vendredi 15 novembre 2019

Et si on essayait (un peu) de réfléchir ?...



Le drame de l'être humain, c'est qu'il voit - ou entrevoit - toujours ce qu'il PEUT ÊTRE...mais ne parvient jamais à devenir. C'est cela, je crois, qui le différencie fondamentalement de l’animal.



Sais-tu, ou te contentes-tu de croire que tu sais ?



L’idéologie occidentalo-capitalisto-moderne est hostile à la maîtrise de soi comme elle l’est à la solidarité, à l’attention à l’autre. Son culte effréné de la liberté, de la « libération », son obsession de l’argent comme véhicule d’appropriation des choses et de pouvoir ne peuvent-ils pas, en toute logique, qu’aboutir à un relâchement trop extrême des liens qui « font société », unissent les êtres humains depuis que l’humanité est devenue humanité ?
Quand tout EFFORT visant au contrôle de son propre comportement recule, voire s’efface au profit de la recherche – légitimée – de la jouissance immédiate et de l’horreur de la « perte du temps », à quoi risque-t-on d’aboutir ?
Le besoin de « faire société » n’est-il pas un besoin humain parmi les plus basiques, exactement au même titre que celui de manger à sa faim, de boire à sa soif, de s’abriter, de se laver, de se chauffer ou de se rafraîchir, de se reproduire, de converser, de se distraire, d’être libre de ses mouvements, d’être à l’abri des agressions et des dangers ?





Organisation et désorganisation sont les deux faces d’un même Janus.
On a l’impression que ces deux « forces » sont intimement liées. Comme si l’une semblait appeler l’autre, et vice-versa.





Le déguisement fait l’Homme.





Nous faisons toujours attention à ce que disent les autres ; à ce qu’ils pensent, font. C’est dans notre nature profonde. C’est gravé dans notre cerveau. Comme sillons profonds dans la terre.





Il n’est pas faux de dire que le monde n’existe que parce notre perception existe. Qu’il disparaîtra dès le moment où nous ne le percevrons plus, où nous aurons, NOUS, perdu notre propre existence. D’une certaine façon, le monde a donc BESOIN de nous et de notre conscience pour être perçu.
Ne pas être, c’est n’avoir pas encore acquis la possibilité de le percevoir, ou encore l’avoir perdue.
De cela, il résulte que le monde ne peut guère exister que pour nous. S’il existe en dehors de notre perception, « en soi » ou « pour soi », ce n’est pas là notre problème.
Il est bien évident qu’en dehors de nos sens et de nos outils intellectuels de perception, il n’y a aucun moyen de l’atteindre.
A chaque mort d’un organisme sensitif, a fortiori d’un organisme sensitif et conscient,  le monde meurt pour lui, avec lui, par simple effacement de sa perception et de la synthèse interprétative de ses perceptions sensorielles qu’est sa conscience. Il est perdu, et il nous perd.
Vu sous cet angle (et, donc, dans une certaine mesure), le monde n’est que l’ensemble que constituent nos perceptions et la conscience que nous en avons. Nous ne le « connaissons » que parce que nous interagissons avec lui et que nous faisons la différence entre lui et nous. La conscience est séparatrice.





C’est vrai que comprendre l’âme humaine (autant que faire se peut) peut nous rendre quelque peu cynique.
Mais, après tout, le cynisme n’est-il pas l’un des proches cousins du pragmatisme ?
Certains sont capables d’adopter ce point de vue, de l’instrumentaliser à leur profit, et ne s’en privent pas.
D’autres –dont il se trouve que, pour ma part, je suis – adoptent une position nettement plus nuancée. Leur part de cynisme les rend plus désabusés, plus distanciés, plus détachés. Ce qui peut être fort utile au développement, à l’approfondissement de leur sagesse.





Les passions sont un tumulte. Une sorte de cyclone de l’esprit. Rien ne peut s’éclaircir, se décanter tant qu’on se trouve pris dans leur tourbillon, tel du linge lavé peut l’être dans une essoreuse.





Une vie, ça consiste à se donner des buts, c'est-à-dire à aspirer. Et ensuite, à se faire aspirer par ses aspirations.
Les aspirations nous frustrent, dans la même mesure qu’elles nous occupent l’esprit, l’empêchent de tourner en rond à l’intérieur d’une vacuité informe.





Comment attendre d’un (d’une) Narcisse qu’il (elle) aime – ou même, sans aller jusque-là -  qu’il (elle) accueille qui que ce soit d’autre que lui (elle)-même ?






