Tu vois, même la nuit ne dure pas. Elle finit toujours par être déchirée par l’amour et le vent. Ou par le ciel bleu et la lumière.
Alors, sors, tu n’as plus à te cacher dans le silence et le noir. Je t’attends pour préfacer le jour à l’écart de nos ruines.
Viens, puisque l’aube s’acharne à pourfendre l’écorce du temps; il s’agit aussi d’oublier nos fantômes et les ombres au seuil de la mémoire, celle altérée, celle arrimée aux dérives du sens, celle qui déborde de l’enfance, celle qui surgit de ses trappes, celle qui précède la parole blessée, celle de l’avant…
Viens, je mènerai les mots pendant que tu mèneras l’image; à deux voix on dira mieux la vie féconde et les secrets du soleil, on dira mieux l’arbre qui renaît écartant de ses branches l’hiver inexorable, on dira mieux le chemin qui guérit, le souffle qui apaise, le retour de l’exil.
Tu vois, en ce monde où se brise la vie, sans répit la petite fille en toi enlace le mystère, sans répit le petit garçon en moi, sous les replis des songes, invente le poème. Des mots en écho de ton regard.
L’amour recouvre la déchirure de la nuit et s’estompent nos voûtes obscures. Dans l’image, les vers creusent les sillons du devenir. Se retisse ainsi l’énigme de nos cœurs endeuillés.
J’entends la rumeur des saisons et la cadence de la vie.
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