jeudi 27 février 2020

Patricia LARANCO apostrophe le TEMPS.











Oh, le Temps, tu me fous la paix ?
T’es pas fatigué de tourner
en stupide machinerie ?
Je t’observe : plaqué au mur
unique œil-lune
qui m’attend
- ou peut-être, s’en contrefout –
cercle tout rond (rond, c’est-y con ?).
Face recouverte de noir
où des lames raides aiguës
transpercent et mâchent
on ne sait quoi
avec des mouvements abrupts
en émettant des cliquetis.



Oh, Temps, me surveillerais-tu,
moi qui refuse de bouger,
qui entame avec toi
un duel
où mon arme est mon inertie ?



Oh, le Temps, tu m’oublies un peu ?
Je n’ai rien d’intéressant,
je me suis immobilisée
pour berner tes becs prédateurs,
tes dagues prêtes à me gober
comme l’on gobe un moucheron,
tes dards
qui m’embrocheraient bien
et ta trotteuse qui accourt
en hystérique rotation.



Je sais je sais
c’est sans espoir,
tu travailles aussi
dans mes chairs.



Si immobile que je sois,
tu es plus fort que Big Brother,
tu sinues t’insinues partout
à grands ou à tout petits feux :
tu es
l’axe de l’Univers.



Il n’est rien qui ne soit ouvert
à toi – et jusques au trognon.



Avec, sans circularités,
minutage précis ou non,
bruit haché
ou silence lourd
tu poursuis
ta sape bornée,
assurée qui crée
et détruit.
Nul ni rien ne peut
te fuir,
tu es en nous, nous sommes

toi.









































Photographie et texte : Patricia Laranco


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