samedi 7 novembre 2015

Un peu de réflexions...

Est-ce vraiment ce que les autres regardent, voient de nous que nous sommes ? Je dirais, pour ma part, "oui et non". Ils nous voient comme on voit la portion émergée d'un iceberg. Ils ne nous voient pas comme l'on n'en voit pas la partie immergée.





Le pire n’est pas tant que les gens aient des préjugés, mais qu’ils y tiennent, qu’ils s’y accrochent bec et ongles.
Mais c’est ainsi : les préjugés aident les ignorants à croire qu’ils savent.





Ce que nous appelons « Dieu » et « Diable » et que nous tenons tant, dans notre désir et dans presque toutes nos religions, à dissocier, sont une seule et même chose.
De même que leur « version » plus laïques, qu’on a dénommées « Bien » et « Mal ».
Bonté et « méchanceté » n’ont, en soi, rien qui les différencie. Elles ne sont ni l’une, ni l’autre revêtues d’une particulière signification.
Seules, sont à considérer des lois cosmiques, parfaitement indifférentes, des logiques froides qui suivent leur cours, leurs enchaînements de causes et d’effets, leurs complexités souvent retorses.
Quand serons-nous enfin en mesure de mûrir suffisamment pour parvenir à nous dégager de notre anthropocentrisme primaire, de l’idée fallacieuse et naïve que l’ordre cosmique reflète automatiquement nos concepts, nos impérieux besoins d’êtres humains et donc, les structures de notre cerveau et nos exigences sociales ?
Même dans le cadre de nos sociétés, nous collaborons autant que nous nous entre-agressons.
Si Dieu existe, il doit être envisagé dans sa véritable dimension : une dimension cosmique, infinie. Il doit être envisagé à son échelle, au plus près possible (si tant est que cela nous soit possible, à nous) de ce que doit être sa nature propre.
Comment peut-on penser qu’une entité infinie, à l’échelle incommensurable d’un univers énorme, et même d’un multivers, et même d’encore infiniment, incommensurablement plus qu’un multivers, nous haïsse ou bien nous aime ? La bienveillance et la haine ne sont que des sentiments humains, et guère plus que ça. Aucun « amour » ni aucune « haine » n’habitent, de quelque manière que ce soit, les immenses cycles de naissance, de maintien et de destruction qui régissent les univers. Les mêmes forces peuvent être à la fois créatrices, organisatrices et destructrices. Dieu – pour reprendre la fameuse métaphore d’Albert Einstein – manie ses dés, et affectionne sans doute le hasard. De plus, il nous rend sa véritable et complète représentation par essence inimaginable ; tout comme il nous rend tout espoir de le connaître, dans toute l’extension de son étendue et/ou dans son « noyau » le plus « central », totalement inaccessible.
C’est peu dire que nous ne pourrons jamais le connaître qu’imparfaitement et fort fragmentairement.
Les religions – telles que nous les connaissons – prétendent parler « au nom de Dieu ». En y réfléchissant, si j’ose dire, quel « blasphème » !
Restons à notre place : celle de microscopiques êtres très curieux, animés d’une curiosité, d’une pulsion de comprendre très aiguisée, évoluant à la surface d’une minuscule et fragile planète – peut-être, tout comme eux, simple fruit des seuls caprices du hasard (lequel les a fait bénéficier de conditions fort favorables, quoi que totalement fortuites), entre les deux colossaux bras spiraux d’une galaxie parmi tant d’autres, d’une galaxie elle-même perdue au cœur d’une portion infinie (à notre échelle) d’un univers dont nul n’est sensé connaître la taille, les limites exactes.
Certes, il faut pouvoir « tenir le choc ». C’est tout de même dur à encaisser.
Mais, tout personnellement, cela ne me rend que plus profondément admirative, et plus encore prête à me prosterner, de toute mon âme, devant Sa grandeur.
Oui, Shiva est grand ; oui, Allah est grand et oui, « les voix du Seigneur sont impénétrables ». Oui, les photos du télescope Hubble nous rapprochent, d’un certain point de vue, de sa compréhension. Cela vous paraîtra peut-être passablement paradoxal, mais l’idée d’un dieu étranger à toute vision anthropocentrique ne fait que renforcer ma foi éperdue et émerveillée.
Dieu, certes, peut ressembler à l’Homme, comme il peut ressembler à tout, puisqu’il est tout, entre autre chose.
Mais il est dans notre nature partielle, vertigineusement incomplète, de le « représenter », de le réduire,  de le faire «descendre vers nous», pour le rendre plus rassurant, plus proche. On ne peut non plus blâmer cette tendance, cette exigence tout ce qu’il y a de bêtement humaine, que les religions, notamment, s’évertuent à refléter, à soutenir. L’Homme a toujours cherché à se mesurer à ce qui le dépasse, à le contrôler. Mais Dieu – le dépassement suprême – lui répond toujours par le même insondable silence, qu’il tente de meubler avec ses questions et ses réponses (scientifiques ou religieuses), au demeurant très respectables.





