L’absolu ? Qui a mis cette drôle d’idée dans l’esprit
de l’Homme ? Il n’est, dans notre monde, pas de Vérité ni de Bien (ou de
Mal) autres que relatifs et adaptés aux caractéristiques de l’espèce, aux
besoins du moment, de tel ou tel groupe, de tel ou tel individu.
Ce qui existe – quoique ce soit – n’est ni vrai, ni
faux, ni bon ni mauvais en soi. Il EST. C’est tout.
La lumière possède le pouvoir de
nous montrer les choses. Mais elle a également celui de les faire changer de
visage, d’âme. Un nuage passe, s’attarde un tant soit peu, et les mêmes choses
ne sont plus du tout perçues de la même façon. Lorsque les objets rutilent de lumière,
de clarté, il est vrai que notre humeur change. Mais ce n’est pas tout :
eux aussi subissent une modification. Soit ils sont mats et ternes, soit ils s’habillent
d’un vêtement d’éclat qui leur confère un surplus d’être.
Gérer une identité compliquée, constituée de
plusieurs références culturelles et ethniques est quelque chose de tout, sauf
simple. Cela revient, souvent, à avoir l’impression de
rassembler des morceaux épars comme un berger le ferait d’un troupeau de
moutons. A tel moment, telle ou telle part d’identité, tel composant prime sur
les autres ; c’est lui qui parle par votre voix. A tel autre moment,
ladite part d’identité recule, voire s’efface en grande partie au profit de
celle qui, l’instant d’avant, se taisait, ne se faisait plus que latente et
qui, désormais, s’exprime parce que c’est son tour. Alors ? La solution ?
Laisser une seule part d’identité écraser toutes les autres ? Obéir à ce
que les autres êtres ont décidé que vous étiez (sans vous connaître) ?
Choisir l’identité qui vous semble la plus dominante, la plus influente ?
Certains prennent ce parti, pour s’ « intégrer » et pour se
simplifier la vie. Mais n’est-ce pas
au prix d’une automutilation qui va leur « revenir » à la façon d’un
boomerang ?
La frontière entre ceux qui « savent »
et les non-renseignés, les « ignorants » - parfois si dédaigneusement
regardés – est, en fait, bien mince, infiniment plus qu’on ne le croit. Les
problèmes actuels de l’humanité sur Terre dépassent rigoureusement TOUT LE
MONDE. D’un certain point de vue, nous naviguons tous à vue, dans la même
purée de brouillard dense, où le « savoir » n’est qu’un faible
lumignon, une pauvre luciole, et point barre. Voilà qui devrait rendre les « instruits »,
les « intellectuels » nettement plus humbles et, au moins, conscients
que, devant la complexité inextricable et buissonnante, ils achoppent au moins
tout autant que le premier Monsieur-Tout-Un-Chacun, ou la première Madame Dumas
venus.
En fin de compte, le système aime bien les femmes,
les jeunes et les gens du peuple qui (autant que ça leur est possible) se
contentent de « croquer la vie à belles dents » et de se caresser le
nombril dans l’inconscience matérialiste. Par mille moyens, il formate le
grégarisme et l’avidité de « bonheur », de jouissance de gens qu’il veut
à tout prix centrés sur leur petite personne comme sur des préoccupations
futiles et ludiques, le but étant de rétrécir leur horizon et de casser leurs
solidarités ; de les empêcher de réfléchir. Car il a tout à y gagner ;
c’est là un constat d’évidence.
D’après les spécialistes
(psychologues et neuroscientifiques), le cerveau humain serait une sorte de « machine »
à résoudre les problèmes.
Est-ce à dire, compte tenu de
cela, que, sans problème(s), notre auguste organe se sentirait, en quelque
sorte, un peu « inutile » et donc, serait enclin à se créer,
artificiellement, d’autres casse-tête ?
Même après le passage des mots (parlés ou écrits),
les choses demeurent intactes. Aucun mot n’a, vraiment, entamé leur part
inexpugnable d’inexprimable. Les mots ont juste essayé de leur faire enfiler
leur carcan propre (celui de leur code). Effort aussi vain que celui du pauvre
Sisyphe hissant son rocher. Car rien ne décrit, ne s’approprie à proprement
parler le réel, dont le mystère renaît toujours de ses cendres.
Il y a forcément un écart entre
celui/celle qui écrit, qui choisit les mots et agence les phrases couchées sur
le papier et celui/celle qui lit, qui prend connaissance desdits phrases et mots.
Celui/celle qui lit passe le texte au tamis de sa propre personnalité, ce qui
le transforme.
Nous ne nous en rendons même pas compte, mais, depuis
les années 1980, le monde subit, par médias interposés, un véritable « lavage
de cerveaux » venant des élites, toutes converties au libéralisme :
les deux « crédos », les deux piliers de cette habilissime manœuvre
sont, désormais, le « vivre ensemble » et la « pensée positive »,
étranges « arbres » ayant pour fonction de dissimuler au mieux la « forêt »
que constitue le dramatique creusement des inégalités socio-économiques tant
pays par pays qu’à l’échelle, beaucoup plus large, du rapport Nord/Sud.
Le « pacifisme » est à présent devenu (si
je puis me permettre ce terme) l’ « arme » des privilégiés qui
ne veulent à aucun prix que l'on touche au « système » qu’ils ont tout intérêt à
préserver ; d’où leur culte du consensus lié à l’entretien de l’hédonisme
et de l’hyper-individualisme. Ils ont « récupéré », détourné à leur
avantage des mouvements qui, à leurs origines, se voulaient vecteurs de
changement, de contestation du mode et de l’idéal de vie bourgeois comme de la
mentalité belliciste : idéal hippie, non-violence gandhienne, bouddhisme,
New Age friand de contact avec d’autres cultures, contestation
soixante-huitarde anarchisante ou féministe, antiracisme, écologie. Cela a donné les « éclairés »,
les bobos, les nouveaux gagnants, êtres hybrides, déguisés (parfois en toute
bonne foi, au reste) mais complètement coupés du peuple, middle-class appauvrie
comprise.
Qu’il est difficile d’essayer de
s’adresser raisonnablement à quelqu’un qui fonctionne sous le coup de l’émotion, « à
chaud » !
C’est le fait de se sentir séparé du reste du monde
qui pousse au questionnement et à la recherche d’explications.
Or, ce sentiment de « séparation » susnommé,
de hiatus (si ce n’est même, d’étrangeté), cette impression d’être placé dans
une position d’observateur désireux de comprendre les ressorts les plus
profonds des évènements et des choses ne peut, sans doute, résulter que de la
conscience de soi, acquise, chez l’enfant humain, au fameux « stade du
miroir ».
Lorsqu’on se contente d’être sans savoir qu’on est,
la question ne se pose guère. On n’a pas besoin d’interroger le monde que l’on
perçoit pour le connaitre ; on le connait « spontanément »,
directement, de façon intuitive – ou « instinctive ».
Pendant des milliards d’années, la Vie n’a eu nul
besoin de se « fabriquer » une conscience telle que la nôtre (à nous,
humains). Mais il faut croire que cette conscience a été la réponse, la
réaction à quelque chose. Peut-être, à une forme de manque, à quelque
inadaptation biscornue.
Comprendre pourquoi nous cherchons à comprendre, à
donner sens, reste un sacré mystère.
Pourra-t-on jamais, un jour, aller aux origines de
notre curiosité ? Ne semble-t-elle pas, à la fois, tenir d’un jeu et d’un
besoin aigu de réassurance ?
P. Laranco.
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