jeudi 7 novembre 2019

Abd WAH (Algérie).




Il déclamait les yeux en larmes
Suffocant
Dégoulinant de partout 
Presque dégoûtant s'il n' y avait pas eu cette angélique détresse enfantine.
Il déclamait à tue-tête comme un forcené ou un forçat des temps présents
Un sans nom qui pose les mots sur les sons
Criblé de belles images 
Il déclamait avec Rapp
Récitant les paysages grisés de mousse sanguine les femmes famine le nez dans la terrine des vents asphyxié 
Il déclamait enfant mimant l'aède itinérant poussé par l'âne sans dents légué par son maître il y a longtemps
Il déclamait taciturne et tonitruant l'Ahmed récalcitrant infatigable joueur de dés amusé par les doubles blancs adulés par ses doigts faiseurs d'ombres Arabo-berbères et peut-être même chinoises.
Il déclamait le temps
L'argent les rondes de minuit les plaies découvertes les accents graves que prenaient les ah et les euh.
Il déclamait en amoureux.
Savoureux regard et quand bien même douloureux il salivait à la perspective de le fermer sur une couche fraîche les lèvres fâchées.
Il déclamait l'itinéraire et la pose
La rose et le couteau l'épis et la jonquille le rire et l'oubli.
Il déclamait les titres et parfois les sourates de Josèphe, de Younes, Lokmene, de la Rédemption il déclamait l'envie de s'envoler de plonger dans l’Épître du pardon dans le no mans land des sans abris.


 Je pose un acteur au devant de la scène un autre dans la salle un troisième à l'intersection des regards quelque part entre balcons et loges interdites enfin un quatrième au pied du lit suspendu là où il fait bon rêver.
Je tente un mot ou un jeu de mots un souvenir de chacun et j'ouvre la porte sans porte.



















Abd WAH.











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