Les dominants redoutent le ressentiment des dominés. Les dominés redoutent la puissance des dominants.
Nous vivons dans un monde de peur.
Nous vivons dans un monde où deux peurs se regardent en chiens de faïence.





Il n’y a pas que les systèmes totalitaires (de droite ou de gauche), si détestables qu’ils soient, qui versent dans l’excès et conditionnent, abrutissent les masses par le biais de la propagande. Le capitalisme libéral-démocratique s’y entend également très bien, et même d’une façon bien plus subtile et bien plus redoutablement efficace encore.
Il s’arrange pour déliter, pour noyer toute idée ou toute conviction qui le gêne au moyen de la manipulation (de la déformation) de l’information par le matraquage médiatique, par la publicité et par la stimulation permanente du consumérisme.
On pourrait donc, semble-t-il, voir en lui une dictature soft, beaucoup plus astucieuse et habile que peuvent l’être ses concurrentes, les vraies autocraties.
Vous voulez des preuves ? Le fait qu’elle ait réussi à se « mondialiser » et à endommager jusqu’à l’écosystème terrestre dans son ensemble.





Le talon d’Achille du dominant ?
Son « syndrome de l’enfant gâté ». Son seuil de tolérance de plus en plus bas à toute forme de souffrance, et même de frustration.
Si accoutumé à recevoir « tout tout de suite », si habitué à régner (au point qu’il ne se rend même plus compte qu’il règne),si hanté par la crainte de perdre ses accumulations de biens et d’avantages qu’il en devient une « petite nature », plus hypersensible qu’un caniche !
Si immergé dans les luxes de l’égocentrisme et du goût du superflu qu’il en désire toujours plus et qu’il grossit, qu’il surdimensionne le moindre obstacle, érigé au rang de drame. L’ère de l’hyperabondance est aussi celle de la victimisation pleurnicharde, d’essence infantile.
Il ne faut surtout pas parler à l’enfant capricieux, comblé de plus mal loti que lui.
Non seulement ça heurte sa sensiblerie à fleur de peau, héritière de l’humanisme et, par conséquent, « gâche » vilainement sa félicité suprême (qu’il ne reconnaîtra, en général, jamais, ou bien difficilement) en l’angoissant (comme il le dit, ça « plombe l’ambiance »), mais, de surcroît, ça l’accuse et cela, il vous le pardonnera encore plus malaisément.
Plus on est riche, moins on aime partager, cela est bien connu. Plus on est « insouciant », moins on aime à compatir, ça se vérifie encore.
On ne veut pas de la culpabilité – encore moins de la « repentance » parce qu’elles sont des « inconforts » et que l’on ne peut plus tolérer la plus dérisoire parcelle de ce qui est perturbant ou « désagréable ».





L’un des plus grands problèmes de l’être humain est dans sa tendance à l’excès, aux comportements abusifs. N’étant pas régulé par un instinct fort et assez rigide comme le sont les autres animaux, il ignore très facilement où il convient de s’arrêter. Ce qui lui tient, en quelque sorte, lieu d’ « instinct », c’est son fort mimétisme. Tout jeune, il calquera son comportement sur les comportements des plus proches de ses semblables et sera, donc, très aisément, s’il y en a, à la merci des mauvais exemples.
Pour lui, les « barrières », les indispensables limites sont fixées principalement par le groupe auquel il appartient, et dont il dépend étroitement, en tant qu’animal hyper social.
Voilà pourquoi il ne devrait jamais être question d’ « interdire d’interdire ».
Trop de liberté, pas assez de limites, et c’est le grand n’importe quoi : l’équilibre est rompu, la société et les individus humains qui la composent basculent instantanément dans le chaos, dans la loi de la jungle où, forcément, les plus forts et les plus brutaux seront les premiers à avoir le dessus et, ainsi, risqueront d’attenter de façon sévère aux libertés de la masse, du gros des troupes (comme on l’a vu à maintes et maintes reprises au cours de notre Histoire).
Est-ce vraiment cela que désirent nos ardents chantres « libertaires » ?
Ce qu’il faut, sans doute, à l’Homme, c’est une combinaison de contrainte (tant intérieure que collective) et de liberté individuelle, celle-ci se trouvant toutefois contrôlée et canalisée avec grand soin, au plan intérieur, par ce que l’on nomme le « self-control » (résultat de l’éducation) et, au plan sociétal, par l’action de différentes formes de contre-pouvoir (là encore, pour éviter, notamment chez ceux qui détiennent des pouvoirs, les abus de toutes sortes).
Une société humaine, c’est, avant toute autre chose, une question d’équilibre, de jeu et contre-balancements.
Il est dommage qu’on ne tienne pas plus souvent compte de ces données, pourtant essentielles et terriblement basiques, dans nos débats sociologiques et politiques.
« Liberté » ? Qu’entend-on par là ?





