LA VOIX.
Pourquoi ai-je du mal à les croire ?
J'aimerais pourtant.
Tous ils veulent porter la voix de l'île là-bas.
La voix ! Quelle voix ?
Il n'y en aurait qu'une ?
Et pour dire quoi ? Quoi précisément ?
J'ai entendu beaucoup de discours.
Beaux parfois. Avec parfois des accents de sincérité.
Souvent convenus. Avec souvent les mêmes éléments de
langage.
Ces mots qui visent la mise sous narcose.
Pouvoir d'achat. Justice. Egalité. Autonomie.
Quoi ? Autonomie. Non, ce n'est pas la bonne voie.
Autonomie, oui mais. Autonomie, oui oui.
La voix se brise en mille morceaux. Non, défiger "mille".
La voix se brise en quatre-cinq morceaux.
Le pluriel de l'île se révèle plus réel.
Porter la voix, ils disent.
Quelle voix ? Oui, quelle voix ?
Et d'une seule voix ils disent
Pouvoir d'achat. Justice. Egalité.
Pouvoir d'achat. Et puis Identité.
Quoi ? Identité . Quelle identité ?
Il n'y en aurait qu'une ?
La voix se fracture en cinq-six morceaux.
Pouvoir d'achat. L'hypnose statistique s'accomplit.
Le citoyen laisse la place au consommateur.
Et ils retrouvent la voix de l'île.
Qu'ils veulent porter et défendre là-bas.
La voix ? Quelle voix ?
Que veut l'île ? Cette île qui parle en deux-trois langues.
Quelle langue ont-ils entendue ?
J'ai du mal à les croire.
J'aimerais pourtant.
Jean-Louis ROBERT.
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