1.
Ils appartiennent à l’imaginaire de la
souffrance. Celui qui rend humble. Celui qui invoque le goût des mots et des
idées. D’où ce lien viscéral. D’où ce besoin de parler, de se dire, de se
raconter, de se déverser en l’autre. Elle n’est pas son âme-sœur. Elle est
bien plus que cela. Elle descelle la part inconnue de son être et l’étale au
grand jour, sur un parterre de lumière, façonnée par sa peau.
2.
Je préfère l’illusion au deuil. J’exige
ta présence à chaque instance de mon souffle. Il m’importe peu le gouffre entre
nous. Il m’importe que ton corps s’ensablera dans la nuit. Il m’importe peu la
vérité. Car sans toi je ne suis plus, je cesse d’être, je suis semblable à une
terre affamée avide de pierres. Je suis endeuillé. Amputé de cette chair faite de
la matière de nos paroles soudées.
3.
Je ne réclame qu’un seul pouvoir. Celui
d’être le dépositaire de la démesure qui me permettra d’enfermer ton corps dans
cette pleine nudité qui confisque la mort. Je veux conspuer la mort. Je veux
l’éloigner. Je veux que mes paumes deviennent ce recueil qui abrite toutes les
ampleurs de ton souffle. Ce souffle doit durer. Qu’on m’accorde ce pouvoir.
4.
Je ne suis plus lors des jours de
silence. Ou si. Désormais plus qu’une ombre, ombre vagabonde, ombre qui se
disperse, ombre qui se cherche, ombre qui vous cherche, ombre qui bute sur ses
traces, ombre qui attend que le rivage de vos mots ne l’effleure, que votre
bouche mette fin à son exil, ainsi ombre qui renoue avec sa racine, votre
corps.
5.
Je ne requiers pas l’amour. Il me suffit
de savoir que vous pensez à moi. Parfois. Lorsque les obscurités vous
étreignent. Lorsque vos mains nouent les ligaments de toute pierre. Lorsque
l’aube éclose martèle vos paupières. Lorsque la source de vos rêves se tarit. Pensez
à moi parfois. Il n’est qu’en cette demeure que je subsiste. Parfois.
6.
J'aimerais pouvoir défaire les entrelacs
de votre corps afin d'embraser vos précarités. Je veux les faire miennes. Ainsi
me mêler à l’argile qui comble votre peau et aux pulsations de votre sang. Il
ne demeurera ainsi en vous aucun territoire étranger. Sinon les rives solaires
de ces lèvres qui toujours échappent à l’exégèse.
7.
J’ai parfois revêtu cette terre d’un
voile. En espérant que vous cesserez d’être en moi. Mais vous en êtes le
levain. Et je ne peux obscurcir ma subsistance. Je ne peux effectuer les
rituels de ce jeûne qui sont ceux de l’extinction. Je ne peux me résigner au
deuil, à cette béance que les ombres me confèrent.
8.
J’ai su, lorsque vous m’avez révélé à
moi-même, l’alchimie de la lumière avec votre corps. Depuis, je suis devenu
autre, altéré, assoiffé, ma soif étant celle de cette fulgurance. Je veux
encore m’en imprégner, de vos sens confondus, votre corps résigné à
l’insoumission de cette lumière, votre corps métamorphosé, sa métamorphose le
prélude à la mienne.
Umar TIMOL.
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