Le mot est sans cesse à la poursuite de
son propre but, qui est dire.
Et tout ça pour la bonne raison que les
mots ne disent rien, ou très peu.
L’étonnement nous advient quand la réalité
nous confronte à un démenti, quand nous nous trouvons face à un décalage trop
important, à une sorte de « fossé » entre ce à quoi nous nous
attendions et ce à quoi nous ne nous attendions en aucun cas. Ce à quoi nous
nous attendions résulte de tout le pré-pensé que nous trimballons dans notre
boite crânienne (schéma mentaux reçus de l’éducation
et de la culture dans laquelle on baigne, habitudes mentales et
comportementales, souvenirs des expériences personnelles traversées tout au
long d’une
vie). Ce à quoi nous ne nous attendions pas nous déroute, nous déstabilise toujours
et donc, provoque, tout particulièrement chez les personnalités psychorigides
ou ressentant un grand besoin de stabilité et de points de repères solides, des
réactions de déni souvent dues à des sensations de « menace ». Ces
réactions de déni peuvent être suivies et le sont souvent de certaines
réactions d’agressivité
(s’il y a une chose que le psychorigide
déteste entre toutes, c’est
d’être « contredit » et pris en
flagrant-délit d’ignorance)
et de rejet franc et massif.
Le destin est une hésitation qui a
soudain cessé d’hésiter;
un possible cristallisé dans le grand, l’énorme
fourmillement des incertitudes. Une particule virtuelle brusquement projetée
parmi les atomes d’être.
Une entité résultant d’un
certain enchaînement de choix effectués par le hasard, et cette entité-là est
unique.
De
nos jours, dans les pays réputés « développés » de culture
occidentale, l’individu
en est arrivé à un tel degré de pathétique besoin qu’on S’INTERESSE
A LUI qu’il
parait devenu de plus en plus incapable de prêter attention à ce que réalise
qui que ce soit d’autre,
à l’exception
de ceux que les médias lui désignent comme des « personnalités », ou
encore des « célébrités », des VIP, des « gens qui
comptent », ces créatures médiatisées étant vécues par le « grand
public » comme des êtres quasi mythiques, semi divins, aussi éloignés de
sa propre condition que peuvent l’être
les étoiles (« stars ») ou encore les anciens dieux de l’Olympe.
Le sentiment de supériorité rend con.
Des
« pauvres types » et des « pauvres nanas », ne le
sommes-nous pas TOUS ?
La philosophie (du moins telle qu’elle est enseignée, transmise dans les
écoles et universités) n’est-elle
pas devenue une pensée qui tourne à vide ? Une pensée que, seul, le
diplôme universitaire justifie ?
Confrontée aux avancées des sciences
(physiques, biologiques, neurologiques, éthologiques, sociologiques,
historiques…),
que vaut-elle ?
Le
préjugé qui consiste à ramener toujours les deux sexes à leur seule différence
(en défaveur du sexe féminin) amène fréquemment les hommes ainsi que pas mal de
femmes dotée d’une
mentalité misogyne ou simplement peu confiantes en leurs propres capacités
et/ou jalouses à scruter systématiquement dans toute création (notamment d’ordre artistique ou intellectuel)
produite par une femme le moindre petit défaut, dont ils ont vite fait de se
servir aux fins de la discréditer, d’invalider
son éventuelle valeur (surtout quand celle qui en est responsable n’appartient pas, au surplus, à un milieu
ou à un lobby susceptible de la « protéger »).
Là
est l’une
des origines et l’une
des raisons de la persistance du fameux « plafond de verre ».
Parfois,
la personne qui est ainsi de parti-pris a pleine conscience de son idée reçue,
quand elle ne l’assume
pas d’une
manière plus ou moins ouverte.
Tant que l’on ne cessera pas de répéter qu’à l’intérieur
de la famille, pour l’enfant,
la mère se doit de représenter la tendresse, l’indulgence et le père, l’autorité, la fameuse « Loi »
assortie de toutes ses contraintes, il y aura fort peu de chances pour qu’à l’intérieur
de toute société, la femme soit réellement prise au sérieux en dehors des
domaines du privé, de l’affectif
(tant par les hommes que par les femmes).
