Le principal allié des
préjugés et du culte des apparences est la paresse intellectuelle.
Les gens ne veulent
plus se donner le mal de réfléchir plus avant. Notre monde d’immédiateté et de vitesse n’apprend pas –
ou plus - à procéder de la sorte.
L’abondance rend les
êtres orgueilleux, égoïstes, hyper-exigeants et asociaux. Plus on a, plus on
veut, plus on se concentre sur sa propre sécurité, ses propres plaisirs, ses
propres droits, plus on surestime son propre être, moins on supporte les privations,
les contraintes et…les partages.
En exacerbant l’autosatisfaction,
la fierté, en les muant sans mal en une forme disproportionnée d’orgueil,
succès et pouvoir font aisément de l’individu un être dangereusement imbu de sa
personne.
Les hommes considèrent
les femmes comme des êtres incomplets parce qu’elles sont « désavantagées
» sur le plan de la force physique et fragilisées par leur fonction maternelle.
C’est bien là la preuve que la conception de ce qui fait la force ou la faiblesse
ne repose, en fait, dans leur esprit, que sur les seuls critères basiques de la
force physique et de sa capacité à exercer la violence, à attaquer ou à « protéger ».
En tout homme
sommeille plus ou moins un petit ou un jeune garçon qui croit dur comme fer que
l’avantage qu’une plus grande force physique confère à son sexe est le
fondement, la garantie de toute supériorité. Ce n’est pas le tout de prêcher, d’ânonner
des slogans prônant la non-violence ! Tant que l’on n’aura pas fait
comprendre aux petits garçons, puis aux hommes que « la bagarre », l’expression
de la force physique sont l’une des choses qui rapprochent le plus l’être
humain du primate, on ne pourra pas vraiment aider l’humanité à progresser.
Pour ceux qui
douteraient ou nieraient le fait que l’Homme est bel et bien un animal, il n’est
que de voir le rôle que, chez lui, joue la loi du plus fort.
Il y a,
incontestablement, une dimension d’intensité, d’avidité, de prédation et de rivalité dans la sexualité
humaine (et même, animale). Cette dimension se trouve à la source de toutes les
formes de contrôle social de la sexualité chez l’Homme. Car toutes les sociétés
humaines savent, plus ou moins implicitement, combien le sexe est une force
puissante et assez difficilement domptable, par conséquent potentiellement menaçante
pour l’ordre social et l’équilibre du groupe, vital à la survie de l’espèce.
Le sexe, outre la
volupté immédiate qu’il procure, c’est le doux plaisir lié aux « parades »
de séduction et au sentiment amoureux qui lie deux êtres l’un à l’autre et les
pousse à fonder une famille nouvelle. Donc, le plaisir, le charme, la vie. Mais
c’est aussi – et dans la même proportion – l’urgence, la chosification du
partenaire potentiel, la transgression des codes sociaux, la frustration, la
rivalité et toutes leurs « graines de violence ».
Une pulsion aussi
spontanée, aussi forte, aussi fondamentale et aussi basique se raisonne mal.
Seuls peuvent la canaliser des impératifs encore plus grands qu’elle, ceux de
la survie ou ceux d’un contrôle social souvent sévère.
Ainsi, toute société
humaine a-t-elle obligatoirement une certaine dimension de « puritanisme ».
Organe démesurément
complexe, le cerveau humain est également…paresseux !
Regardez comme il aime
et goûte les automatismes de pensée, le grégarisme mental, les concepts sans
nuance, simplificateurs, réducteurs !
Nos sens et notre
cerveau constituent autant de prismes qui s’intercalent entre nous et la
réalité ; qui la tamisent et la déforment.
Pour ce qui est de
notre cerveau « encombré » d’une pensée, d’une conscience, il la
déforme d’autant plus qu’il est, précisément, hautement créatif et producteur
de pensées, de langage, de concepts ; qu’il mène, pour ainsi dire, sa « propre
vie ».
P. Laranco.
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