mardi 19 juin 2018

Remarques en vrac.



Parler des choses autrement que de la manière « jargonneuse », rigidifiée, hautement codifiée, en un mot comme en cent, « savante » des universitaires…Échapper aux bonnes vieilles « méthodes » apprises à l’école et, donc, se libérer des formatages…
SOCRATE ne parlait ni comme BARTHES, ni comme DERRIDA, que je sache. D’ailleurs, il n’écrivait même pas.
Personnellement (sans oser me comparer à Socrate), je crois dans les mots simples, de même qu’en les discussions « à bâtons rompus » qui usent des mots courants, et partent en tous les sens. Je sais que tout le monde fait, au moins une fois dans sa vie, de la philosophie, de l’Histoire, de la sociologie, de l’anthropologie « sans le savoir ». Ça ne me gêne pas. Bien au contraire.
Il est possible d’exprimer des choses très complexes à l’aide de termes « tout bêtes ». Comme de stimuler l’ardeur des neurones et l’agilité de l’esprit en faisant ce que l’on appelle « sauter du coq à l’âne ». Du moins est-ce une de mes convictions. Je pense que la pensée s’épanouit on ne peut mieux sans corsets qu’avec. L’impression que j’ai du monde est que toutes les choses sont liées, de près ou de loin. « Interconnectées », ainsi que le formulent, pour leur part, fort judicieusement, les Bouddhistes.







Les dominants sont si sûrs d’eux. Si persuadés de tout savoir. Si soucieux de tout contrôler.





Le Français (même intellectuel, même « spécialiste » de telles ou telles mœurs – prétendument « esprit ouvert et universel »)- et je dirai même l’Occidental – n’est pas curieux des autres cultures. Il estime que sa culture est tellement dominante qu’elle se situe très largement au-dessus de tout cela. Peut-être estime-t-il même (plus ou moins consciemment) que les autres cultures sont vouées à disparaître (sous le rouleau compresseur de SA mondialisation, de plus en plus prégnante - et pour le bien de l’humanité, bien sûr).
La dominance engendre un sentiment de supériorité que l’on estime légitime et que l’on cultive en toute bonne conscience, quasi ingénument. Mais on oublie trop volontiers que la médaille a son revers : « on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre », comme l’on dit.
Tout sincère qu’il soit (parfois) dans son désir de dialoguer avec les autres cultures, de s’ouvrir à elles, le membre d’une culture hyper dominante réalise toujours mal qu’il est sensiblement handicapé par tout ce qu’il porte et continue nécessairement de porter en lui.
Malgré le « Sanglot de l’Homme Blanc » et malgré toutes les tentatives d’ordre mimétique qu’il sera susceptible de déployer, il ne pourra jamais s’introduire réellement, authentiquement dans la « peau » de l’autre. Il y est définitivement « interdit de séjour » et même sa volonté individuelle n’y changera rien.
Pour dialoguer, pour communiquer d’une façon autre que superficielle, passagère et fragmentaire, il est besoin, me semble-t-il, qu’existe chez les deux parties un minimum de sentiment de se trouver sur le même pied. Sans trop de fossé, de déséquilibre. Tout déséquilibre fausse la donne. Toute dominance crée, de manière inévitable, un éloignement sans remède.
La dominance de l’Occident entretient les hautes œillères de l’eurocentrisme.
En revanche – ainsi que les auteures féministes l’ont, dans leur analyse fouillée de la dominance radicale, si bien perçu – le dominé, lui, sait « observer » le dominant  de manière attentive, pointue. Parce qu’il le DOIT. Qu’il n’a pas le choix. Ce qui aiguise ses « antennes ». Et est peut-être, pour lui, un « avantage ».





