Le moins
qu’on puisse dire à propos de la poésie de Christophe BREGAINT, c’est qu’elle
est sombre, pessimiste et tourmentée. On pourrait qualifier ce recueil de « chronique
d’un désespoir » et le regarder comme une sorte de longue plainte qui, à
coup de saccades, de flashs successifs
(pour reprendre l’heureuse expression utilisée dans le court texte de
présentation imprimé sur la quatrième de couverture) nous promène dans un
univers trop mobile, trop inconsistant, par trop éphémère où seul règne l’espace
écrasé par le clair-obscur, le
glauque, l’indécis, voire le sordide couplés au provisoire sans attaches.
Ce verbe
incontestablement contemporain, aux accents « sartriens » possède
sans conteste une dimension vigoureuse, oppressante. Sans cesse, il oscille entre la tension à fleur de
peau de l’être hypersensible et la désillusion, la fatigue, le fatal effondrement
de sa défaite. Quelques soient les efforts qu’on produit pour « trouver du
sens », l’absurde est là, reste là, qui se dresse. Qui a toujours le
dernier mot et qui, en fin de compte, nous terrasse.
On ne
compte pas les termes qui renvoient à cette noirceur, à cette affliction qui « suinte »
de toute part : effroi ; Dépareillés ; Se flétrit un jour ; jours
noirs ; rouillée ; une douleur ;
Souffrances ; brûlure; tristesses ; l’espoir
fragile ; Les névroses se
superposent ; contusions ;
Seule l’ombre s’agrandit ; désolation ;
plaies ; Dévastés ; terne ;
néant ; désaxée ; perdition ; Crasse ; Tristesse ; Impasse ;
Saisons // Rongées…
Les mots
sont ramassés, assénés avec une singulière force, car le poète se livre sans
concessions et avec, de plus, un incontestable souci de minimalisme. Il cherche à dompter la mobilité de la vie, qui semble ne lui
laisser aucune place. Mais sa recherche d’une issue se fracasse inlassablement
contre ses rudesses ; contre son aridité crépusculaire de désert morbide.
Il est condamné au galop vers un horizon
jamais atteint et, par conséquent, d’autant plus omniprésent.
Reste,
peut-être, une unique forme de réplique : la fierté ; celle qui lui arrache
ce presque cri pathétique : Reste debout.
Même si Cette route ne mène nulle part. Même si Les lueurs / Nocturnes / Sont écrasées. Même si rien, jamais, nulle
part, ne parvient à nous retenir. Même si nous sommes toujours fragmentés, inexorablement entraînés (mais vers quoi ?).
Somnambules
Autour du rond-point
Nous tournons
Vers l’abandon de toute direction
De cette
lecture, il est certain que nous ressortons gorge nouée. Atteints en plein
centre de notre point nodal, de notre noyau dur de créatures humaines.
P. Laranco.
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