Le pain, et son
goût un peu râpeux, un peu rocailleux dans la bouche ; sa rugosité poussiéreuse
qui investit la caverne du palais, de même que la surface toujours un peu
surprise de la langue, aussi sèche qu’un chemin aride du sud au plus fort de l’été ; sa façon
presque âpre de s’accrocher, par rêches copeaux, aux muqueuses buccales et au
gosier que, bien souvent, il laboure des
replis montueux, croûteux, torturés de son écorce, ou alors de ses tessons
irréguliers, dentelés, dentés, presque aussi aigus que des bris de verre !
Le pain, tout
labouré d’ornières-gouffres et d’épines dorsales renflées ; le pain dont
je ne célébrerai jamais assez les frustes bourrelets, les cordillères.
Le pain, ce haut
pays dressé – qui sait pourtant tant s’adoucir ! Le pain, de chaleur
odorante et de pétrissages charnels ; de peau saurienne craquelée et de
captivités onctueuses, moussues ; croûte, solidité blonde et resserrée de roc en
surface, doux cœur de mie en - dedans ; en secret.
Le pain, cette
improbable alliance de sensualité et de tellurisme !
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