L’idée de « faire descendre de leur piédestal », au besoin en les humiliant, en leur imposant les besognes manuelles les plus « basses », les « clercs » qu’a voulu promouvoir MAO Zedong lors de sa (redoutable) « révolution culturelle » au XXe siècle n’était guère, en soi, si mauvaise. Car il n’y a, souvent, rien de plus insupportable que la morgue d’un clerc, d’un être bardé de diplômes et autres titres, d’un enseignant (surtout, d’un universitaire) devant lequel tout le monde se « prosterne ». L’on peut, bien sûr, à juste titre, se montrer satisfait d’un parcours professionnel et d’une certaine position, d’un certain rôle ; pourtant, rien ne justifie la condescendance, la morgue que l’on observe trop fréquemment et qui témoignent d’un excès de fierté, doublé dans le cas qui nous occupe d’un fort sentiment d’appartenance corporatiste et élitiste.
On peut, me semble-t-il, vouloir « briser » le goût du pouvoir qui parasite les enseignants du fait de leur position – nécessairement dominante – de transmetteurs d’un savoir.
Cependant, cette attaque maoïste contre les « mandarins », les prestigieux « Maîtres » (si centraux dans bon nombre de traditions asiatiques) a ouvert les vannes de la vengeance la plus sauvage, la plus absurde. Tuer la morgue chez un individu ou une « caste », cela peut être positif; les éliminer dans un déchaînement de haine barbare, de violence aveugle en en faisant du même coup des martyrs, c’est tout autre chose.





Le délitement des solidarités sert le capitalisme.





Il est toujours étonnant de constater à quel degré la peur reptilienne et limbique, lorsqu’elle se trouve mobilisée, peut transformer, en un instant, un être loin d’être bête, voire un intellectuel – en parfait idiot paranoïaque  qui, soudain, s’accroche à tous les préjugés. Tant que les intérêts, les privilèges ne sont pas menacés, l’esprit reste large.





Le « vivre ensemble », en France (sans véritable politique sociale) est un attrape-nigaud.





Les besoins de l’Homme sont complexes, changeants et fréquemment contradictoires. C’est peut-être la raison pour laquelle les « solutions idéales », les « réponses-miracle », les idéologies et les systèmes de tous ordres (politiques, économiques, philosophiques) comme de tous types  ne m’inspirent que méfiance, circonspection à tout le moins.





La conscience est ce qui empêche l’Homme de s’abandonner à la mort ; même quand le corps est prêt à mourir. C’est la conscience qui, elle aussi – et plus encore que lui – veut durer, qui s’agrippe, se bat ; s’acharne. Pour sa PROPRE conservation. Les animaux, qui ne possèdent pas notre type de conscience, meurent sans révolte.






L’idéal masculin du « chef » trouve probablement sa source dans un instinct « primate » profond.
Mâle bourré de testostérone qui fornique avec le plus grand nombre de femelles qu’il lui est possible de trouver (prioritairement, des jeunes), ce qui assoit son autorité, son prestige, son statut social « alpha ». Les polygamies propres à l’Afrique sub-saharienne ou pharaonique ne trouveraient pas leur source ailleurs.
Ailleurs que dans ce  « berceau de l’humanité » reconnu que constitue l’Afrique, c'est-à-dire sur les autres continents,  le mâle humain se montre, certes, (pour des raisons complexes qu’il serait bien trop long de développer ici), sensiblement plus hypocrite. Reste que le pouvoir et le sexe demeurent étroitement « en cheville ». Partout, le pouvoir et la séduction érotique mâles entretiennent de sérieux liens. La violence et le désir sexuel (deux « produits » testostéroniques par excellence) sont, si j’ose dire, les deux mamelles de la domination directe. On affirme, depuis longtemps, que le pouvoir possède des vertus « aphrodisiaques ».
Mais l’inverse n’en est pas moins vrai car, pour accéder au pouvoir, le charisme masculin (à haute dimension séductrice, érotique) est encore d’une aide plus que précieuse. Ce ne sont pas les exemples, historiquement encore récents, d’un Benito MUSSOLINI (*), ou d’un John Fitzgerald KENNEDY qui le démentiront.
Les tendances à la « polygamie » ou à l’exhibition de multiples femelles-« trophées » par ces messieurs demeurent (de manière plus ou moins discrète) présentes et admises comme « normales » dans toutes les sociétés humaines, y compris celles officiellement les plus farouchement monogames et axées sur les liens du couple.
Et les « hommes à femmes » attirent souvent les femmes comme des aimants ; cela fait peu de doutes.

