dimanche 17 mars 2024

Cinéma indien : une note de Sedley ASSONNE (Moris) sur le film "MURDER MUBARAK".

 



 




MURDER MUBARAK sur Netflix

Sara Ali Khan, enfin un rôle mature !



Après la mort de Sushant Singh Rajput, il y eut une pluie d’accusations de népotisme contre les fils et filles de stars de Bollywood. Sara Ali Khan, la fille de Saif Ali Khan et d’Amrita Singh, fut parmi les « nepokids » dont on disait qu’ils n’avaient aucun talent. Et n’étaient devenus acteurs ou actrices que grâce à leurs parents. Des rumeurs d’affaire entre Sushant Singh et Sara n’arrangèrent pas les choses. Et il est certain que l’acteur ait pu être tué parce qu’il était un womaniser. Et surtout venant du Bihar, la région la plus pauvre de l’Inde. La rumeur veut que Mahesh Bhatt, producteur et réalisateur, ait été parmi ceux qui ont, en coulisses, planifié le meurtre de Sushant. Mais malgré des plaintes auprès du CBI, l’affaire Sushant est close. Et on ne connaîtra vraisemblablement jamais qui a maquillé sa mort en suicide.
Ce préambule est nécessaire pour comprendre « Murder mubarak », disponible actuellement sur Netflix. Ce whodunit à l’indienne met en scène une pléiade d’acteurs, dont Dimple Kapadia, Karishma Kapoor, qui fait un retour remarqué devant la caméra de Homi Adajania, Sanjay Kapoor, le frère de Boney et Anil Kapoor, ces trois acteurs représentant la première fournée d’acteurs qui ont bénéficié du coup de main de leurs parents pour faire leurs entrées à Bollywood. Et quand on entend l’air de «Awara» dans le film, on doit se rappeler que Dimple fit ses premiers pas devant la caméra de Raj Kapoor, grand-père de…Karishma !
Et si on voulait réussir à Bollywood, on devait soit avoir pour nom Khan ou Kapoor. Alors oui, il est question de meurtre dans ce film, mais il faut surtout le voir comme cette opposition, cette guerre de classe entre les castes en Inde, qui se reflète aussi sur grand écran à Bollywood.
Sara Ali Khan est de la deuxième génération, après Karishma et Kareena, à bénéficier du coup de pouce de ses parents, Saif et Amrita, mais aussi de sa grand-mère Sharmila Tagore, pour percer à Bollywood. Et si elle était bien dans «Kedarnath», aux côtés de Sushant Singh Rajput, en fille hindoue qui tombe amoureuse d’un musulman, dans « Murder Mubarak »,elle est Bambi, une membre du Royal Delhi Club. A la fin du film, elle dira au policier qui enquête sur les meurtres survenus au club que ce lieu est comme sa maison et sa prison. Et qu’elle ne concevait pas sa vie sans ce havre. Un peu comme si elle devait fatalement atterrir dans le club Bollywood, du fait de sa lignée…royale !
Le Royal Delhi Club est une paraphrase de Bollywood. Et seuls ceux qui ont du sang «royal», comme les Britanniques avant, peuvent être membres de ce club. D’ailleurs, un des membres les plus en vue est un descendant de Maharajah, et il a toujours un billet à portée de main pour les employés. Qui ont la peau plus sombre, et opèrent dans les recoins les plus reculés du club. Bambi est à l’aise dans ce club, venue là pour oublier son mariage raté. Elle y côtoie Leo Mathew, coach de zumba et aussi womaniser qui profite des MILFs du club. Dont Cookie, qui boit du jus de betterave mélangé avec du tequila. Et puis, il y a Shenaz Noorani, une actrice qui fait carrière dans le cinéma.
Vous voyez comment ce whodunit retombe sur ses pieds, et prend le crime comme prétexte pour dénoncer la course à l’argent, l’envie et la gloire. Au milieu de tout ce monde factice, Bambi, qui est aussi kleptomane, va retrouver l’homme qu’elle avait aimé, un avocat. Et si le propre des films policiers est de n’en pas révéler l’intrigue, pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui verraient le film après, c’est que Sara Ali Khan trouve enfin là un rôle à sa démesure. Elle est dans tous les plans, rivalisant de beauté avec Dimple et Karishma, apparaissant, même si fugacement, dans le plus simple appareil au sortir d’une douche. Elle a la même beauté que Scarlett Johansson, et c’est tout dire. Et comme La Veuve Noire, Bambi est maintenant prête à prouver au monde qu’elle existe uniquement par son talent. Et elle traverse effectivement le film comme un parfum Chanel qui se propage dans son sillage. Et à la fin, on regrette même ce ciel qui lui tombe dessus.
L’enquête est menée par deux policiers, un constable, lui en uniforme, et l’ACP Bhavani Singh, son supérieur, en civil. "Je ne porte pas l’uniforme.", dit-il. « Car, en côtoyant ces riches, cela me donne l’impression de faire partie de leur univers », dit le supérieur. Il a l’œil fureteur, le policier, et il ne sait pas faire marche-arrière au volant. Mais il a un vrai sens de l’humour. Ecoutez bien quand il écoute Cookie et son amie disserter sur Shenaz. Il est question de lune, d’astronaute, mais aussi de télescope. Allez voir « Murder mubarak », et vous comprendrez ce que je veux dire. Pankaj Tripathi, en ACP curieux et fureteur, est aussi la bonne surprise de ce film.
Le cinéma indien des années 2000 retrouve le sens de l’audace du cinéma parallèle des années 70/80, quand Smita Patil et Shabana Azmi régnaient sur l’écran. C’étaient deux actrices qui devaient tout à leur talent. Plus de 20 ans plus tard, Sara Ali Khan fait enfin son coming of age. Elle irradie « Murder Mubarak » de sa beauté vénéneuse, et surtout de son talent. Un vrai bonheur que cette Bambi ! A voir absolument !











Sedley ASSONNE.






























Crédit : Sedley Assonne.



















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