Aucun pays n’est l’univers. Pas plus que le centre du monde. A part dans l’esprit de certains (souvent un bon nombre) de ses habitants, eux-mêmes centrés sur leur propre nombril et leurs habitudes culturelles qu’ils jugent « normales » et forcément, « meilleures ».
Mais tous les pays, toutes les cultures et tous les continents communiquent. D’une façon ou d’une autre. Et ce depuis, semble-t-il, les tout débuts de l’Homo sapiens.
Prétendre laisser de côté le passé, lui tourner le dos n’est (au mieux) qu’une vue de l’esprit. Nulle période de la vie n’a le pouvoir d’annuler la/les précédente(s) ; elle ne peut que la (les) compléter.
Les heureux et les riches…ce sont des égoïstes. Doublés de gens qui ont peur qu’on leur enlève ce qu’ils ont.
Voilà pourquoi ils ne peuvent côtoyer que leurs semblables.
La vie « précaire » a été, au début, celle de tous les Hommes.
Il faut sans doute que nous ayons été des animaux bien faibles, bien mal « équipés » sur le plan des moyens de protection et de défense (en termes d’instinct, d’anatomie) pour que notre inventivité (et notre agressivité) se soient développées de la sorte.
Vous leur parlez bonheur ?...Cela les rend jaloux.
Vous évoquez vos peines ?...Ils vous trouvent sinistre.
La conviction (consciente ou subconsciente) d’être « celui qui sait, celui qui maîtrise, explique », le « conquérant explorateur » nanti de par sa position hyper-dominante depuis le XVIe siècle d’un droit de regard et de contrôle sur l’ensemble du monde a contribué à développé chez l’Homme de culture occidentale et chrétienne (ou juive) une désinvolture cynique et blasée devenue, désormais, dirait-on, le fond de sa psychologie.
Exit tout émerveillement. On gère. On maîtrise. Et l’on SAIT. On tient le Graal. On tient la torche du Savoir, de la démarche logico-technologique inhérente à toute « modernité », qui chasse les mystères, dissout les ténèbres.
Les hommes ont fait du sexe une arme, un outil de domination.
« Tu es peut-être aussi (voire plus) intelligente que je ne le suis, mais moi, je peux te violer, me livrer à cette effraction au plus intime de ton corps même, qui est une des pires atteintes qui soient. ».
Le viol. Ce sexe fait violence. Exercé de façon punitive, jusqu’à, le cas échéant, se ranger au rang des armes de dissuasion massive, voire des armes de guerre.
Il n’est aucune guerre, depuis les débuts de la guerre, qui ne soit « agrémentée » de viols à grande échelle, en tant que marques d’appropriation des femmes membre du groupe terrassé.
Voici qui, d’ailleurs, n’est pas sans reproduire, de façon assez troublante, les comportements répertoriés par nombre d’éthologues observateurs d’ (autres) espèces animales sociales, chez les félins ou les chimpanzés par exemple. L’élimination génocidaire des mâles vaincus et de leur progéniture, suivie du viol et de la réquisition, de l’appropriation d’office de leurs femelles, d’abord « marquées » (comme on marque une proie ou un bétail) par l’imposition de rapports sexuels qui, seuls, leur garantissent la survie. N’est-ce pas de là que viendraient les métaphores guerrières de l’amour, du style « J’ai fait sa conquête. », ou « Je me la suis faite. » ? Désir sexuel et agressivité sont en correspondance étroite, on le sait, sous l’égide de la testostérone.
Et que penser des étonnantes recherches des généticiens qui se sont penché, ces dernières années, sur les divers peuplements de l’Europe préhistorique et ont, ce faisant, repéré la trace d’un énorme génocide, commis à l’Âge du bronze ? Tout indique que ce génocide a accompagné le déferlement invasif de populations steppiques en provenance d’Ukraine et de Russie (appelées Yamna par les chercheurs) ayant acquis la maîtrise décisive de l’usage du cheval et très agressives, probablement porteuses des parlers indo-européens, sur tout le centre-ouest et le sud du continent ; il s’est apparemment soldé par une élimination presque totale des traces du chromosome Y (ce marqueur de toute lignée mâle) héritées des agriculteurs méditerranéens installés là antérieurement, depuis la période néolithique. Les envahisseurs, très nombreux et mieux armés, en s’emparant des terres, se sont, bien sûr, emparé des femmes fécondes qui les peuplaient et leur ont imposé un métissage forcé qui a refondé l’ensemble de la population européenne. Pas moins.
Le langage, l’observation, la question et la (trop ?) grande conscience de soi à l’échelle individuelle séparent sans doute l’Homme de toutes les autres créatures vivantes et de tout le reste de l’Univers qui l’entoure. En eux résident sans doute les racines de sa solitude, de son angoisse métaphysique, de son impression d’être à part, de sa sensation d’incomplétude…et de sa pulsion de maîtrise.
Si le/la poète parvient, d’aventure, par le biais des mots, à exprimer, ne serait-ce que le temps brévissime d’une étincelle, une insignifiante part, un éclair furtif ou un reflet fugitif de plénitude d’être, ce sera déjà énorme, hors de prix.
