L’hédonisme
(compris dans le sens de plaisir pour le plaisir), cela ne mène pas à
grand-chose, sinon à combler le vide, la béance qu’ont ouvert(e) la science
(entendue comme le logos aidé,
soutenu par la technique et cherchant à réduire tous les mystères) et le
système libéral-marchand-consumériste hyper-centré sur la matérialité qui a
pris son essor à partir du XVIIIe siècle, grâce à l’ « éthique
protestante ».
Qu’on
le veuille ou non, le cerveau humain (neurologues et psychologues expérimentaux
viennent de le mettre en perspective) est bâti pour résoudre les problèmes,
trouver du SENS et, de problème en problème, de question en question, l’on en
arrive toujours forcément à l’oméga des questions, qui reste sans réponse
pleine et complète : le SENS final du monde et la validité de la
perception que nous en avons (qu’elle soit liée, directement, aux sens ou, plus
indirectement, au logos et à la technique).
Que font toutes les questions que nous projetons vers le monde
« extérieur », en dehors de nous ramener, comme par effet-boomerang,
à l’intérieur de nous-même (et à un questionnement sur nous-mêmes) ?
Ce
qui différencie le primate Homo sapiens des autres bêtes de la création ?
Sa part désincarnée.
La désincarnation existe. Elle est impalpable, mais REELLE. Nous ne la connaissons, à ce jour, que sous la
« forme » de notre propre pensée, qui est réflexive. Certes, celle-ci
a besoin d’un « support » incarné, charnel mais aussi complexe pour
se constituer (en l’occurrence, le réseau neuronal de notre cerveau). Mais qui
nous dit que d’autres réseaux du même type – ou même d’un type complètement
différent – n’existent pas ? Le grand savant BOLTZMANN avait déjà réfléchi
à la question (*),
au XIXe siècle.
Plus récemment, j’ai entendu l’hypothèse que l’océan disposerait
d’une certaine faculté de « penser » (à sa manière, très différente
et beaucoup plus lente que la nôtre) grâce à la présence en son sein de réseaux
assez complexes de bactéries. Qui nous dit, aussi, que si la matière est
(apparemment, sous certaines conditions), en mesure de produire de
l’observation et de la pensée, donc de l’ « esprit », l’inverse
ne pourrait pas être également envisageable ?
Toute
tentative d’explication est partielle, tronquée, incomplète, ce qui signifie
non-absolue.
Il
ne sert donc à rien d’opposer les tentatives d’explication, toujours biaisées
par l’angle d’approche qu’elles ont adopté.
Et
pourtant, c’est ce que chacun fait. Des systèmes religieux, philosophiques, des
théories politiques, sociologiques et même (le comble !), scientifiques
s’affrontent sans cesse, en ayant une plus ou moins nette tendance à se poser
en vérités indépassables, qui ont prétention de figer le monde. Alors que tout
angle d’approche, toute tentative d’explication, tout en n’étant qu’une
facette, est susceptible d’enrichir.
De n’importe quel être humain (ou presque), il serait bien plus
judicieux de dire « il parait… », bien plutôt que « il
est… » [comme ça, ou comme ci].
Les
gens – parmi lesquels, bien évidemment, je m’inclus moi-même – m’étonneront
toujours. De par leur complexité, et la confusion cognitive qui en résulte (du
moins, lorsque l’on a acquis et lorsqu’on veut conserver un esprit plus ou
moins logique). Enfin, quand je dis « toujours », je veux, en fait,
signifier « jusqu’à ce que je perde, pour de bon, la tête » et/ou
« jusqu’à ce que je quitte ce monde ».
La synthèse mentale, intellectuelle absolue de toutes choses
est-elle de l’ordre du possible ?
C’est
le Proche-Orient qui a défriché l’Europe à l’époque néolithique, en y envoyant
(à ce que l’on sait, en deux vagues distinctes, l’une terrestre, l’autre
maritime, méditerranéenne) ses premiers agriculteurs-éleveurs.
C’est
le Proche-Orient, peut-être même un rameau de l’INDE DRAVIDIENNE implantée dans
le sud de la Mésopotamie, le peuple Sumérien, qui a (jusqu’à preuve du contraire)
inventé la civilisation urbaine, l’architecture, le calcul et l’écriture, son
dérivé, qu’il a ensuite transmis, par le biais de divers peuples sémitiques
antiques, de la civilisation crétoise minoenne et de la Grèce, à ce qu’on nomme
« l’Occident ».
Très
tôt, depuis la plus haute antiquité, l’aire méditerranéenne (Proche-Orient,
Egypte, Perse, Crète, Grèce, Carthage, Etrurie, Empire romain) a joué un rôle
plus que capital dans le grand processus civilisateur qui s’avéra irréversible,
en perfectionnant et en répandant les inventions fondamentales venues de l’est.
