VICTIME DU FROID.
Le froid m'a foutu un gros gnon dans le plexus,
Sa râpe rêche m'a incendié l'intérieur
des fosses nasales jusqu'au fond des sinus
comme un papier de verre rude et abrasif
et croyez-le, je l'ai bien senti attaquer,
racler telle une houe mes muqueuses à vif :
j'en suis restée sonnée, voire presque groggy.
Juste après, il s'est mis à taper sur mes doigts
telle une règle d'écolier en métal
brandie par quelque maître d'école d'antan
encore adepte des châtiments corporels.
Et pan, et pan ! Son arme taillait dans la chair,
abattue comme un véritable couperet.
Allait-il, au surplus, hacher menu mes mains,
réduire mes phalanges à stupides moignons ?
J'eus bientôt l'impression d'avoir été rossée,
empoignée rudement en toutes parts du corps;
mes épaules et bras, pétris avec vigueur
regorgeaient de points de douleur et de torsion.
Mon enveloppe était glacée de bas en haut
tout comme de droite à gauche et, dessous ma peau
je sentais la viande se mettre au garde à vous,
se durcir en des blocs ou se mettre à trembler
telle une gélatine pour moitié fondue
ou la dernière feuille, arrachée par l'hiver
en ses rafales errantes et tranchantes
de vent.
Surgi à la faveur du recul de la pluie,
d'un mirifique éclaircissement du ciel
qui m'avait incité à ouvrir les carreaux
pour photographier azur, clarté de retour
le froid est venu se jeter sur mon poitrail
telle la paume ferme d'une grande main
et il s'y est posé, a appuyé dessus
comme pour pénétrer
mes bronches et mes poumons.
Quand j'ai fermé la fenêtre, il était trop tard,
je n'étais plus qu'un être hagard et chancelant
dodelinant de la tête, comme égaré,
un fantôme un peu plié en deux
de moi-même.
Patricia Laranco.
29 décembre 2024.
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