Beaucoup de femmes, je l’ai remarqué, adorent croire et suivre. Est-ce lié à leur sens de l’attachement ? A leur besoin de stabilité ?
Il est normal que les gens, les peuples soient attachés à leur pays, à leur culture, leurs habitudes, de même qu’au groupe social auquel les relie un sentiment d’appartenance.
Là où ça devient (ou peut devenir) grave, c’est quand cette tendance se dilate; quand elle conduit à l’exaltation exagérée, au sentiment d’être élu, spécial, supérieur et au-dessus de tout le reste.
Tous les pays et cultures ont à leur actif de belles réalisations et des richesses, tout comme, à leur passif, des travers et des manques. A l’image de tout individu humain, toute culture est un savant (et complexe) mélange de « positif » et de « négatif ».
Le racisme actuel est le produit (idéologique et systémique) de la colonisation « blanche », mondialisante, de son appétit d’enrichissement capitaliste (initié, dès le XVIe siècle, par les conquistadores espagnols héritiers de Christophe COLOMB, puis fortifié, revivifié, quelques siècles plus tard, cette fois par l’éthique protestante des pays du nord-ouest de l’Europe (surtout anglo-saxons).
Il imprègne donc de nos jours (d’une façon ou d’une autre) la psyché (consciente ou subconsciente) de tous les êtres humains qui peuplent cette planète.
Le désir d’apprendre a pour nécessaire point de départ l’humilité. L’orgueil doit, au préalable, rabattre son caquet et l’être doit admettre, partir du principe qu’il ne sait pas, accepter ladite évidence. Certaines personnes sont incapables de - ou peinent à – franchir ce cap.
Apprendre vous place automatiquement sous une autorité, c'est-à-dire dans une position susceptible d’être vécue comme « inférieure ». La relation de transmetteur/trice du savoir à receveur de celui-ci est donc, on le voit, loin d’être simple, exempte d’enjeux de domination/résistance, de rapports de force et d’opposition d’egos.
Le respect, la reconnaissance n’y sont pas toujours au rendez-vous.
Elle peut heurter, frotter contre les susceptibilités à vif, que ce soient celles, par exemple, d’enfants ou de jeunes personnages peu sûrs d’eux, assoiffés de réassurance ou celles d’adultes de tous âges, complexés, affligés de sentiments d’échec.
« Dieu », en ce qui me concerne, c’est le ressenti -ou l’intuition – de « quelque chose » qui nous inclut et nous dépasse, d’une manière qui défie notre imagination, de même que notre faculté de comprendre, d’affubler les choses d’un sens.
Là où je me rapproche le plus de son « visage », c’est quand je pense aux dimensions qui sont celles de notre cosmos (« énormes », aux dires même des astrophysiciens) et quand je me trouve face au vertigineux fourmillement d’astres que nous révèlent les télescopes des grands observatoires qui scrutent sans cesse la voûte céleste (encore appelée par les spécialistes « univers observable »), depuis la Terre ou, encore mieux, depuis l’espace même (télescopes spatiaux HUBBLE et JAMES WEBB).
Pour le reste, sur cette matière, je ne me hasarderai certainement pas à en proférer davantage. Et je trouve que ça me convient.
Immensité. Non-née et née. Mystère. Profondeur sans limites.
Les Hommes se sont servis de la métaphysique pour réguler leurs sociétés. Ils ont transformé les intuitions spirituelles en religions, afin de pouvoir se rassurer, de fortifier leur lien communautaire par des rituels partagés qui, sans doute, connurent leurs embryons à Lascaux, dans la grotte Chauvet, à Altamira, à Nias, à Pedra furada (et en bien d’autres lieux, bien sûr), de surnaturaliser les règles sociales, les coutumes, histoire de les justifier, d’ancrer pour de bon leur emprise. Ils ont canalisé les présciences (souvent visionnaires) des premiers chamanes pour les drainer, et les détourner par la suite (au moment où les toutes premières civilisations, d’essence théocratique (Egypte, Mésopotamie) sont apparues suite à l’ « invention » de l’agriculture et au « boom » démographique sans précédent qui en fut la résultante) vers d’autres figures, celles des rois-prêtres.
Ce que les hommes méprisent au travers de la femme, ce sont le chair, les contingences purement physiologiques (comme copuler, reproduire l’espèce, naître, souffrir, mourir). Logiquement, il y a sans doute une certaine tentation de supposer que ce mépris est apparu au moment où, avec l’apparition et l’aide du langage articulé complexe (première forme d’abstraction), de l’ingéniosité, de l’anticipation, de l’imagination, de la ruse et, pour finir, de ce qu’on nomme « la pensée », le « monde intérieur », s’est installée, chez l’humain, l’impression d’une dualité corps/esprit dont une des conséquences – et non des moindres – fut l’obsession, presque rageuse, de maîtriser la Nature via l’ingéniosité technologique et l’intellect.
Ainsi la misogynie a-t-elle peut-être des racines malheureusement très anciennes, et d’autant plus difficiles à éradiquer qu’elles s’originent dans le rapport même que l’Homo sapiens (surtout mâle) entretient avec le reste de la création.
Le langage et la pensée sont des facteurs de mise à distance. Ils cassent, rompent le lien primordial entre l’Homme et le reste des choses.
P. Laranco.
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