CE QUI NOUS DÉBORDE.
Je nourris mes doigts d’un froid d’hiver. Tortue, péniblement, j’avance face à une bise glaciale. Bien sûr, c’est ma façon de demander pardon, de justifier mon insignifiance en m’infligeant le contraire du confort. A chaque fois, ces incartades redonnent à mon corps l’esprit de lutteur qu’il n’a pas.
Ne rien expliquer, mettre son sac d’os en réception de tout ce qui secoue l’ordre établi. Déceler un arôme de café sur l’aplat de la pierre froide, opérer des alchimies dans le secret immobile du mouvement, passer sa journée, sa nuit, son ennui, à réitérer l’exploit d’être vivant dans une société qui mime la vie, je transforme mon supplice en joie.
Je m’imprègne de l’humidité suintante du mur. Je me réinvente un été. Les lilas courent sur ma paroi. Une exhalation de senteurs propage jusqu’au plafond une vibration que nul ne peut percevoir s’il n’a pas l’audace de ne faire qu’un avec ce qui le déborde.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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