samedi 28 octobre 2023

Jean-Louis ROBERT (La Réunion) théorise sa façon d'écrire.

 

 

 

DIGLOSSITUDE.

 

 


Le temps est venu d'attaquer la langue créole, de la délinguer, si on veut la défendre, c'est-à-dire de dépasser le stade de l'expression pour entrer dans celui de l'écriture véritable (je ne parle pas ici de graphie).

Il faut la secouer, la triturer, la frotter à l'autre langue, en explorer le jeu, pour qu'explose toute son inventivité neutralisée par la diglossie. Ce n’est qu’ainsi qu’on va la zarloriser.

Il faut écrire la diglossie, en révélant son potentiel esthétique.

Il y eut ailleurs la négritude, il est temps astèr de penser la diglossitude.

Je la vois comme une pratique consciente de la diglossie et productrice de beauté.

C'est une relation à l'autre qui magnifie l'écart.

La diglossitude, telle que je l'envisage, est un dépassement et une relève esthétisante de la diglossie ; c'est une diglossie en quelque sorte dominée, convertie en art. Le mélangue, pratique signifiante qui caractérise mon écriture, s'inscrit dans cette diglossitude, laquelle dépasse le strict cadre de la langue et s'étend à tout le domaine artistique. Dans cette perspective, la diglossie serait une imitation maladroite, barok, d'un modèle symbolique vécu comme prestigieux.

Faire beau ce barok, telle est la tâche de la diglossitude.

 

 

 

 

 

Jean-Louis ROBERT.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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