jeudi 30 mai 2019

Petites considérations en vrac.



L’Homme n’est que par ses leurres, en sorte que l’atrophie de ses leurres l’atrophie.






Pourquoi les gens aiment-ils le pouvoir ? Parce qu’il leur donne de l’importance. La moindre parcelle de pouvoir exercée sur autrui, ils s’y rivent comme une moule à son rocher. Ils s’y accrochent comme si leur existence même en dépendait. Ils méprisent, dévaluent, abusent (encore et encore)…rien que dans le but de se prouver qu’ils exercent ledit pouvoir sans aucun doute.






« Politiquement correct » pour garder bonne conscience, et pour donner l’impression d’une grande élévation d’esprit, qui justifie le magistère.
« Penser positif » pour barrer (habilement) la route à toute expression de mal-être, d’injustice, de détresse matérielle et/ou culturelle.
« Vivre ensemble » : nouveau mantra, mot creux visant, in fine, à justifier la mondialisation actuelle (sans jamais préciser qu’il s’agit d’une mondialisation capitaliste et libérale qui cache son avidité sauvage, sans merci de profit sous l’oripeau de la « tolérance » et de « l’ouverture à l’autre »).
Ces trois impératifs catégoriques tiennent le haut du pavé et anesthésient plus ou moins les cerveaux partout où les gens, les peuples pourraient penser, réfléchir à leur situation partout de plus en plus précaire et dénuée de prestige.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous vivons dans des « démocraties » manipulées.






Tout est susceptible de devenir la meilleure ou la pire des choses. Si ce n’est d’être à la fois le meilleur et le pire.






Ce n’est pas le fait d’être désormais « cool », « fun », « glamour » et « progressiste » (sur certains points bien ciblés) qui fera que la bourgeoisie ne sera plus la bourgeoisie, à savoir une élite, une classe dominante, égoïste et orgueilleuse qui panique dès lors que l’on remet en cause ses intérêts.
Autrefois, les classes dirigeantes s’appuyaient sur des légitimités métaphysiques tels que la volonté de Dieu et l’ordre des choses voulu par des puissances surnaturelles (les rois de France, par exemple, étaient les « oints du Seigneur », les pharaons d’Egypte antique des médiums entre les dieux et le peuple du Nil, le système social trifonctionnel hérité des Indo-européens paraissait tout à fait cohérent et la femme n’était pas reconnue comme pleinement humaine). Mais la science, l’émergence progressive de la rationalité ont balayé ces convictions millénaires en Europe de l’ouest, au XVIIIe siècle. A présent, l’argent, le « poids en dollars » est devenu la seule légitimité. A ceci près qu’elle est fragile. Beaucoup plus fragile.






L’envie (communément appelée, en français, « jalousie ») humaine est un (dangereux) réflexe de mimétisme.
L’Homo sapiens semble avoir été, entre autre, « programmé » par la nature pour imiter. Le très grand nombre de neurones-miroir que recèle son cerveau en porte sans doute témoignage. Cela a de « bons côtés », car cela booste l’apprentissage et l’empathie. Cependant, le versant moins rose en est aussi le fait de vouloir ramener l’autre à soi et, donc, le non-respect de l’altérité, l’hostilité à son égard.
Par certains côtés, le fantasme d’égalité universelle procède également de cela.
Moralité : toujours se méfier de l’ambigüité, de l’ambivalence des ressentis – et même des idées – de notre espèce !






Si ambivalent, si contradictoire, si changeant, si complexe, si imaginatif et, volontairement comme involontairement, si peu au fait de lui-même, l’être humain est-il fiable ?






Le monde est tellement vaste. Je veux, autant que cela m’est et me sera possible, « épouser » un maximum de sa vastitude.
C’est la raison pour laquelle je désire apprendre, le plus que je pourrai. La vie est trop courte pour que j’aie le temps de m’attacher à des étriquements, de m’y attarder.






Nous avons tous les défauts de nos qualités…et les qualités de nos défauts.






Faut-il que l’être humain soit fragile pour qu’il ressente un tel besoin d’estime de soi, de réassurance, de reconnaissance (jusqu’à la mauvaise foi, qui le rend incapable de reconnaître, d’assumer loyalement ses erreurs et autres « torts ») !






Il ne faut plus rien critiquer.
La critique, c’est « négatif ». Et puis ça engendre toujours, potentiellement, des conflits.
Voltaire, il me semble, se régalerait de l’époque dans laquelle nous vivons.
Les « Bobos » libéraux-démocrates et christiano-bouddhistes tentent d’imposer leurs valeurs au monde. Ils encensent le consensus, en faisant mine d’ignorer ses injustices. Ils appellent le « vivre ensemble ».
Toutes ces glorifications de la « non-violence » et de la « pensée positive »…nouvelle intox ? L’hyper-libéralisme (économique) aurait-il, enfin, trouvé, par ce biais, le moyen de se créer un idéalisme de couverture ?
Il reste que la question est de savoir si une planète Terre surpeuplée, de plus en plus endommagée au plan environnemental et dont les trois quarts de la population croupissent dans des situation de pauvreté (quand ce n’est pas de misère) et de sujétion face à une minorité de représentants du genre humain submergée, pour sa part, par une abondance matérielle sans précédent et détentrice d’une domination financière et technologique planétaire qui, de toute l’histoire de l’humanité, n’a jamais été à ce point écrasante est un terrain susceptible de se prêter durablement  au « peace and love ».
A vous de vous faire une idée.






