lundi 15 janvier 2024

Patricia LARANCO (Maurice/France).

 




Les villes forment de grands corps étales dans la nuit bleue un peu crémeuse; des nappes d'eau où se reposent les larges marches des monuments.
Les jardins, eux, s'émaillent de l'électricité des fleurettes, elles aussi bleues, qui crépitent. Grésillent.
Il faisait bon exister. Là. Dans cette jonglerie d'étincelles.
Des nuages rescapés d'un ciel magrittien venaient nous encercler.
Les plantes rampaient avec des allures fourbes de serpents-soleil.
Mais rien n'y faisait : la nuit restait liquide, huileuse, épaisse. Plus que jamais piquetée de lourds archipels de monuments qui n'émergeaient guère qu'aux deux quarts. Silhouettes costaudes, massives.
Seuls les batraciens avaient droit de fouler le damier de leur sol.
Mais aucun batracien ne possédait de bras à tendre pour cueillir la lune.
On s'était donné rendez-vous sur les degrés d'un monument. Qui étaient encadrés d'un sphinx ainsi que d'un serpent à plumes.
On se demandait juste comment on atteint la lumière pure. Comment, comme autrefois, l'on vit dans la lumière sans contours. Dans les salles où la lumière est un brise-vitres, un passe-murs. Où ses grains ont goût de saline une fois posés sur la langue.


















Texte & photo : Patricia Laranco (All rights reserved).















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