JEAN MICHEL BASQUIAT.
Enfant de plusieurs vies
Douces et amères
D’un père et de ma mère en l’an 1960.
De mon père qui divorce de ma mère
Et de mon corps avachi sur ce lit d’hôpital
J’ai perdu un morceau de chair,
Je découvre mon corps
Je récupère mon cœur
Et d’un cadeau de ma tendre mère
Je vous aime mais je dois partir mère a dû partir
Je vous aime mais je ne m’enfuis pas,
La vie est là-bas ! J’y vais !
J’y suis, je vis à droite, à gauche !
Là où la bonté m’accueille !
S.A.M.O ! S.A.M.O !
Toujours la même crasse
New York et sa beauté
Ses rues, ses cruautés et moi avec !
S’en sortir ! S’en sortir !
Je dois m’en sortir
Je suis seul libre
Avec l’encre de mes mains.
J’expose sur les murs
La ville s’éveille
Avec l’encre de mon cœur sur ses lèvres.
New York se questionne
L’encre parcourt la ville
Vivre, survivre dans un coin de rue
La manche ouverte avide de pièces.
À Andy le génie, mon ami
À tous ceux qui m’ont méprisé,
L’art a du génie, je lui ai serré la main
Il m’a rendu son cœur.
D’une carte postale
À cette table de ce restaurant.
On a peint d’innombrables toiles
On a ri ensemble !
J’aurai tant aimé que tu sois là
La critique est dure !
Je suis noir artiste parmi tant d’autres et pas reconnu à ma juste valeur !
Célébrité strass et paillette !
L’argent coule à flots !
L’argent à fleur de peau !
Je ne manque de rien !
Je n’ai besoin de rien !
La limousine du bonheur,
La nuit me rend ses honneurs.
Je fume, je bois, je peins !
L’excès me rend heureux
La vie n’a ni jours, ni nuits, ni queues, ni têtes !
La peinture me rend la vie en quintuple
Je fais ce que j’aime.
J’exécute des toiles de maître
De galerie d’art en galerie d’art,
De pays en pays,
Je peins comme ce Charlie Parker courtisant son saxophone !
Je peins la vie et ses uppercuts
Comme Joe louis la combattait !
Je peins mes frères et les relents de l’hypocrisie du système.
Andy meurt ! Je suis triste, je fonds en larme !
Puis plus rien ! Je peins de moins en moins,
Je suis seul et méfiant
On m’épie, j’épie !
Je me drogue pour oublier,
Pour peindre.
Un dernier sursaut une dernière exposition
Puis plus rien.
À l’interphone j’ai sonné
Dans un excès de joie
La solitude me surprend.
Le cœur lourd
Une dose de trop
La vie qui sourit
L’héroïne et sa dernière danse
Ont été violentes !
Ont été violentes !
Je m’appelle Jean Michel Basquiat
Je meurs en 1988 à l’âge de 27 ans.
Christian PRÉSENT.
In Mon petit gueuloir.
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