mercredi 15 janvier 2014

Quelques pistes de réflexion...sur les "idées fixes".

IDÉES FIXES

A chacun sa petite « idée fixe ». Sa petite « obsession » personnelle.
Sa façon bien à lui de ramener à lui le monde – de le rapetisser aux mesures, tronquées, limitées, de ses petites dimensions.
Et, au-dessus de tout cela, ou englobant tout cet agglomérat de ressentis, de visions du monde, de motivations, de karmas, de partialité et de « partiellités » parcellaires, il y a un Tout. Il y a, sans doute, une totalité, qui rassemble toutes les grilles de lecture et d’interprétation du monde possibles, imaginables.
Ce Tout est l’absolu de la perception, de la connaissance globale. Et ce Tout est (peut-être) ce que nous aspirons, tous plus ou moins, à être. En secret, le plus souvent, car ne sommes-nous pas – en tout et pour tout- que le produit (parfois triste) de nos œillères ?
Oui mais voilà…tant de gens confondent la volonté de s’ouvrir à la vastitude de l’Univers avec la volonté d’imposer à tous leurs idées fixes – elles-mêmes fruits de leurs limitations.
Oui – bien sûr-, me dira-ton, c’est naturel, c’est tout ce qu’il y a de propre à la nature humaine.
Reste…là est l’origine de l’intolérance et du conflit ; avec toute leur fâcheuse cohorte de conséquences.



On a parfois l’impression que tout ce que nous demandons aux autres, c’est de nous « confirmer », de nous « refléter » en quelque sorte, tels des miroirs.
De « donner raison » - si peu que ce soit – à la justesse de nos idées fixes, et des motivations qu’elles construisent.
Car nous et nos idées fixes ne formons, au fond, qu’un seul et unique bloc.



D’une façon générale, l’Homme adore penser par classements et par catégories. Il a tendance à « ranger » tout ce qu’il perçoit, tout ce qu’il expérimente dans des « tiroirs » aux cloisons étanches. Seulement, la vie, malheureusement pour lui, ne fonctionne pas comme ça. Bien souvent, le plus souvent même, elle aime à « mélanger les genres », et préfère les frontières poreuses aux lignes de démarcation trop marquées, trop intransigeantes.
Le vrai monde ne ressemble pas vraiment à l’image qu’en veut donner la pensée humaine. D’où la nécessité, pour le cerveau, de se montrer plus souple, plus subtil. Une nécessité qui, fréquemment, contrecarre sa paresse et son adhésion aux idées toutes faites du « prêt à penser ».
La pensée de l’être humain est volontiers réductrice, simplificatrice, péremptoire et « abrupte ».
Cela, en certaines circonstances, peut s’avérer bon, et utile. Alors qu’en d’autres, cela rigidifie dangereusement l’esprit et, en le rendant ainsi gourd, le fait inapte à interpréter correctement ce qui l’entoure pour en retirer une plus juste vue.
Mais, heureusement, le monde « résiste », refuse de se laisser plier, engourdir. Et « dément ». Surprend.
Derrière la « grille de cases », de conventions à notre convenance qu’on lui appose d’autorité (et dans lesquelles nos structures cérébrales, assez totalitaires, l’enferment), il continue de vivre, d’être lui-même et, en un sens, de se dérober. Il s’y entend – parfois de manière agressive, « choquante », voire « traumatisante » - pour nous rappeler à notre nécessaire devoir de lucidité, de modestie, et de prudence.
Le monde n’est pas tel que nous voudrions qu’il soit, tel que notre désir le veut, et c’est très bien.



Le désir est condamné à être insatisfait, bien fait pour lui (*).
Ainsi, le nécessaire renoncement à son illusion qui s’impose s’écrit-il, se communique-t-il, en filigrane, à destination des Hommes sages, ou de ceux qui tendent vers davantage de sagesse.
A eux, cependant, de savoir, et d’avoir le vouloir de décrypter les implications qui se logent à l’intérieur d’un tel « message subliminal ».


(*)
Exemple patent : le mal-être psychologique qui frappe les sociétés d’abondance et de « droit au bonheur ».




P. Laranco.

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