Lundi 06 mars 2013, à 08h 30, sur la
chaîne DISCOVERY SCIENCES : « VOYAGE DANS L’ESPACE-TEMPS AVEC MORGAN
FREEMAN – LE NÉANT EXISTE-T-IL ? ».
« Le néant ?
Qu’est-ce ? »
Telle est la question
sur laquelle Morgan FREEMAN nous invite, à la faveur de ce documentaire
scientifique, à nous pencher.
Mais un préalable,
d’abord : le néant existe-t-il seulement ? « Un espace
vide est-il réellement vide, ou est-il, bien plutôt, rempli de forces
cachées ? ».
« N’avez-vous
jamais fermé les yeux pour vous livrer à une expérience du néant absolu, de
l’obscurité totale ? », interroge l’acteur-présentateur américain,
lequel, quelques instants plus tard, avoue n’être, en fait, pour sa part, guère
en mesure d’ « imaginer le néant », de donner corps à cette notion
même. Comment, en effet, peut-on évoquer l’idée de néant, de vide lorsque l’on
sait, par ailleurs, que notre Univers a pris naissance par un fulgurant
jaillissement, appelé BIG BANG ?
Comment concevoir que
« quelque chose » puisse jaillir à partir de rien ?
Le physicien Slava
TOURITCHEV se livre, sous nos yeux, à une expérience simple, mais
troublante : il fait couler de l’eau dans un seau, puis tourne ce dernier,
après quoi il le stabilise. Il observe ensuite l’eau déposée à l’intérieur :
dans un premier temps, celle-ci demeure rigoureusement inerte. Mais, passé un
moment, le scientifique constate que son niveau a légèrement monté.
Explication : ce
mouvement de l’eau vers le haut résulte de l’action du « vide
spatial » !
Le vide spatial,
précise Touritchev, « existe aussi partout sur terre ». Donc, il
existe autour du seau, où il « exerce une pression » sur le liquide
qui s’y trouve.
Bel exemple du fait
que « L’ESPACE INFLUENCE LE MOUVEMENT DE LA MATIÈRE » ! Or, s’il
a une telle action, un tel effet, c’est qu’ « il n’est pas
rien ».
Donc, pour commencer,
mettons-nous bien dans la tête que l’espace, loin d’être un néant, est, selon
la THÉORIE DE LA RELATIVITÉ élaborée en 1915 par un certain Albert EINSTEIN,
« un tissu élastique où s’enchevêtre toute la matière de l’Univers ».
Frank CLOSE nous
administre une autre démonstration de ce dont s’avère capable ce que les
savants nomment « LA FORCE DU VIDE » : il réussit à faire
imploser devant nous un fût de métal rien qu’en aspirant tout l’air qui se
trouve à l’intérieur dudit fût. Sitôt fait, il nous explique que « la
matière du fût, [au cours de cette opération], subit une pression extrêmement
forte », témoin du fait que « le vide interfère avec toutes les
actions de la matière ».
Étonnant ? Non,
si l’on se réfère à la THÉORIE QUANTIQUE, qui voit en le vide « un endroit
d’une grande violence », une « écume bouillonnante, semblable à du
métal en fusion » - pas moins.
Mais ce n’est pas
tout : le vide joue également un RÔLE DE BOUCLIER ! Il
« protégerait tout bonnement l’Univers de toute l’intensité [destructrice]
des forces de la nature ».
Prenons l’un des
constituants essentiels de la matière, l’ ELECTRON. Il n’est pas « isolé, mais entouré, enveloppé de vide quantique ». Si jamais on disperse, autour
de ces particules, le « voile » du vide quantique, « on voit les
électrons nus [particules chargées s’il en est] interagir directement entre
eux », ce qui déchaîne des manifestations d’ « une grande
violence ».
Eh oui, « sans
L’ENERGIE DU VIDE, les forces fondamentales de la nature deviendraient
incontrôlables, et l’Univers serait détruit » !
