Poésie :
Elie Ramanankavana, un futur grand !
Encre et lumière, recueil de poèmes d’Elie Ramanankavana, est petit par le format. Mais ce livre donne une idée du talent de ce futur grand de ce genre littéraire.
Et au travers de la thématique du jeu des couleurs, le blanc et le noir, ce jeune Malgache tisse « de fils d’or » un langage poétique qui n’est pas sans rappeler le maître Jean-Joseph Rabearivelo. D’ailleurs, un vers fait allusion à ce dernier, avec ce « presque-nuit » qui fait effet de miroir, ou d’écho, au cri de ce jeune poète.
Elie parle-t-il de son île ? Il avertit :
« Son nom, on ne le dit jamais »
Tout au plus, pour rentrer
« Au pays des sans-lumières
Là où trône l’ombre
Dans le soleil palpitant des battements de cœur ».
Il lui faut « ramper entre deux rayons de lune », et prendre « une lueur entre ses dents ». Voleur de feu, comme le fut Arthur Rimbaud, le prophète Elie balise « l’île amas de détritus ». Il n’est pas question de « se taire dans le silence des assassins ». Car lui veut « laver la saleté des âmes ».
Vaste entreprise, qui est comme « porter le jour sur le dos ». Le poète parle de ce pénible voyage :
« De mes larmes
J’ai traversé l’immensité du soleil
N’ai trouvé que vent noir
Clarté fracturée d’oubli »
Et il s’interroge alors :
" Où mettre la lumière ? "
Dans ce « presque rien », au milieu de la foule, le poète est solitaire, avec « l’intime inviolé ». Et comme tout humain, il a peur :
« D’une peur de rien
On s’étrangle de nos mains
On s’effrite, on court après notre poussière
On se file entre les doigts
On se rate, on s’échappe on se fuit… »
Dans sa quête de lumière, il
« Mord dans la chair de tout ce qui est noir
On lacère tout jusqu’à la moindre lueur
On se bat les poings écorchés
Les phalanges enflées
Couvant sous nos yeux
Le reste des brasiers mouillés
On coupe, on machette »
Et il est confiant, sûr qu’au pays des « presque-nuits », « au pays des lumières éteintes », même si « on se trébuche d’espoirs, ici », il met quand même « un pas dans l’autre », « pour se hisser à hauteur d’homme », « pour ne pas rouler dans le jus des caniveaux ».
Pour conclure qu’être « homme a besoin d’un futur ».
Elie Ramanankavana incarne ce futur !
Sedley ASSONNE.
Crédit : Sedley Assonne.
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