Je
n’ai aucune réponse… à aucune question.
Les
questions qui ont des réponses me sont suspectes.
Apprendre à jongler avec les angles d’approche.
Nulle autre solution qu’en la souplesse d’esprit.
On n’est pas. On DEVIENT.
De toute façon, on ne peut se sentir pleinement vivant que dans
l’instant t, et à l’endroit où nous sommes. Et encore…cet instant n’est que
mouvement, que courant d’air hâtif.
Il
ne faut jamais présenter nos connaissances comme acquises. Le monde est non
seulement un « puzzle » gigantesque, mais un « puzzle »
très, très complexe. Tout ce que nous savons du monde (et de nous-mêmes) par la
science peut, à tout moment, se modifier, voire se voir réfuté, contredit,
voire demeurer dans un état désespérément ambigu. En matière de connaissance,
assez peu de choses peuvent être considérées comme sûres, définitives. C’est
déjà beau que notre esprit, à l’aide de nos mathématiques, soit parvenu à sortir
de l’ombre un certain nombre de lois cosmiques valant pour l’ensemble de notre
Univers (gravitation, théorie de la relativité, lois de la thermodynamique et
théorie du chaos, mécanique quantique, théorie de l’information…).
Chaque proposition, chaque postulat a sa part solide,
convaincante. Ce qui ne l’empêche pas de posséder aussi une part propice au
doute.
Communiquer
d’humain à humain, c’est ardu. Chacun a ses réactions, ses attentes, ses codes,
ses priorités, ses goûts, ses détours mentaux ; pour parler bref, Chacun a
son propre fonctionnement que, de surcroît, la vie sociale complexe (qui est,
elle aussi, le propre de l’Homme) oblige la plupart du temps à masquer, à
filtrer ou à travestir (de façon inconsciente ou consciente). L’Homme est
indirect, menteur, manipulateur le cas échéant, c’est dans sa nature profonde.
Il ne se contente d’ailleurs pas de cacher ou de mentir, il invente.
L’invention, en tous domaines, ne compte-t-elle pas parmi ses spécificités les
plus remarquables ? Il cherchera donc, souvent, à se faire passer pour ce
qu’il n’est pas ; à fabuler, à affabuler, à la fois pour se donner plus de
valeur à ses propres yeux (pour se convaincre que son moi, son existence en
« valent la peine ») et dans le but d’impressionner favorablement ses
« pareils ». Les malentendus, les déceptions sont par conséquent
forcément au rendez-vous.
Tous
ces faits ne peuvent, hélas, qu’entretenir, entre les êtres humains normalement
intelligents, une certaine méfiance.
La différence donne toujours lieu à des visions stéréotypées,
réductrices, abruptement généralisatrices. Exemple : la vision misogyne
(et millénaire) fort limitée que les hommes se font des femmes
(mamans/putains/sorcières/mystères) ; les visions tout aussi caricaturales
dans lesquelles toutes les cultures enferment systématiquement chaque peuple qui n’est pas le leur (y
compris quand il a des manières de vivre relativement proches).
Les
violences, les souffrances, les brimades que les femmes ont enduré durant des
millénaires du fait de la « supériorité » de leurs mâles au plan de
la force physique et du fait des autres périls, d’ordre physiologique (dangers
liés aux grossesses, aux innombrables décès en couches et post-partum) qu’elles
encouraient ont eu sur elles un effet intimidant radical dont le fameux
« masochisme » est, on peut le supposer, l’une des résultantes.
Vouées
à la souffrance, à la dépendance, à la peur et à la frustration, les femmes se
sont « adaptées » en apprenant, dans certains cas, à les aimer, à les
intégrer à leur vision même de leur destin propre.
De
là dérive sans doute (du moins pour une part) leur attirance, que l’on signale
fréquemment, pour les « bad boys » à aura de danger et pour les
« hommes forts ».
La
domination masculine, souvent brutale, leur a appris à ne pas s’aimer
elles-mêmes et à admirer démesurément, à côté de cela, l’autre sexe (quelques
puissent être ses faiblesses, ses failles).
Les
féministes, en la misogynie des femmes, ont un adversaire de taille. Peut-être
même, aujourd’hui (à tout le moins dans les régions du monde où on laisse une
place, une voix au féminisme) est-ce leur adversaire principal.
Ce que les psychologues désignent souvent par l’appellation
« attrait » (ou effet « aphrodisiaque ») de l’interdit –
ou, dit autrement, « syndrome de Roméo et Juliette » joue, me
semble-t-il, un rôle passablement considérable dans nombre de liaisons
passagères et d’unions entre deux membres d’ethnies aux caractères physiques
très différents. On peut noter, en particulier, que des phénomènes douloureux
s’il en est comme l’esclavage, la colonisation et les forts préjugés à type
raciste liés au complexe de supériorité des Européens ont vigoureusement
contribué, en élevant la femme européenne au statut d’idole, de parangon de la
séduction féminine, à entretenir chez l’homme négro-africain une véritable obsession
(transgressive et malsaine, car d’ordre névrotique) de la copulation avec une
partenaire « Blanche » ou, à défaut, de coloration claire.