C’est dire si cette
énergie du vide s’avère puissante. Si puissante même que les physiciens en
viennent maintenant à penser qu’elle pourrait tout aussi bien, du fait de cette
puissance, devenir une sorte de « baril de poudre » cosmique « au
bord de l’explosion » !
Pourquoi ? Parce
que, précisément, l’énergie que renferme ce vide dont nous parlons est
colossale, et, en tout cas, tout ce qu’il y a de suffisante « pour
désintégrer » l’Univers dont elle contribue pourtant à maintenir
l’équilibre.
Si elle ne le fait
pas, c’est que « quelque chose la tient sous contrôle ».
Approfondissons un
petit peu, en nous tournant vers Neal WANNER. Neal est un physicien qui se
livre à l’étude des « gerbes de particules atomiques » dégagées dans
le GRAND COLLISIONNEUR DE HADRONS, à GENÈVE Là, dans un énorme
« tuyau », l’on fait entrer en collision des protons, ce qui donne
lieu à des créations de particules.
Spécialiste de
l’infiniment petit s’il en est, Neal nous explique : « les plus
petits composants de la matière solide ne sont, en fait, pas solides du
tout » ; ce ne sont rien d’autre que « des ONDES » qui se
propagent partout dans l’espace, en sorte qu’ « il n’y a pas d’espace
vide » mais, partout, rien que de l’énergie, une énergie qui, à elle
seule, provoque l’expansion de l’Univers (dont on sait aujourd’hui qu’elle
s’accélère). Cette énergie, les physiciens l’ont baptisée ENERGIE SOMBRE, ou
encore ENERGIE DU VIDE.
Au vu des
manifestations de cette énergie qu’on a constaté (expansion/accélération), et
compte tenu des calculs (compliqués) auxquels se sont livrés les savants, on a
maintenant acquis la certitude qu’ « il devrait y avoir assez
d’énergie dans l’espace pour faire s’évaporer l’Univers ». Cependant – ajoute
Neal Wanner, toujours lui - « la plupart des particules s’annihilent entre
elles » par le phénomène de « L’ANNIHILATION DES ONDES », qui
cause la SUPERSYMÉTRIE Wanner poursuit : « chaque particule possède
une PARTICULE-MIROIR ».
Les recherches de N.
Wanner portent, précisément, sur l’existence – éventuelle – de particules
supersymétriques, qu’il s’efforce de détecter grâce à l’immense collisionneur.
Sans résultat jusqu’à présent. Sans doute sont-elles « très bien
cachées »…
On le constate, le
vide est loin encore d’avoir livré tous ses mystères. Pour autant, d’ores et déjà ce que l’on a réussi à apprendre sur lui, sur son comportement suffit
amplement à en troubler certains. Ainsi en va-t-il de Max TEGMARK, cosmologiste
au MIT.
Les propos que tient
Max Tegmark ont de quoi nous inspirer de la crainte : « une explosion
cataclysmique du néant est inévitable », prophétise-t-il. Et de s’avouer
« profondément inquiet » dès qu’il pense à ce vide qui « emplit
notre cosmos tel un immense océan ».
Il développe :
« l’espace a l’air complètement stable et permanent, comme une balle de
golf ; pourtant une balle de golf peut très bien, dans certains cas,
se voir réduite à l’état de petit nuage de poussière ». Brrr…A quoi
pense-t-il exactement ?
En fait, à ce qu’il
appelle « un changement d’état ». « Ce ne serait pas la première
fois que l’espace changerait d’état », précise-t-il. Cela lui est déjà
arrivé… « il y a treize milliards d’années », « pendant le
Big bang ». Il a alors connu une brutale phase d’abaissement de sa
température, et l’on peut se demander ce qu’il adviendrait si cela venait à se
reproduire. Selon Tegmark – qui y a beaucoup réfléchi – « notre espace
pourrait geler, et tous nous tuer ». Nous pourrions, en réalité, à cette
occasion, nous trouver dans le même cas que ces poissons pour qui l’eau de mer
est, par nature, liquide mais qui, tout à coup, se trouvent piégés dans le bloc
de glace qu’elle est devenue. Mauvaise surprise !