Le pouvoir est la drogue de l’Homme.






Regarder, oui. Mais regarder à quelle échelle ?
Et selon quel angle d’approche ?






Au cerveau qui range, trie, sépare, étiquette, classe, catégorise, je préfère celui qui sait établir des associations, des ponts, si inattendus, si improbables que ceux-ci puissent apparaître. Celui qui est capable de penser l’univers (nous compris dedans) comme une globalité dont le plus infime élément est de nature poreuse.






Au cœur de chaque instant présent, le temps passé, encore, résonne. De même que nous y sentons, déjà, accourir le souffle du futur.
Le cerveau humain est une machine à apprivoiser le temps.






Apprendre, cela implique de se remettre en cause ; de recevoir le savoir, qu’on ne possède pas, d’une autre personne.
Voilà qui demande (on ne le souligne pas assez souvent) énormément d’humilité.
Le statut d’ « apprenant » place nombre d’adultes – et même, de jeunes, voire d’adolescents en quête exacerbée d’affirmation de soi – dans une posture qu’ils jugent, vivent comme plus ou moins vaguement « humiliante ».
C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles ceux/celles que l’on nomme « autodidactes » sont assez rares.
Le désir d’apprendre n’est pas encouragé dans certains milieux sociaux non plus, il s’en faut de beaucoup. Tout comme les groupes ethniques, les catégories sociales créent et entretiennent des cultures spécifiques qui, fréquemment, ont tendance à se refermer sur elles-mêmes pour entrer en opposition plus ou moins ouverte les unes avec les autres. Le « savoir » est alors vécu – et rejeté – en tant qu’apanage des élites qui dominent l’ensemble du corps social.






La vie moderne m’apparaît de plus en plus comme une cacophonie (volontiers soûlante, fatigante) où, à force de culte du « débat », soi-disant du « droit de chacun à la parole », on ne sait plus tenir de conversation longue, solide, attentive et, au bout du compte, enrichissante qui ait réellement valeur d’échange capable de faire « mouliner » les esprits. Chacun y est si acharné à se mettre en avant, à s’accrocher au bien-fondé de ses propres points de vue et à la véracité de ses connaissances ou des informations qu’il apporte/colporte que c’est à peine s’il tient compte –voire s’il entend – le discours de l’autre, de celui avec qui il est sensé échanger mots, idées. Dans une telle parodie de communication (qui, souvent, tend rapidement à tourner à la foire d’empoigne verbale), il ne s’agit pas de s’enrichir ; il s’agit, en fait, d’avoir le dernier mot, un peu comme sur le ring d’un match de boxe. La fonction d’ « écoutant » est, dirait-on, vécue comme une fonction « subalterne » qui vous « rabaisse » (est-ce parce qu’elle vous ramène aux âges où vous deviez vous contenter d’écouter bien sagement les autres – parent ou professeurs – si vous vouliez apprendre ?).
C’est une des raisons pour lesquelles les mondanités et, plus généralement encore, la vie sociale me laissent si souvent une sensation de perte de temps, de brassage d’air, voire l’arrière-goût d’une frustration au fond de la gorge.
Les gens ne veulent pas vraiment [se] parler. Ils veulent impressionner, séduire. Ils veulent attirer l’attention (au cœur d’un monde urbain de foules, où l’anonymat règne en maître).
Avec les livres, c’est tout autre chose. Ce sont les meilleurs « causeurs », les meilleurs « interlocuteurs » que, pour ma part, je puisse trouver. Et ce, depuis belle lurette.






Tout instant que nous vivons est à la fois présent, passé, futur. Dans la mesure où notre cerveau baigne dans ces trois « dimensions ».







Ce qui a amené les organismes unicellulaires (bactéries, algues ou champignons microscopiques, cellules) à s’unir, à former des colonies, nous pouvons le comprendre. Eu égard au principe « L’union fait la force », ce devait être avantageux pour leur survie.
Mais comprendre le pourquoi de l’apparition, par la suite, d’organismes vivants  végétaux et  animaux (même hyper-primitifs) fonctionnant comme des « Touts » dotés de nombreux organes ayant, chacun, fonction précise tout en demeurant liés, à l'intérieur du "Tout", par une étroite interdépendance, un co-fonctionnement rigoureux – en un mot, l’apparition de corps compliqués appartenant à des espèces (corps de fougère, corps de ver, corps de chien, etc), voilà ce qui, je crois, nous pose encore problème.






On s’accoutume ; on a bien tort : les choses et les états sont foncièrement instables. Mais l’accoutumance donne à l’Homme l’illusion de l’éternité, et c’est pourquoi il s’y accroche.


























P. Laranco








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire