lundi 26 août 2019

Gillian GENEVIEVE (Moris).





Te souviens-tu ?

Le vertige de ce jour aimant avait éveillé la clameur des dunes.

Dans le désert, on avait désappris les gammes de la solitude et elle était tombée en syllabes dans le puits troublé de l’innocence et des étreintes.

Nous avions le désir entrelacé aux corps étonnés de la complétude à venir, le ventre chaud et humide des éraflures du plaisir, le regard tissé du fils de l’ivresse et de la certitude de l’indicible.

Nous n’étions pas faits pour se quitter. Mais les arbres aussi finissent par mourir un jour, tout comme les feuilles naufragées des émois, élaguées par le temps et les possibilités de l’ailleurs.

Il faut deux corps qui se parlent pour parer à l’exil du ressenti.

Mais, aujourd’hui, je vois le crépuscule tressaillir dans l’inespéré de ta parole car tout mot est incendiaire quand le miroir renvoie au silence.

Et la nuit s’évertue à renverser les barricades de la quiétude pour ouvrir une brèche dans l’immanence du désir.

Et je retiens sa leçon : il ne faut pas dévisager l’absente car nulle ivresse ne saurait naître des blessures de la mémoire ou de l’espérance candide.

Et c’est avec des mains écorchées d’avoir caressé le vide que je déplace vers l’estuaire imbibé d’encre et de larmes ce cri nu de l’amour qui se meurt.

Et je fais ta demeure dans ce vers retenu par le poème pour clamer le visage défiguré des rêves et des souvenirs.

Et je défais le linceul protecteur des songes pour t’aimer une dernière fois dans ta nudité mensongère.

Je m’accoude au muret fissuré de notre paysage éventré et je te murmure une dernière fois :

Te souviens-tu ?

On s’est beaucoup aimés.

























Gillian GENEVIEVE.










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