On
sait le rôle qu’ensuite joua le monde arabo-musulman médiéval dans la
préservation du précieux héritage grec antique (mathématiques, philosophie)
alors que le nord du défunt Empire romain (de l’Empire méditerranéen,
devrait-on plutôt dire) sombrait (péninsule ibérique exceptée) dans le chaos
destructeur de l’agression germanique « barbare ».
La nécessité de nommer, de dénombrer les choses (qui s’est
accrue voici 10.000 ans environ, avec l’émergence de l’élevage et de
l’agriculture, car il fallait compter les bêtes des troupeaux et les quantités
de grains des stocks) et, encore plus, l’action d’écrire, de coucher sur un
support fixe ce qu’on dénombre et nomme instaure, entre le réel et nous, une
bien plus grande distanciation.
D’abord, les chiffres et les mots furent fusionnés avec les
choses concrètes qu’ils désignaient, figuraient (par pure convention, le
langage – mathématique ou non- mathématique- est une pure convention, au
demeurant malléable).
Mais, avec l’écriture, ils acquirent une plus grande
indépendance. L’Homme qui écrit en retira une plus grande impression de
maîtriser le monde.
L’écriture a favorisé une plus grande maîtrise de soi, une
abstraction et intériorisation de la pensée plus étendue.
Le
présent est, par essence, incomplet et, donc, en attente de l’avenir.
L’instant présent attend toujours que son successeur le
complète. C’est sans doute la palpitation de cette attente, cet air
d’ « entre-deux portes » qui nous le fait percevoir comme si
fragile, si friable, si hâtif ; si tragiquement évanescent. Fuyant ;
un peu comme une traîtrise.
Regarder
a posteriori, se retourner vers le passé. Nous le faisons toujours à partir de,
depuis le (frêle) promontoire de notre présent, par la force des choses. C’est
ainsi que nous mesurons tout ce qui lui faisait défaut. C’est ainsi que
s’impose à nous l’ampleur de son incomplétude.
De
la résulte peut-être une certaine forme de condescendance. Les individus (se)
disent « nous étions jeunes, alors ! », comme pour s’excuser.
Le rapport entre passé et présent est lié à l’incomplétude.
Le
principal problème entre les enfants et leurs parents, à mon humble avis, c’est
un problème de dette.
On
préfère toujours se dire qu’on a eu de mauvais parents – ou, au mieux, des parents
médiocres - plutôt que de se dire qu’on
leur doit tant, à commencer par notre naissance.
Plus nous sommes proches des gens, moins nous sommes enclins à
les admirer.
Hormis
un certain nombre de personnes que je veux saluer et grandement remercier au
passage, je considère que le « milieu de la poésie » m’a ignorée, m’a
rejetée, ne m’a jamais vraiment prise au sérieux (même s’il est quelquefois
arrivé que certains de ses membres me reconnaissent un certain
« talent », du bout des lèvres). Parce que je ne jouais pas assez le
jeu de l’exhibition mondaine, de la séduction féminine, de
l’ « amitié superficielle » (et en réalité, courtisane).
Aujourd’hui encore, être femme ET poète, femme ET rebelle, femme qui dit ce
qu’elle pense, tel qu’elle le pense comporte une certaine part de risque, qui n’est
en aucun cas à sous-estimer.
L’homme
(même homosexuel), en tant que poète, artiste, possède une vieille
« légitimité ». Certains (et, parmi eux, des scientifiques) vont,
d’ailleurs, jusqu’à prétendre que la créativité de l’Homme (du mâle, ça va de
soi) serait, pour une part importante, la résultante d’un besoin, somme toute
très animal, d’attirer, de « mériter » l’attention des femmes, de les
impressionner, de les éblouir dans le but d’obtenir d’elles maternage et/ou
faveurs sexuelles. Une « nouvelle » forme, en somme, du bon vieux
« roulage de mécaniques », plus primitif.
Donc,
tout fonctionne en un seul sens. Les hommes créent, sont reconnus par la meute
de leurs pairs (comme au bon vieux temps de la chasse), et parviennent, in
fine, à leur but suprême, programmé par la nature : gagner l’admiration et
l’attention des femmes séduites, qui leur deviennent toutes dévouées (largement
aidées en cela qu’elles sont par leur conditionnement à la religion de
« l’Âmour »). Une femme, en revanche, qui a une vocation, voire même
une ambition affichée (autre que celle de séduire et de soutenir l’homme, en
« assistante, dont on salue la discrétion »), cela fait terriblement
« tache ». Il faut croire que le XXIe siècle ne change rien à
l’affaire, ou alors à un rythme aussi lent que la progression des tortues, et
qui plus est d’assez mauvaise grâce (les efforts toujours recommencés des
féministes, femmes et hommes, n’en témoignent-ils pas ?). Même dans les
pays les plus « en pointe » sur la (radieuse) voie de la
« modernité » et du « progressisme ».
