mardi 19 janvier 2021

France (risques nucléaires) : 147 INCIDENTS à la CENTRALE DU TRICASTIN ENTRE 2010 ET 2020.

 

 

 

ALERTE SURETÉ NUCLÉAIRE : 147 incidents à la centrale du Tricastin  entre 2010 et 2020 !

 

L'étude complète est à découvrir sur notre site web à la rubrique actions / actus : 

https://stop-tricastin.fr/_files/200000128-5b9315b933/Expertise-Sûreté-Tricastin-Bernard-Laponche-20210107%20copie.pdf

Résumé d’une étude réalisée à la demande de Greenpeace  par Bernard Laponche (ancien ingénieur au CEA, physicien nucléaire, expert en politique énergétique) qui a analysé les incidents survenus à la centrale du Tricastin ces dix dernières années, depuis la visite décennale des 30 ans, la VD3.

Tous ces incidents ont été déclarés à l’Autorité de sureté Nucléaire par EDF.

 

La nature des incidents de 2010 à 2020 :

Il a distingué, de façon en partie arbitraire, cinq catégories d’incidents :

- EX:    38 Erreurs ou non respect des règles d’exploitation ou combinaison de la défaillance d’un équipement et d’erreurs d’exploitation
   

- MA:    11 Défauts de maintenance   


- MAR:   Irradiations ou contaminations radioactives d’un travailleur en maintenance    

- EQ:    13 Défaillances d’un équipement, sans agression extérieure 

- SE:    18 Défaillances d’un équipement en cas de séisme. 

 

Les incidents d’exploitation (EX) sont les plus nombreux et chacun est relatif à un seul réacteur.
Viennent ensuite les incidents traduisant un risque en cas de séisme (SE), en général du fait du mauvais état de certains équipements. De plus, chaque incident touche plusieurs réacteurs, voire l’ensemble des 4 réacteurs.

Les catégories des incidents de maintenance (MA) et de défaillance de certains équipements (EQ), sans agression externe, se situent un peu au-dessus de la dizaine et peuvent toucher un ou plusieurs réacteurs. Sur quelques exemples il est démontré que c’est le plus souvent la combinaison du non-respect des règles d’exploitation, une maintenance défaillante et des équipements défectueux (soit d’origine soit par vieillissement et manque d’entretien) qui peut conduire à des accidents graves ou majeurs.

La catégorie des incidents d’irradiation ou de contamination (MAR) de travailleurs en maintenance comprend 4 incidents mais on sait que la question des risques de ce type pour les travailleurs des entreprises extérieures qui constituent la majorité des intervenants en maintenance est très importante.

Il apparait clairement que le réacteur le plus touché est le réacteur n°1 avec 44 incidents sur 147 ce qui vient conforter notre demande de son arrêt dans les meilleurs délais.

Cette analyse portant sur les incidents de sûreté qui ont affecté la période 2010-2020, entre les troisième et quatrième visites décennales des réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin, a montré la situation de risque permanent du fait de défauts dans les équipements, d’erreurs dans l’exploitation et de manques répétés dans la maintenance. Cette analyse a mis en évidence un risque majeur pour la centrale du Tricastin : le risque d’accident grave ou majeur en cas de rupture de la digue du canal de Donzère-Mondragon du fait d’un séisme, d’autant plus que des interrogations nouvelles apparaissent sur les magnitudes qu’il faudrait prendre dans l’avenir pour le séisme majoré de sécurité (SMS) dont l’augmentation entraînerait des renforcements de certaines structures, certainement difficiles et onéreuses.

En ce qui concerne le vieillissement des installations, si l’on peut effectivement remplacer en théorie beaucoup d’équipements, on sait bien qu’en pratique cela ne serait pas le cas pour tous vu l’état de beaucoup d’entre eux qui était même discutable bien avant la quatrième visite décennale, les générateurs de vapeur et les diesels de secours par exemple, avec tous les auxiliaires dont ils dépendent.

Deux grands équipements essentiels pour la sûreté ne sont pas remplaçables : la cuve et l’enceinte de confinement de chaque réacteur.
Il se trouve que, parmi toutes les cuves neuves des réacteurs de 900 MW mises en place à la construction, la cuve du réacteur n°1 du Tricastin est la plus affectée avec une trentaine de défauts sous revêtement (DSR). D’autre part, le vieillissement de la cuve du fait du bombardement neutronique (la fluence), augmente la température de transition ductile-fragile de l’acier de la cuve et impose des mesures compensatoires consistant à maintenir à au moins 20°C, voire nettement plus, la température des bassins et circuits du refroidissement de secours, compliquent l’exploitation du réacteur. La tenue de la cuve des réacteurs du Tricastin et notamment celle de Tricastin 1 au-delà de 40 ans, est un sujet de controverse scientifique. Quant à « se rapprocher le plus possible » de la sûreté de l’EPR, cette exigence ne sera pas satisfaite pour la protection du « bâtiment combustible » qui contient le bassin d’entreposage des combustibles irradiés sortis du réacteur, qui n’est pas et ne sera pas « bunkérisé » comme c’est le cas pour l’EPR et constitue de ce fait une cible facile pour toute agression extérieure, accidentelle ou criminelle.

Une innovation lourde est cependant exigée pour la mise en place d’un « stabilisateur de corium », cependant moins performant que le  « récupérateur de corium » de l’EPR et sujet à de nombreuses incertitudes dans son fonctionnement.

Globalement il ressort de cette étude que la conjonction du mauvais état des quatre réacteurs , de la complexité technique et organisationnelle des quatrième visites décennales et d'un risque sismique majeur( lié à l’extrême et double vulnérabilité de la centrale du Tricastin au séisme, soit par action directe, soit du fait de la rupture de la digue du canal de Donzère-Mondragon ) conduit à la conclusion que la centrale du Tricastin devrait être arrêtée après 40 ans de fonctionnement.

 

 

 GreenVoice.

 

 

 

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