jeudi 28 mars 2019

Gillian GENEVIÈVE (Moris).










L’aube est éternelle
Mais ma plume s’incline
Et je titube sur une terre muette
Dans le seul murmure du plaisir et du sang


J’ignore ce qui se cache derrière le soleil
Peut-être le néant de l’avant et de l’après 
Ou la possibilité de l’écrit 
Ou le deuil impossible de ton corps nu


L’instant est bleu et silence
Et je suis fils de la lumière et du temps
Les mots sont ma patrie
Et nous sommes tous citoyens de la parole


Mais le ciel tombe en décrépitude 
Le vent est fugace
Et les rues sont désertes
Car le poète n’est plus


J’ai à dessein fermé les yeux 
Je ne sais pas plus lire les lignes de la mer
Je ne connais plus la grammaire des cicatrices et de la mort
Et je suspends le discours de la douleur


À quoi bon cette feuille ridée de ces vers défaits
À quoi bon éructer le langage des damnés
À quoi bon le poème 
La césure est rompue et je porte en moi ta silhouette incarnée et ton absence


Dans les limbes les charognes attendent mon cri
Je suis assis à l’écart de la pierre et de la brume
Et j’ai le cœur enroulé dans un linceul déchiré par l’obscur énigme du départ
Le chagrin tombe en syllabes dans mon cahier d’écolier


L’amour perd toujours ses ramifications
Il est sans mémoire 
Quand le jour annonce la fin des rêves
Et l’horizon de la solitude


Je me vide dans l’écho du matin
Mais demeure en moi le paysage naufragé de ton regard
Il me reste les flammes ivres des souvenirs 
Il me reste l’appel de l’éphémère venu de ce songe troublé



Le corps est renvoyé dans un excès de silence
Et aux confins du désir 
Un amour à peine nommé est emporté par les mots
C’est cela l’exil




Et je ne retrouve plus le chemin du soleil.

















Gillian GENEVIÈVE.













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