Il y a ce baobab courage, les haies de bougainvillées, des chants à l’aube. Et les égouts fétides, la vase pourrissante, les dentures éclatantes de blancheur, les sourires dupliqués sur les visages, l’éclat dur de la haine, les discussions sans fin et sans but, essentielles.
Il y a ce que mes yeux ont vu.
Des prodiges de couleurs qui m’ancrent dans un passé au-delà de ma naissance – comme des racines improbables.
Des palmes et des langoustes. Et les sacs en plastique décorent les buissons. Des lauriers roses et une savane jaune.
Des rues défoncées.
Il y a des échoppes en planches, des véhicules improbables, des mendiants sur la pierraille des bas-côtés. Et encore ces lambeaux de plastique qui enguirlandent les épineux.
Il y a des broussailles et des herbes folles. Il y a les chèvres au milieu des rues. Il y a la lumière et le ciel bleu blanc du matin.
Il y a l’île rose et ses ruelles sableuses.
Il y a des poulets lépreux sous les porches jadis splendides.
Il y a la grande honte. Et toujours les bougainvillées éclatants de vie.
De jolies jeunes filles. Des enfants au sourire crâneur, les tresses perlées, les jeans troués.
Il y a la mer dans sa violence lumineuse. Les taches des pirogues.
Et des hommes qui déambulent. Un éclat de triomphe dans le regard.
Des oiseaux dans l’écume des vagues. Liquidité infinie.
Regarder l’eau dans un air lumineux.
Se savoir à sa place dans l’immense solitude de la grève.
Se voir dans le ressac.
S’abandonner à la fraîcheur grisâtre de l’écume.
Décrépitude et déchéance partout étalées comme une revendication arrogante et triomphale. Des hommes souillés de poussière sur les trottoirs de terre rouge.
Entre ruines et futur en devenir, une multitude de bâtiments inachevés.
La vie se fait, en ces contrées dévastées.
Cette impression que tout se délite.
ET SE SAVOIR PRISE D’AMOUR PAR LES LIEUX.
Edith BERTHUIT,
janvier 2015.
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