(*)  Je vous renvoie à l’ouvrage de Diane DUCRET, FEMMES DE DICTATEURS, Perrin, 2011.












Je vois mal les jeunes « branchés » actuels nous refaire, en France, le « coup » de Mai 68.
Tout ce qu’ils paraissent en avoir retenu, c’est le mol « Jouir sans entraves » et le stupide « Il est interdit d’interdire ».





L’abondance matérielle et l’hédonisme abrutissent les gens qui en profitent tout en suscitant l’envie de ceux (nettement plus nombreux à la surface de a planète) qui n’en bénéficient point.
De plus, ils ne répondent pas à la grande question du SENS, de la finalité qui taraude l’intelligence humaine.





L’être humain est imprévisible. Et ce n’est pas sécurisant. Le meilleur moyen d’y parer est sans doute de s’attendre à tout. D’apprendre à se laisser seulement frôler, effleurer en surface. Ainsi que disait le bon vieil ARAGON, « rien n’est acquis à l’homme ». Ce jouet du Temps. Ce tissu complexe. Et instable, de par sa nature.
Seuls opèrent donc le recul, et le refus de l’attachement. Qui ne privilégie rien, ni personne.
Bhagavad-Gîtâ-Gita, une fois de plus !





Il n’y a pas que la passion amoureuse qui puisse devenir obsessionnelle, loin de là.
Un sujet d’intérêt, une passion pour une activité quelconque, surtout créative, peuvent le devenir tout autant, sinon même davantage. Étrangement comparables en cela aux jeux qui accaparent les enfants et leur procurent tant de plaisirs, ils sont susceptibles de vous occuper la totalité de l’esprit, littéralement, de vous « posséder », et pour peu que vous présentiez certains « dons » et certain goût prononcé pour certain type d’activité et d’intérêt, ils peuvent occuper « toute la place » et remplir une vie presque entière.
Si l’on veut prendre des exemples « de haut vol », donc bien connus, VAN GOGH était un « obsédé » de la peinture, EINSTEIN un « obsédé » de la physique et Indira GANDHI une « droguée » de la politique. Celles-ci – et la quête qu’elles impliquaient pour eux – ne les « lâchaient » pour ainsi dire pas un seul instant. En les regardant sous un certain angle, on eut pu presque les comparer à quelque cancer occupé à les dévorer sans répit.
Ce genre de « possession », d’accaparement impérieux, peut vous empêcher de vivre une vie dite « normale », « courante ». il vous coupe des autres, vous enferme dans une sorte de « bulle », ou entre deux « œillères » - quand bien même suscite-t-elle souvent leur envie (car il vous donne un But existentiel, avec un B majuscule).





Le problème, avec l’Homme, c’est qu’il a besoin d’impressionner.
Les parents ont besoin d’impressionner leur progéniture en bas âge, notamment afin qu’elle les imite (cela s’appelle l’ « éducation »).
Les hommes ont besoin d’impressionner les femmes afin de les séduire, par les moyens qui leur sont propres – et le contraire est vrai aussi.
Or, tout désir d’impressionner réclame, appelle l’idéalisation.
Les êtres idéalisent leurs modèles ou objets de désir au-delà du raisonnable, mais toute idéalisation excessive finit, ainsi qu’on dit vulgairement, par « se casser la gueule ».
L’enfant admiratif grandit et, en grandissant, perçoit les failles de celui ou de celle à qui il avait attribué la « force » absolue des « superpouvoirs », la vertu incommensurable. De même, l’amoureux – homme ou femme – tombe de très, parfois de trop haut quand la « baudruche » qu’il ou elle en était venu(e) à se construire se « dégonfle ». L’enfant, l’adolescent et l’amoureux des deux sexes se sentent trahis. Leur admiration vibrante, confiante se métamorphosent en jugement, en méfiance. Quand ce n’est pas, certaines fois, en rejet teinté de mépris farouche.














P. Laranco.


















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