Je
crois que ce que l’on
regrette, au fond, sans doute le plus de sa jeunesse, ce n’est pas tant la « beauté du
diable », ce ne sont pas tant les plaisirs de la séduction, ceux de l’illusion ou de la forme physique que le
rapport qu’on y
avait au temps, lequel se concrétisait par cette (curieuse) sensation que notre
existence allait s’étendre,
en quelque sorte, à l’infini,
qu’on avait tout le temps possible et
imaginable devant soi et que, par conséquent, l’on
pouvait se permettre, sans nul souci, de le gaspiller, de le perdre.
Vivre dans l’instant. Ce peut être vu comme l’apanage de gens un peu « bêtes »,
sans grandes complications intellectuelles.
Mais c’est, aussi, un moyen d’évacuer l’idée de la mort, la conscience trop
pesante de la fin, laquelle est (nul humain ne l’ignore, c’est même là le propre de la condition
humaine) l’inexorable
terme de tout avenir.
A
quoi bon voyager, changer de lieu ?
Où
que l’on
se trouve, on n’est,
on ne reste jamais qu’à l’intérieur de sa tête ; entre les
parois de son propre crâne.
La paresse d’esprit, la force de la routine… « J’ai l’habitude
de penser ça, je continue à penser ça. ». On n’imagine pas plus coriace, plus
susceptible de s’accrocher.
L’envie (dite « jalousie »), ce
sale petit pincement au cœur ? Un sentiment tellement commun, tellement
bas, tellement simiesque que nous éprouvons toujours le besoin de le masquer,
de le déguiser sous de divers et innombrables oripeaux de justification et de
pousser des cris d’orfraie
(et non d’or
frais, bien loin de là) si, d’aventure,
quelqu’un,
chez nous, la démasque et va jusqu’à
pointer ouvertement, verbalement le doigt dessus.
Ce qui est terrible, c’est que nous ne possédons pas
tous/toutes les mêmes dons, ni les mêmes centres d’intérêt, et que chacun(e) tend à
jalouser ou à mépriser ceux qui ne sont pas les siens et, surtout, ceux ou
celles qui les portent en eux.
« Ailleurs »
n’est jamais autre chose que l’approximatif clone d’ « ici », tout comme « avant »
et « après » ne sont jamais que ceux de « maintenant ».
La mort…Et après ? Et puis quoi ?...Ça
fait partie de la vie, non ? Tout est voué à la désorganisation et à la
réorganisation, laquelle atteint un équilibre nouveau, tout autre. C’est parce que choses, êtres, situations
reposent, à tous les niveaux, sur un équilibre extrêmement précaire qu’elles sont précaires, fragiles et
menacées dans leur durée. L’Être
est donc un funambulisme. Ce qui dramatise en nous la survenue de notre
disparition, c’est
notre réflexe à la fois animal et proprement humain de conservation, notre
bizarre manie de « persévérer dans notre être ».
L’attachement à la vie ne résulte-t-il pas
de l’habitude
de vivre ?
Les œillères, ça aide à vivre un nombre
innombrable de gens.
L’humanité me dégoûte parce qu’elle se gargarise de grands mots, qui
sont autant d’autosuggestions.
Je pense qu’elle
ne mérite pas l’ « intelligence »
que Dieu – ou la
nature – ou encore
le hasard si l’on
préfère – lui a conféré. Elle ne sait pas, à ce qu’il m’en semble, quoi en faire, comment s’en servir.
Derrière
tous les grands mots et toutes les « professions de foi » de tous
ordres, rien ne bouge : on trouvera toujours la loi du plus fort, la loi
de l’intérêt
et les tyrannies animales telles la peur, le besoin de reproduction, l’esprit territorial, la ruse…Même sous une forme éminemment « arrangée »,
sophistiquée, déguisée, ils demeurent bien là.
Aucune
civilisation n’a
été en mesure de les dépasser autrement que par un certain poids de contrainte.
Certes,
l’Homo sapiens est ingénieux et curieux à
un degré qui, semble-t-il, dépasse de façon étonnante celui des autres espèces
vivantes terrestres.
Mais,
si l’on
regarde bien, j’ai
bien l’impression
que c’est
tout.
Pour
une large part, il continue d’âtre
profondément sous la coupe de ces parties de son cerveau qu’on nomme « reptilienne » et « limbique ».
Sait-il
véritablement contrôler ses besoins, ses émotions et ses désirs ?
En
ce qui me concerne, j’en
doute très fort.
P. Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire