dimanche 8 octobre 2023

Un texte d'Edith BERTHUIT (France).

 

 

 

Il avait senti le cœur desséché dans l’effondrement des chagrins.

Fleur flétrie, cette femme s’anéantissait sous la charge douloureuse d’une vie de cris et de coups.

Le dos s’avachissait, la poitrine dérivait.

Sous la peau grise, on percevait la musique des chutes successives, remâchant d’indigestes convulsions.

La fièvre de l’asphyxie se répandait en elle.

La révolte ne l’effleurait plus ; la malédiction l’avait mollie, l’angoisse l’avait disloquée.

L’incompréhension la décomposait.

La solitude l’engloutissait.

Elle était pourtant encore là, rebut de peau et de vomissures, grincements d’os, bouillie de chair ; morte semblait-il, et pourtant vivante dans le hurlement de ses prunelles.

Algue bousculée de vent, elle restait accrochée à l’ancre de l’existence dans une crispation impétueuse.

Un désarroi informulable suintait de tous ses pores.

Longuement, doucement, il la berça.

Le rythme tranquille de ses murmures l’enveloppa.

Derrière le bouclier protecteur de ses bras, la désolation s’apaisait, les sanglots s’adoucissaient, le malheur s’attendrissait.

Au feu de cette chaleur vive, la détresse, aspirée, se défaisait.

Elle s’abandonnait à cette présence offerte, attentive au mal qui lentement se dénouait.

Sursaut indéchiffrable du destin, elle aurait une mort orgueilleuse.

 

 

 

 

 

Edith BERTHUIT.

Octobre 2017.

 

 

 

 

 

 

 

 

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