LA CHAMBRE DE LESSIA.
Elle désire me montrer son cadre de vie, sa geôle étudiante. Il se loge dans une lointaine banlieue de Kiev. J’accepte. Elle s’en étonne, s’en enthousiasme. Nous prenons un bus jaune et déambulons pendant près d’une heure entre immeubles droits debout.
Nous y arrivons. Son nid est au rez-de-chaussée. Elle ouvre, triomphante avec ses clefs, la porte chancelante.
Dans la chambrette minuscule claudiquent un lit en fer, un bureau vermoulu. Au-dessus de l’unique meuble de travail trônent les cartes postales de Paris. Je les lui avais offertes l’année précédente.
Elle me montre ses compagnons de chevet, des cafards, qu’elle écrase de sa savate quand ils deviennent trop nombreux.
« Oh ce n’est rien », me dit-elle, ravissante, m’invitant à la suivre pour visiter les douches et lavabos. Les cancrelats y règnent en maîtres.
Nous regagnons son bercail. Je note le moisi sur les plinthes du mur. Je constate l’humidité de la paroi.
Mais c’est son chez elle, elle en est fière. Elle y étudie en toute tranquillité. Les quatre murs la protègent du froid et des intempéries.
Aujourd’hui, vingt mars deux mille vingt deux, plus rien ne préserve Lessia.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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