jeudi 3 avril 2014

Un texte de Umar TIMOL (Île Maurice).

Quelqu’un lui a un jour reproché de se complaire dans la souffrance. Elle n’a pas su quoi lui répondre. Est-ce une complaisance que cet enlisement dans la chair, que ce corps recroquevillé sur son lit, que ces larmes qui épuisent sa peau, que ce sentiment de non-être ? Sans doute pour ceux qui n’y comprennent rien. Pour ceux dont la souffrance est passagère. Pour ceux qui s’en remettent aussitôt et qui oublient. La souffrance n’est pas un choix, elle est une force qui surgit du plus loin, qui s’empare d’elle et qui en fait son pantin. Qui peut à loisir la déchiqueter. Et qui la rend à la plus parfaite impuissance.

Pauvre petit pantin. Minable petit pantin.

Elle ne s’en libérera qu’en détruisant cette conscience faite de sa matière.

Elle sait que la véritable complaisance est de vivre à la surface des choses, vivre sans se poser de questions, vivre sans s’exercer à la lucidité, vivre sans confronter son néant, vivre sans vouloir la transcendance inquiète de l’instant, vivre sans désirer un au-delà qui toujours fuit, vivre sans incarner dans son corps le malheur de tous les êtres, vivre sans scruter sa part d’ombre, vivre sans accorder de légitimité à la folie en soi, vivre sans vivre.

La souffrance en est le prix. Sans doute. Mais elle n’a pas su quoi lui répondre, ce jour-là.




Umar TIMOL.

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