D’UNE BRUINE.
J’écoute, filtrés par mon attention fine, les bruits de la bruine évacuant ses murmures par le zinc de la gouttière. Je m’engourdis de sa musique. Elle s’enroule dans le lazaret de mes neurones, effectue sinueuse sa doucereuse opération. Au fil de l’équilibre, sans que j’en prenne conscience immédiatement, une infinie quiétude emplit la casemate où je produis mes poisons et mes remèdes.
Je deviens la prose même que j’écris. Elle ne me devance plus. Je l’accompagne. La fée me mène jusqu’au gris plâtre du ciel où goguenard, surpris, presque, je m’empale sur le rayon d’un soleil défunt.
J’ai vécu pour ses intensités. En ressentir une, à ce moment précis, où tout devrait s’exprimer dans le morne et la mélancolie, éperonne ce sentiment confus où la satisfaction arrache à l’incertitude le faux de sa dorure spirituelle.
Il ne suffirait plus qu’une transe pour que j’effectue un pas de danse, insolite, idiot, mais qui rend compte de la joie d’un corps d’être habité par une force intérieure, mystérieuse.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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