Tegmark nous le
rappelle : le vide est plein d’agitation quantique, en sorte que
« rien n’est jamais complètement stable ».
Ce qu’on sait, en tout
cas, c’est que « les particules de l’Univers primordial étaient
différentes ».
Exactement à l’instar
de la matière, « le vide possède une masse ». Entre lui et les
particules, il n’y a en fait qu’un continuum, lié au NIVEAU D’ ENERGIE. Rien ne
nous garantit que son niveau d’énergie ne puisse pas, un beau jour, diminuer jusqu’à devenir « incompatible » avec l’état actuel de notre Univers.
On peut – toujours
d’après les dires de Max Tegmark – parfaitement imaginer qu’une
« explosion cataclysmique » puisse se produire « à la vitesse de
la lumière, à n’importe quel moment ». Nous n’aurions, dans l’état actuel
de nos connaissances et de notre technologie, aucun moyen de la « voir
venir ».
Par ailleurs, s’il
s’avérait que les fameuses particules supersymétriques existent réellement,
notre Univers pourrait de toute façon fort bien « disparaître pour
toujours dans vingt milliards », voire même, aux dires de certains,
seulement « un milliard d’années ».
Notre Univers est donc
une entité comme une autre, qui est née, et qui est vouée à la mort. Au même
titre que n’importe quelle galaxie, que n’importe quelle étoile.
Mais il y a encore
mieux, encore plus extraordinaire…
Voici qu’ apparaît sur
l’écran le visage largement souriant du
néerlandais Gerhardt T’HOOFT, que l’on qualifie de « roi de la physique
moderne », ou encore de « grand seigneur du vide ». t’Hooft est
un monsieur qui a reçu, en 1999, le prix Nobel de physique et dont on a donné
le nom à un astéroïde, c’est dire…
Il nous apprend que
« TOUT OBJET DE L’UNIVERS PEUT ETRE DÉCRIT PAR UNE SÉRIE DE BITS, SOIT UNE
SUCCESSION DE 1 ET DE 0 ».
Les bits et les séries
de bits, c’est ce qu’on appelle de l’INFORMATION.
L’information est donc
la base, le fondement de tout ce qui est. Or, il existe un principe
incontournable de la physique, le PRINCIPE DE CONSERVATION DE L’INFORMATION,
qui veut qu’aucune chose faisant partie de notre Univers ne peut s’en trouver
réellement effacée. Même pas dans les TROUS NOIRS (contrairement à l’opinion
longtemps professée par Stephen HAWKING). Un trou noir, lorsqu’il « avale
une proie » (un corps céleste qui tombe dedans) ne fait que s’agrandir.
t’Hooft est parvenu à montrer que toute l’information que contient un trou noir
se trouve en fait imprimée sur le cercle de sa surface, au lieu de se trouver
stockée à l’intérieur, dans son volume, comme on l’imaginait jusque-là. Un peu
comme si, en travers du cercle délimitant le trou, se trouvait une sorte de
membrane qui retenait l’information pour la stocker.
Et ce qui est vrai
pour les trous noirs l’est également pour l’Univers : « TOUTE
L’INFORMATION DE L’UNIVERS (c'est-à-dire toute l’information sur ce qui a
existé et existe) EST INSCRITE SUR SA SURFACE » !
Quelles conclusions
tirer de tout ceci ? Ne peut-on pas, d’une certaine façon, en déduire que
« la différence entre quelque chose et rien » est singulièrement
mince ? Que – ainsi que n’hésite d’ailleurs pas à ajouter Morgan Freeman –
il se pourrait fort qu’elle doive, en dernier ressort, se réduire à une simple
« question de perception » ?
Mais intéressons-nous
de plus près à la nature de la matière…
L’astrophysicienne
Kathy KRISS la scrute, dans le but de « comprendre ce qui la rend solide
». Pour ce faire, elle se livre à une expérience consistant à projeter un
faisceau de particules sur une surface tout ce qu’il y a de solide.
