesse.
Comme
cela convient bien à cette société d’hyper-égos hédonistes !
Seulement,
qu’on le désire ou non, l’individu vient de quelque part, va quelque part. De
même que toute société, toute culture. De même que l’humanité entière.
N’est-ce
pas, après « Dieu » (cf. NIETZCHE : « Dieu est
mort »), l’Homme qu’on cherche à faire mourir ?
Un
Homme qui vit dans l’instant ne redevient-il pas une sorte d’enfant malléable,
facilement manipulable ?
Qu’a
à faire une société de l’instant avec la philosophie ?
L’étude de certains individus qui souffrent de difficultés
certaines, voire pathologiques à communiquer avec les autres, à se socialiser
(tels, par exemple, les autistes Asperger, les trop grands introvertis, ou les
victimes de lésions cérébrales) et qui, dans le même temps, font montre de
capacités cognitives, mémorielles et/ou créatives particulièrement remarquables
par leur précocité et leur étendue (calculateurs ou dessinateurs prodiges,
surdoués) a amené nombre de neurologues à se demander si le « génie »
et la créativité n’étaient pas, chez l’Homme, la conséquence d’une déficience
mentale, d’une « anomalie ».
Michel-Ange, Mozart, Newton, Dirac, Einstein (entre autres) se
trouvent même à présent fortement soupçonnés d’avoir été atteints, a minima, du
syndrome d’Asperger.
Ceci – par extension – serait-il susceptible d’accréditer la
formule définissant l’Homme comme un « grand singe devenu
fou » ? Quelle est la relation exacte entre l’intelligence de l’Homme
et sa tendance à la divagation mentale et à la non-adaptation
psycho-sociale ?
Il apparait en tous cas logique, à la base, qu’un organe aussi
monstrueusement complexe que notre cerveau soit facilement sujet à des
« enrayements », des « erreurs d’aiguillage ».
Les
choses telles qu’elles sont…Personne ne sait à quoi elles ressemblent.
Dans nos sociétés fortement androcentrées, misogynes, la femme
n’a pas droit à l’erreur, mais doit se montrer indulgente envers tout un chacun
(sauf elle-même).
Ne
m’admires pas, tu risquerais d’être déçu(e).
Ne
me sous-estime pas : tu risquerais d’être étonné(e).
A se pencher sur le cerveau humain, ne serait-on pas fondé à se
poser la question : « qu’est-il arrivé à ce grand
singe ? ».
Certes,
on se trompe continuellement, à chaque étape de sa vie. Il est normal qu’on se
fourvoie, qu’on change radicalement d’avis comme de perspective, étant donné
que l’on évolue de manière constante, en fonction des changements qu’apporte le
temps qui passe et des leçons dont nous font profiter nos nombreuses erreurs.
Vivre,
c’est, aussi, tâtonner. La vie contraint à la souplesse.
S’adapter
à ce qu’on devient. Et à ce qu’autour, devient le monde. Pour être mieux. Pour
mieux faire face.
Chercher.
Pas mal à l’aveuglette.
La créativité isole socialement.
Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles, tout au long
des siècles écoulés jusqu’à maintenant, elle attira nettement moins le sexe
féminin que le sexe mâle, la femme étant, souvent, plus portée à la sociabilité
et aux relations proches que son homologue masculin.
Comment
voulez-vous que la mémoire ne soit pas une chose reconstruite et peu
fiable ? La perception l’est déjà.
La « modernité » d’inspiration occidentale ne
peut-elle pas être vue, sous un certain angle d’approche, comme une tentative
inédite de réduction – si ce n’est d’élimination – de la diversité (donc, de la
richesse) culturelle humaine, au même titre qu’elle l’est de la biodiversité
animale et végétale terrestre ?
Vu sous cet angle, ne peut-on pas dire : « il a fait
de beaux dégâts, l’universalisme ! » ?
L’hédonisme
est un abrutissement comme un autre.
Le rapport entre la concrétude et l’abstraction me parait un
problème on ne peut plus mystérieux et central, tant au plan scientifique qu’au
plan philosophique.
Les
habitudes et les réflexes les réflexes…difficiles à contrecarrer !
Or,
les mentalités s’appuient –entre autre – sur les réflexes et les habitudes.
La sous-estimation de la femme ne pourrait-elle pas être vue
comme une sorte de continuation, de version bien évidemment plus
« mûrie », de la confiance sans réserve qu’entretiennent spontanément
les Hommes (des deux sexes – mais surtout du sexe masculin) à l’endroit de leur
mère et de son inconditionnel amour ?
L’esprit humain peine à associer l’autorité et l’amour
inconditionnel et sans limite et c’est là, sans nul doute, un signe
d’immaturité mentale.
Le
pire, dans une illusion, n’est-ce pas que les gens y tiennent ?
Pourquoi tant de gens font-ils une sorte de
« fixation » sur l’amour impossible ? Pourquoi l’amour
impossible stimule-t-il, décuple-t-il si souvent le désir ?
Est-ce parce qu’il représente une forme de défi, qu’il nous faut
surmonter ? Est-ce parce que la frustration (voire l’humiliation) qu’il
nous impose nous marque, comme le ferait un fer rouge ?
N’est-ce pas, avant tout, parce que l’être humain est ainsi fait
qu’il a besoin se focaliser sur des BUTS, des objectifs pour oublier un certain
sentiment de vacuité, de non-sens inhérent à sa propre vie – ou plus exactement
aux exigences liées au SENS qui sont celles d’un cerveau humain ?
Si l’on n’a plus d’objectif(s), de but(s) vers lequel tendre, le
sentiment de vide nous guette. Nous sommes sous la menace de La Nausée, dont parlait Jean-Paul
SARTRE, de l’absurde que mettaient en avant les philosophes existentialistes.
La mort du but, du désir ne se trouve-t-elle pas dans sa
satisfaction, qui l’anéantit ? L’être hors de portée n’a-t’il pas
l’immense « vertu » de demeurer lointain et, donc, quasi
mythique ?
La célèbre histoire de Don Juan n’illustre-t-elle pas, elle
aussi, à merveille (autant que Romeo et
Juliette quoique à sa façon propre) ce grand paradoxe psychologique ?
Être
conscient, à la manière humaine, implique de trouver la mort absurde.
En
la mort, l’ego-conscience humain (qui s’appuie sur les sens, vecteurs de la
perception) redoute sa propre disparition. Notre ego-conscience est doté d’un
fort désir de persévérer dans son être.
En cela, il est, de façon troublante, semblable à la Vie organique (laquelle se
reproduit pour contrer les effets de l’entropie).
Réfléchir, ce n’est pas apporter des réponses, mais apporter des
questions. A la différence de la réponse, la question demeure toujours ouverte.
La
question est un cadeau.
La
réponse n’est qu’une question différée.
Ne cherchez pas des réponses.
Posez-vous des questions !
La
vertu de la question est quasi incommensurable.
P. Laranco
- Quelques heures encore, je m’évertuais à planifier des montages de questionnements et de leurs réponses respectives. Je m’efforçais de concentrer la force de ma pensée sur une logique dans l’assemblement de mes trouvailles. Je disposais par rassemblement toute ressemblance de telle question à telle réponse. Les bonnes questions avec les bonnes réponses. La mauvaise réponse avec la mauvaise question.
RépondreSupprimer- Si ta réponse est inexacte ?
- C’est que la question l’est aussi.
christian jalma dit floyd dog
J'aime beaucoup !
RépondreSupprimerMerci, Christian, et bon week-end.