mercredi 7 février 2018

S.D.F, un texte de Patricia LARANCO.






Le dénuement
sur le pavé ou sur le ciment dur des rues
quand la neige et le froid tournoient
et vous mordent comme des chiens,
quand
avec eux, vous tournoyez
ombres en voie d’effacement
condamnées à marcher sans fin
de lieu d’exil en lieu d’exil.

***

Le dénuement,
l’estomac creux,
aussi creux qu’un puits sans fond,
haillons puants déchiquetés :
trouver quelque coin où dormir
à la sauvette en les replis,
les plis sordides et les plus nus,
les moins connus
de la Cité
toute enorgueillie de lumières.

***

La vie déchue
a minima
matelas jetés ou cartons
recouverts de hardes flétries
qui constituent d’informes tas
des monticules, presque des
terriers où l’on ensevelit
le corps laqué de saleté,
l’omniprésence
de la peur
aidé(e)
par un sommeil de saoul
qui momentanément vous tue.

***

Oubliés, l’eau chaude et le bain,
la compagnie des gens aimés,
le trousseau de clés parfois lourd,
la protection
de quatre murs ;
seuls restent
le cabot pelé
plein de puces et les compagnons
de querelles et de beuveries,
de tangage – jamais très sûrs,
les cerveaux rongés, abrutis
de bières fortes et de pétards,
d’air glacé tailladant les mains,
de fatigue étrillant les cœurs,
de poumons humides, moisis
et tout alourdis
de mollards.
S-D-F – sans défense – Fin.










Patricia Laranco.








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