Résultat : on constate que la plupart des particules projetées réussissent
sans encombre à traverser l’épaisseur de matière de cette surface.
Pour quelles
raisons ? Kathy Kriss ne tarde pas à nous éclairer : tout bonnement
parce que « LA QUASI TOTALITÉ DE LA MATIÈRE EST CONSTITUÉE…DE VIDE » !
Kathy développe :
les infinitésimales particules élémentaires qu’elle a projetées se sont,
vis-à-vis du mur de matière solide qui se dressait devant elles, comporté
exactement comme des billes qu’on aurait lancées contre une raquette de
tennis !
Ainsi, « la
solidité du monde » n’est-elle qu’ « une illusion ».
L’intime de la matière – l’atome – est lui-même pénétré de vide, surtout entre
les électrons et le noyau.
La matière ne serait
donc qu’un phénomène et éminemment « minoritaire » à l’échelle de l’ensemble
de l’Univers. En effet, les astrophysiciens savent désormais de façon certaine
qu’il existe, autour de nos galaxies, de gigantesques masses totalement
invisibles et indétectables de ce qu’ils ont dénommé « MATIÈRE NOIRE ».
Dépourvue de charge électrique,
cette matière d’un nouveau genre (d’un autre genre) ne serait – présume-ton –
affectée que par la force nucléaire faible, que nous, nous ne pouvons pas
sentir.
En fait, « seules
deux ou trois sur un milliard de particules de matière noire interagiraient
avec la forme de matière que nous connaissons », la nôtre. En conséquence, la
mystérieuse matière noire nous traverse constamment et tout se passe, en
quelque sorte, comme si notre Univers était « divisé en deux mondes »
bien distincts, et qui « s’ignorent » l’un l’autre : celui formé
par la matière classique et celui formé par la matière noire, infiniment plus
conséquent. Il se pourrait bien, d’après les calculs des spécialistes, que
« la part la plus importante de notre Univers soit précisément le
contraire de ce que nous sommes, à savoir le néant ».
Mais comment est-ce
possible ? Comment « tout » a-t-il pu naître de
« rien » ?
Pour essayer de le
savoir, le documentaire se tourne vers Gabriele VENEZIANO, « père de la THÉORIE DES CORDES ». Selon ce savant, « LE BIG BANG N’EST NULLEMENT
LE DÉBUT DE TOUT ». Antérieurement à lui existait une PRE-UNIVERS !
Ce pré-Univers, nous
précise Veneziano, « dormait profondément », en ce sens qu’il avait
encore « une énergie très diluée », doublée d’ « une très
faible interaction ».
Dit autrement, cela
signifie que « les forces de la nature opéraient plus faiblement ».
Et puis, à un certain
moment, les choses se sont modifiées : une « intensification des
interactions » est intervenue, qui a fini par déclencher l’énorme
explosion appelée Big bang. Cette dernière, aux yeux et aux dires de Veneziano,
n’est qu’une simple TRANSITION, de sorte qu’au fond, « le néant
n’aurait jamais réellement existé ».
Reste à savoir de
quelle façon parvenir à prouver les supputations de ce scientifique…
« Il faudrait,
nous répond-t-il, pouvoir observer la période antérieure à l’explosion »,
par exemple en DÉTECTANT DES ONDES DE GRAVITE ÉMISES AVANT QUE LE BIG BANG NE
SURVIENNE ».
Gabriele Veneziano y
croit : ce ne devrait pas être impossible. De toute façon, il l’affirme,
le maintient fermement, « L’ IDÉE DE NÉANT N’EST PAS LOGIQUE ».
« A partir du
moment où on pense le néant, il devient quelque chose ». Les Grecs de
l’antiquité ne le disaient-ils pas déjà ?
En attendant,
peut-être faudrait-il que le vide (alias le néant) change de nom…
P. Laranco.
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