La science ne résout rien. Elle pose des questions, c’est tout (et c’est déjà si important, si essentiel, si crucial !).





L’humanisme doit-il automatiquement dégénérer en complaisance pour les faiblesses humaines ?





La poésie flirte avec l’au-delà du mot.





A quoi bon essayer de communiquer, d’établir le contact avec des personnes nombrilistes qui s’imaginent (bêtement) être le monde à eux tout seuls ?
 Tout ce que ces êtres désirent, c’est qu’on leur SERVE de miroir ; de miroir d’eux-mêmes et/ou de leurs fantasmes, ou de réponse à leurs besoins.
Si, comme il semble, le monde se fait de plus en plus « riche » d’individus de cette sorte, il va, si ça continue, se muer en un désert relationnel. Vaudra-t-il – vaut-il déjà – la peine de vivre dans un pareil cadre ?





J’ai examiné bien des choses sous pas mal d’angles.
Ce faisant, j’ai essayé de m’aider, de m’appuyer sur pas mal de sources de savoir ainsi que d’observations, de réflexions.
Et pourtant, à l’automne de ma vie, j’ai le sentiment d’être à peine plus avancée que je ne l’étais au tout début de ma petite quête. Si j’ai « appris », cela ne concerne que des points somme toute circonscrits, étriqués (des points de détail) et des situations provisoires.
Pour le reste, « Je ne sais pas » et serais, encore, toujours, bien en peine de me prononcer, d’avoir quelque idée d’ensemble réellement claire, définitive et transparente.
La « vérité » et son contraire me semblent bien souvent s’entre-mordre la queue, ou la tête, selon le point de vue qu’on a choisi.
L’idée la plus fiable de l’Univers que je sois en mesure d’avoir (à tout le moins ainsi le vis-je), c’est celle d’une sorte de pelote, d’écheveau de complexités, de métamorphoses et de paradoxes.





On peut considérer que les mots sont un détournement de réel.






Les hommes désirent peut-être les femmes et ressentent peut-être d’elles un authentique besoin ; sans doute même leur inspirent-elles une fascination extrêmement forte.
Mais les hommes ne respectent que les hommes.






La logique ? Si l’on la suit dans ses derniers retranchements, on quitte l'humanité commune et l'on se "perd", car on n'arrive plus à la suivre. Peut-être est-ce pour cela que tant de philosophes (Nietzsche, Wittgenstein...) ou tant de savants (Gödel...) finissent par devenir fous, ou excentriques. Peut-être est-ce pour cela que les exigences, les intransigeances logiques des personnes qui ont le fameux syndrome d'Asperger nous semblent si étranges.
Il faut faire très attention, car la logique suit ses propres chemins, qui n’appartiennent qu'à elle et que, seule, une part (très récente et, peut-être, très superficielle) de notre cerveau est plus ou moins armée pour emprunter de manière convenable.





La mémoire d'enfance est sans doute la plus vive, la plus vivace de toutes. Elle grave les souvenirs comme s'ils étaient des sillons, des ravines encaissées. Profondément dans le sol plein de circonvolutions du cerveau neuf, doté d'une perception sans cesse aux aguets, aussi vierge que poreuse. Ensuite ? Je ne sais pas ce qui se passe, mais nous perdons cette mémoire-là. A moins d'événements marquants et/ou traumatisants, les souvenirs se marquent moins dans notre chair. Comme si une espèce de blindage, de voile (sensoriel autant que mental) venait faire écran.
Lorsque je pense à ma mémoire d'enfant, je m'étonne toujours de son relief. Elle a pénétré toutes mes facultés de sentir et de m'émouvoir. Elle est aussi "immortelle" que les bas-reliefs et autres hiéroglyphes gravés de l'Egypte.





Tous et toujours, nous sommes et serons des puzzles plus ou moins en demande des pièces qui doivent nous compléter.






L’Homme se croit promis à un destin de dépassement de la condition animale. Mais, là encore, c’est SA perception des choses, SON interprétation.  Un cerveau, même très complexe, même capable de « prodiges » d’ingéniosité et de compréhension tel que le sien n’en reste pas moins un enchevêtrement de matière vivante, simplement porté à un degré plus poussé, plus élaboré  de plasticité, de capacités. Et ses qualités, si souples, si virtuellement « illimitées » qu’elles semblent lui paraître, ne sont jamais que les qualités propres à l’espèce animale qui est la sienne.
















P. Laranco.


















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