Quel
est le rapport entre ce qui est et l’abstraction mathématique ?
A
l’heure où les équations et les modélisations informatiques envahissent de plus
en plus, avec succès, le champ de la biologie (voir, pour plus de détails, le
passionnant ouvrage de Ian STEWART, « LES
MATHEMATIQUES DU VIVANT – OU LA CLEF DES MYSTERES DE L’EXISTENCE »,
Flammarion, 2011), la question, devient, à ce qu’il me paraît, de plus en plus
interpellante.
La
mathématique serait-elle l’implicite de tout ce qui existe à l’intérieur de
notre univers matériel, confirmant ainsi, d’une certaine façon, la vieille idée
platonicienne ? Cela peut-il, de quelque façon, apporter « de l’eau au
moulin » à une quelconque thèse d’ « intelligent
design » ?
Comment arriver à ce que les esprits, enfin, se
« décolonisent » ?
L’hédonisme
moderne pousse fortement à « chosifier » l’être humain (dans la
mesure où, dans un monde que l’on ne sait plus envisager que sous l’angle, sur le critère du plaisir personnel et
immédiat de préférence, l’on en arrive à ne plus voir en lui qu’une source (ou
une non- source, par définition « répulsive »), un objet (ou un non- objet,
par définition « répulsif ») de désir et de plaisir parmi tant
d’autres).
L’absurdité de l’existence ? Est-ce un ressenti ? Une
réalité ? Ne pourrait-on pas poser la même question à propos de
son sens, de sa plénitude ?
Il y a tant d’ambiguïté, d’indécidable au sein du monde. Ne
serait-ce qu’entre notre perception, notre ressenti et la nature profonde des
choses (sans parler DES natures plus ou moins profondes de chaque chose).
L’Homme
ferait n’importe quoi pour se simplifier la vie. Il regimbe à « penser la
complexité », sans doute parce que, pour lui, cela n’est pas vraiment
naturel, ni facile.
C’est
peut-être ça qui l’amène à se concentrer sur des idées fixes à œillères, qui
deviennent facilement exclusives, ramènent tout à elles et, elles-mêmes,
l’entraînent souvent – de par leur nature même - sur la pente néfaste de l’excès. Son cerveau,
qui aime tant faire le tri des informations pertinentes, est mal à l’aise avec
la nuance, l’ambiguïté, l’incertitude, l’éventail immense des possibilités, les
causes multifactorielles des événements et des évolutions de toutes sortes.
Il
devrait employer plus souvent la prudente expression « en un certain
sens ».
Les psys d’obédience psychanalytique défendent le gauchissement des liens familiaux. Peut-être parce que la solitude est un
de leurs grands fonds de commerce.
Ils se prétendent « scientifiques », mais, comme par
hasard, leurs « attitudes thérapeutiques » collent très, très, très
près au fonctionnement d’un certain type de société (hyper-individualiste,
hyper-« libertaire », atomisée selon les vœux du capitalisme et de la
« modernité » contemporains), et à celui-là seul.
Une fois de plus, le rôle de « gardien de l’ordre social »
dévolu à cette science loin d’être
exacte qu’est la psychiatrie apparait au grand jour.
Pour moi, je ne lui accorde ma confiance que jusqu’à un certain
point.
Ce n’est
pas parce qu’il n’est pas accessible à notre perception de façon concrète,
directe que l’avenir, notre avenir n’est pas déjà pleinement formé. Qui peut
savoir ?
Le présent est au confluent du passé et de l’avenir. C’est le nœud,
le point d’intersection mobile, fragile, fugace qui marque leur rencontre.
Derrière
les choses se cachent toujours d’autres choses. D’abord, l’hésitation des
choses à exister.
Oui, l’esclavage et l’engagisme furent des déportations, des
déplacements forcés (par la brutalité coloniale dominatrice européenne). Oui,
les Amérindiens ont connu une Shoah bien avant la lettre. Oui, la colonisation
a été, pour celles et ceux qu’elle a touchés du XVIe au XXe siècles, un traumatisme, encore
inscrit, de façon consciente ou non, à l’intérieur de la « chair-mémoire »
de leurs descendants, dont je fais partie.
A présent, j’en suis à me demander si, en ma mère, ce n’était pas
l’esclave noir, malgache ou pondichérien ou la « bâtarde » métisse
violée par la planteur Blanc plein de superbe qui tremblait encore.
Si les
gens ont tant de mal à comprendre véritablement ce qu’est la condition métisse
(souvent si difficile), c’est pour une bonne part parce que toute complexité
les met mal à l’aise. Nous constituons une « menace » contre les
identités ethniques fortes, quelles qu’elles soient et, plus spécifiquement,
dans le contexte de la domination planétaire européenne d’origine coloniale,
nous sommes soit considérés comme des sortes de « traîtres »
européanisés doublés d’objets d’envie, soit comme des objets de suspicion qu’il
faut « assimiler » (« blanchir ») à tout prix pour les
soustraire à la tentation de se tourner vers « l’autre bord ».
Mais,
dans tout ça, qui se préoccupe vraiment de nous, de ce que nous sommes ?
P. Laranco.
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