samedi 30 décembre 2017

Umar TIMOL (Moris) nous parle (fort joliment) de son travail de photographe portraitiste.






Ce processus de la création de portraits est bien étrange. On peut ainsi consacrer des heures à photographier un être et il n'en sort rien. Des photos ternes, sans vie. Parfois, par contre, on rencontre, par le plus parfait des hasards, quelqu'un, il accepte qu'on le photographie et au bout de quelques minutes on se retrouve avec des photos intenses, on a le sentiment de voir littéralement son âme, âme qui se raconte dans ses yeux. Il s'agit d'une véritable alchimie de l'être et de la lumière. Et pour que cela survienne il faut qu’il n'oppose aucune résistance à l'appareil photo, qu'il se laisse aller entièrement, qu'il se débarrasse de tous les résidus de son masque et alors seulement, j'en suis convaincu, il parvient à altérer la lumière, il en fait une lumière vive et douce, apaisée et cruelle, susceptible de révéler ce qu'il est. Mais plus encore il doit se mêler au désir du photographe, le désir de l'âme, pour l'altérer, pour le transmuer en autre chose. Que devient donc ce désir ? Quel sens lui donner ? Quelle est donc cette alchimie ? Difficile à dire. Tout ce que je sais c'est que nul ne sort indemne de cette dialectique. Il faut se dévoiler pour pouvoir dévoiler l'autre. Il faut être au plus proche de soi pour être au plus proche de l'autre. Et chaque jour qui passe est cette possibilité de cette rencontre, de la lumière bouleversée, des êtres transfigurés par la force de la photographie, par la force de l'art. Je réalise de plus en plus que c'est un bien grand bonheur qui m'a été accordé, le bonheur du dénuement face à l'autre et réciproquement.




Umar TIMOL.





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