S'il n'y avait
que "Le silence éternel de ces espaces infinis" pour m'effrayer !
L'inimaginable abysse de la complexité du cerveau, de la pensée et de la psychologie humains (les miens y compris) m'effraye peut-être encore davantage.
L'inimaginable abysse de la complexité du cerveau, de la pensée et de la psychologie humains (les miens y compris) m'effraye peut-être encore davantage.
Il n’est rien de pire que d’être
tiraillé(e) entre des désirs contradictoires.
La femme a
besoin que l’homme la désire érotiquement, mais cela est bien loin de lui
suffire.
Or, de son côté,
l’homme a peur de l’emprise que la femme (érotiquement ou non) peut exercer sur
lui. Il garde encore un souvenir aigu de l’emprise de sa mère, ou de celle de la « Belle » qui « dresse »
la « Bête ».
Les femmes demeurent encore trop « esclaves »
du regard que l’on porte sur elles. Elles se crispent encore trop sur la peur
se perdre leur pouvoir de séduire, leur faculté de retenir l’amour. Elles
restent encore prisonnières de ce chantage affectif qui, subtilement, les
inhibe. L’instruction et le « féminisme » eux-mêmes se heurtent à ce
monumental obstacle, de nature psychologique, mais également largement quoique
insidieusement entretenu par les multiples manigances du système capitaliste
marchand mondial, de la « machine à faire du fric », pour lesquels leurs
vulnérabilités mentales et leurs complexes constituent une véritable « poule
aux œufs d’or ».
La « liberté », c’est d’abord
quelque chose qui a son siège dans la tête.
Vous êtes sûr(e)s
que la décolonisation a bien été faite ?
Réfléchissez…la
colonisation ne s’est-elle pas contentée d’évoluer, de s’adapter, de prendre
des formes nouvelles ?
Culture de la victimisation ?...
S’il n’y avait pas (ou s’il n’y avait
pas eu) des bourreaux, la " culture de la victimisation " n’existerait
pas.
Il y a, en France
particulièrement, mais pas seulement, une propension de la sphère culturelle –
et donc, de ses représentants, les intellectuels – à éloigner la culture, la « vieille
culture» sacralisée, de toute dimension
ludique, à l’alourdir de trop de sérieux, de trop de solennité, de trop de
culte (scolaire) des classiques, de beaucoup trop de gravité, ce qui peut la
rendre très intimidante, sinon rébarbative. C’est sans doute pour cela, en
bonne partie, que, quelques années après la fin de la tragique Seconde guerre
mondiale, le « baby-boom » qui se produisit en Europe de l’Ouest et
aux Etats-Unis donna lieu à toute une génération jeune, pleine de vie, animée d’une
énergie inédite comme d’une volonté exacerbée de remettre le vieux monde à neuf
et que ladite génération créa ce que l’on appelle maintenant la « culture
pop » (dont les médias de prédilection les plus créatifs, furent la
chanson, art « mineur » entre tous, et la musique populaire).
Il s’agissait, pour une bonne part, non seulement de s’amuser, mais aussi de
prendre le contre-pied de l’autorité des parents et de la culture que
diffusaient les enseignants, devenue au goût de ces jeunes beaucoup trop figée,
insupportablement compassée, comme en fermée dans une sorte de corset de fer.
Mais ce
mouvement – que l’on connait si bien – jaillit principalement d’un pays « neuf »,
les Etats-Unis, puis de son satellite, l’Angleterre (où l’on aime l’excentricité).
Il ne toucha, en définitive, qu’assez superficiellement le monde « latin »,
héritier beaucoup plus direct de la vieille civilisation méditerranéenne qui
avait ses sources très loin dans le temps, en Mésopotamie, en Grèce et à Rome.
Le classicisme,
quoi qu’on en dise, a profondément marqué, profondément imprégné la France et l’idée
que ce pays se fait de la culture. Un classicisme à forte connotation
autoritaire, sous l’effet de la révérence sans bornes que la Renaissance eut
pour l’œuvre des Anciens, puis, surtout, des clercs et des rois (notamment
Louis XIV), fortement inféodés au sens typiquement catholique de l’inquisition
et de la hiérarchie – sans parler du rôle que jouèrent l’Académie française et
le rouleau compresseur de l’enseignement jacobin sous la IIIème République.
P.
Laranco.
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