Dans les champs, on saute. On fait bonds et cabrioles.
On fait la planche sur les graminées qui dansent, qui tanguent en ne formant plus qu'une seule masse unie.
On laisse leurs pétillements nous chatouiller, nous titiller.
On est aérien, comme un rêve. Et on lévite.
Comme au fond irisé d'une bouteille effleurée par la lumière.
Dans les champs, on joue à saute-mouton avec les petits nuages blancs, bouffis et bas qui viennent veiller sur les herbes.
On hume les coquelicots, qui, cependant, n'ont pas d'odeur.
On roule. On boule. Escorté par leurs sceaux fragiles et écarlates.
On tremble avec leurs pétales qui, si facilement, se froissent, se plient, se fripent.
Dans les champs, l'on n'a plus aucune pesanteur. Plus aucune réalité. Au point que l'on en vient à se demander si tout cela est bien réel.
Au point que tout finit surplombé d'énormes bulles en suspens. Criblé par des pétarades lumineuses, terribles de pollens, qui fusent. Au point que l'ombre du soleil, déchirement de chair rubis, plaque de caramel brûlé annexée au glacis de sang séché que suintent les mauves fleurs, rougit et rugit de plus belle. Et que vous vous trouvez, vous découvrez, plutôt, dans l'œuf d'une de ces bulles d'erreur, où tout chatoie et s'amenuise.
Au royaume ascensionnel et déformé des diffractions.
Là où l'évasion jouxte l'état d'aspiration par le Lointain, par l'horizon qui n'est plus guère qu'une mousse d'agitation rosée.
Une écume d'Univers.
Qui berce.
Patricia Laranco.
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