PROVOCATION.
J’écris. Je n’ai rien d’autre à faire. Je culmine aux cimes des montagnes abstraites, dont seul un cerveau dérangé, comme le mien, peut apercevoir les contours, deviner la féerie sans jamais se lasser de l’abrupt de leurs pentes .
Je ne suis pas sorti depuis deux jours. Le mauvais temps n’en est pas la cause, l’humeur seule. Je triture benêt un torticolis de phrases sans chercher à régler son malaise. Je ne me lasse pas de cette activité, un peu niaise. Donc, depuis quarante huit heures, je n’ai pas vu la trogne d’un humain.
Je dérègle un peu la pendule. Le sourire commercial de ma boulangère troubla la quiétude dans laquelle je m’étais résolument jeté. Je n’éprouve aucun manque. Je note cette presque totale absence de sociabilité, c’est tout.
La solitude ne m’a jamais pesé. Je l’ai toujours cherchée. Sans elle, aucune aventure poétique n’est possible. Je ne prêche pas. J’énonce mon incapacité à vivre comme l’autre, à n’attendre de cette courte existence qu’un bien-être matériel, sous un vernis affectif.
Vu, semaine juste, un couple dont le sentiment semble encore ciment. Les tourtereaux pérorent leur bonheur avec une touchante tendresse. Il y a du faux dedans, je sais. Individuellement, chacun me fit ressentir qu’il se verrait bien prendre la poudre d’escampette de ce cocon ouaté. Les enfants, la force des habitudes les retiennent d’affronter ce vide vital, ascenseur spirituel, auquel ils ne se sont jamais préparés, et qu’ils nomment béatement « la liberté ».
Le couple, tel qu’il se conçoit n’était point fait pour ma recherche. Il représente toujours, au libertaire indécrottable, l’étang de l’ennui, ennemi de la transe, le fortin sécuritaire où la vibration meurt irrémédiablement. Simple envie de provoquer les certitudes, jour de Saint-Valentin.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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