En France (sans doute au nom de « l’humanisme latin », de « Errare humanum est »), il semble que les gens préfèrent entretenir, cajoler leurs travers plutôt que leurs qualités.
Il y a cet esprit de fronde, d’ « irrévérence » un peu cynique, un peu absurde, qui paraît devenue un tic. Donc, on se méfie des « bons sentiments », des « boy-scouts américains », des rêves et du « politiquement correct » qui, tous ensemble, provoquent la grogne. On va jusqu’à devenir, en ce moment-même, apprenti fasciste non seulement par peur, sentiment d’insécurité, mais par esprit de contradiction, de provocation butée chevillé au corps.





Nos ancêtres…nous…nos enfants.
Nous ne sommes que des maillons de chaîne.





La complexité et la fragilité sont deux données indissociables : « […] plus un système est complexe, plus il est susceptible de s’effondrer ; au fur et à mesure que [les] systèmes deviennent plus complexes et que le niveau d’interdépendance entre leurs différentes parties augmente, maintenir le système dans un état stable devient plus difficile. » (Ken Dark, Université de Reading, cité dans l’ouvrage « 1177 AVANT J.C, LE JOUR OU LA CIVILISATION S’EST EFFONDREE », de Eric H. Cline, La Découverte, 2014).
Or les corps humains, les cerveaux humains, les sociétés humaines et les relations qu’elles entretiennent entre elles sont de très beaux exemples de systèmes complexes.
La complexité est tout ensemble la force de l’Homme et sa faiblesse. Elle peut tout aussi bien agir, en lui et pour lui, à la façon d’un moteur ou d’un « vers dans le fruit », à tous les niveaux.





Quand les hommes et les femmes se trouveront-ils enfin en mesure de « guérir de leur mère » ? Quand cesseront-ils – de manière plus ou moins consciente – de l’idolâtrer et de la punir, de lui faire quasi systématiquement- quoique dans des proportions variables – « payer » l’état d’impuissance, de dépendance et l’admiration sans borne du tout jeune enfant qu’ils ont été pour elle ?
Quelle « thérapie » se révèlera, un jour, capable d’éradiquer ce fléau injuste et si préjudiciable à la condition de la femelle de l’espèce humaine : la vengeresse et irrationnelle misogynie – qui n’a pas de sexe ?






Tout comme nous avons tous un petit côté « curieux », tourné vers l’avenir, ouvert à la nouveauté et particulièrement adaptable, plastique, inventif (dans certains cas), nous possédons tous, aussi, un petit côté conservateur, car l’être humain a, également, une nette tendance à s’accrocher à ses habitudes et à ses automatismes mentaux, à ses intérêts et avantages (tant strictement privés que claniques, « corporatistes »), à ses acquis et à la peur de les perdre qui va automatiquement avec.
Nous avons autant besoin d’ « ordre », de balises que d’invention et d’évolution.
Exigences contradictoires avec lesquelles, souvent, il ne fait pas très bon vivre.





Le réel est riche de plus d’un effet pervers, de plus d’un paradoxe, qui le rendent dérangeant et…troublant, voire fascinant, d’un certain point de vue.





Si l’envie (appelée, plus usuellement, « jalousie ») est si répandue et tellement spontanée chez l’être humain – si elle imprègne à un tel degré sociétés et relations humaines, c’est qu’elle est fille de ce qu’on appelle maintenant « le cerveau mimétique ».
Nous grandissons en singeant, en prenant ceux qui nous entourent pour modèles (d’où la brillante intuition rimbaldienne « Je est un autre »). Notre cerveau fourmille de neurones-miroirs, et la femme en serait davantage dotée que l’homme.
Maintenant, l’on peut dire qu’on sait (au moins partiellement) pourquoi les femmes sont si « envieuses » et si « fusionnelles ».












P. Laranco

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