dimanche 29 novembre 2015

Un beau texte de François LAUR (France), LE PLUS NU DE LA NUIT .

Qu’elle bondisse sur la plage ou des rocs, en lisière de nuit (la nuit fût-elle ravagée) jamais nulle vague n'assèche. Lointain, limites à outrepasser, tous vocables liés à la vue, le garrot en est desserré, déferlante après déferlante, au ressac comme à l’afflux, par crédit d’oreille précise. La fièvre, le serein, le flot inséparable : le perpétuel n’est que par la rumeur saline. Ce sera parfait nocturne, fourré dense où battent les grands poulpes et grande nappe éblouissante si, avec le halètement des vagues dans la tête, on en sent la résonance et la dévastation parmi le souffle issant de nos poitrines : sans cesse en eux s’abreuvent nos paroles, les inventrices du désir, des huées, des silences d’angoisse, des vastes éclats de larmes jubilants, sans cesse d’eux nous recueillons ces inflexions aventureuses du gouffre et de la cime par grain violent, sous la mitraille du poudrin, jeunesse musicale des eaux ivres, dansantes et nues d’où naît l’aurore fluctueuse et véhémente assoiffée d’opulents ruisseaux. Peut-être ainsi pourrons-nous affronter le calme plat préludant à une croisière heureuse.


François LAUR


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