vendredi 28 mai 2021

Quelques essais de réflexion...

 

 

 

Toute personne qui se livre, par vocation, passion tripale, à une activité créative artistique doit-elle obligatoirement se doubler  d’un monstre de narcissisme obsédé de sa propre activité et de la reconnaissance que  doit (selon lui) lui valoir celle-ci ? Son activité la rapproche-t-elle des autres ou, au contraire, l’isole-t-elle ?

L’écrivaine mauricienne ANANDA DEVI, dans un de ses romans, a rapproché l’artiste de l’ « autiste » et ça n’était pas qu’un simple jeu de mots.

 

 

 

 

 

Bon nombre de gens heureux qui vivent dans des pays riches et puissants ne CONÇOIVENT même pas que d’autres gens puissent patauger – chroniquement ou non – dans la souffrance et la misère. Cela est hors de leurs possibilités, de leur sphère de représentation mentale.

 

 

 

 

 

 

Quoi qu’on en dise, il y a une stigmatisation - voire un dégoût, une répugnance, une haine – des pauvres et des malchanceux. Rien, en ce domaine, n’est plus parlant, plus révélateur que l’expression américaine et maintenant mondialisée de « loser ».

Et certaines injonctions de la « pensée positive » n’y sont pas étrangères.

 

 

 

 

 

Ne pas confondre un esprit qui doute avec un esprit confus.

 

 

 

 

 

La France file un mauvais coton.

Peur, plus effet-loupe des médias (souvent tendancieux, ou alors maladroits) et réseaux sociaux égal fièvre conservatrice tous azimuts.

 

 

 

 

 

Comment peut-on oser parler de « dictature des minorités » ?

 

 

 

 

 

A mon humble avis, le suicide (lucide) est l’acte le plus courageux qui soit au monde. Il va, en effet, à l’encontre d’une pulsion hyperpuissante, celle qui relie avec une force qu’on ne peut même imaginer toute créature vivante à son enracinement dans l’existence : le vouloir-vivre, le "persévérer dans son être". C’est là un attachement qui dépasse même l’attachement commun, banal. Aller à contre-courant des réactions d’angoisse qu’il suscite face à ce basculement dans le non-être qu’est la mort (quand bien même choisie, souhaitée au simple plan intellectuel) demande un effort de volonté et un déploiement d’énergie qui, au lieu de se faire traiter de « lâcheté », de « fuite » devraient mériter l’admiration.

Mais, je suis bien d’accord, le suicide est un acte contre-nature (dans la mesure où il s’oppose au vouloir-vivre naturel de la créature). C’est sans doute à ce titre qu’il s’attire les foudres des religions du Livre et de la psychiatrie moderne.

 

 

 

 

 

 

On considère qu’exister est une chance. Mais qu’en sait-on ? Logiquement, une telle assertion a un peu quelque chose d’absurde.

 

 

 

 

 

 

Le bonheur rend-t-il bon ? Booste-t-il l’empathie ?

Ce que je constate, c’est que, d’une part, il peut générer le « toujours plus ! » et donc, une certaine amertume, propre aux esprits insatisfaits par tempérament, par nature…comme il sait aussi être source de légèreté, de désinvolture. Les gens qui en jouissent croient souvent et volontiers qu’il est un dû, ou alors, dans le sens inverse, ils peuvent être saisis d’une angoisse de le perdre. Là réside (peut-être) la dimension « cruelle » que le bonheur possède. Sa face sombre.

 

 

 

 

 

Je me méfie du pacifisme. Sous couvert de pacifisme (de consensus), on peut en venir à esquiver, voire à escamoter des problèmes bien réels.

Le pacifisme est une idée forte. On aimerait, bien sûr qu’elle triomphe.

Mais, habilement, des psychopathes l’instrumentalisent à leur profit.

Et, compte tenu de l’égoïsme, de l’aspiration au bonheur et des craintes veules de la masse, le pire est que ça marche. Sacrément !

 

 

 

 

 

 

Pourquoi aimes-tu le groupe auquel tu appartiens ou dans lequel tu évolues ?

Pourquoi aimes-tu la langue que tu parles ?

Pourquoi es-tu attaché à ton lieu de vie (quartier, village, ville, région, pays) ?

Certainement pas parce que ceux-ci possèdent telle ou telle « qualité », telle valeur particulière et intrinsèque.

Bien plutôt parce que c’est ton amour de toi-même qui t’incite à cet attachement.

C’est par rapport à l’importance qu’ils revêtent pour toi que tu les aime et que, dans certains cas, tu embrasses l’espoir de les voir rutiler et dominer le monde. Parce qu’ils sont investis d’une puissante valeur affective à tes yeux, parce qu’ils te gratifient d’un fort sentiment d’appartenance qui te rassure et te fait du bien, et non pour quelque autre raison.

Si tu étais sage, tu ne te laisserais pas aller à cela. Tu regarderais en plein dans le mille l’immensité de l’Univers. Et, même si cela te cause un choc (que l’on peut, certes, bien comprendre), tu intégrerais ta dérisoire petitesse ainsi que celle de la planète qui t’a créé(e) et où tu habites (à plus forte raison, celle de l’endroit où tu habites, à la surface de cette dernière).

Les Anciens, en raison de leurs connaissances encore limitées en science physique et en cosmologie, pouvaient se permettre de croire que les Dieux ou Dieu leur prêtaient attention. Mais aujourd’hui, avec les calculs mathématiques d’un EINSTEIN, d’un FEYNMAN, d’un HUBBLE ? Avec les photos du télescope spatial baptisé du même dernier nom et leurs vertigineuses myriades de galaxies visibles dans toutes les directions de l’espace sidéral où l’on porte son œil et quelle que soit la profondeur de celles-ci ?...

La science devrait être l’un des meilleurs remparts, l’un des meilleurs remèdes contre l’infantilisme mesquin de l’égo humain, tout autant que contre celui qui préside à toutes les formes de chauvinisme.

 

 

 

 

 

Ce ne sont pas la liberté et la contrainte qui nuisent, mais bien plutôt leur exagération, leur excès.

 

 

 

 

 

La société où nous vivons nous impose une maladie, qui s’appelle le narcissisme. Et, dans le même temps, elle se plaint (fort hypocritement, on en conviendra) de la « perte du lien » et du « délitement » du respect mutuel qui engendrent toutes sortes d’incivilités ; laissez-moi rire !

Les politiciens et les autorités pointent des responsables au ras des pâquerettes, et la peur, la vindicte du bon peuple se focalisent sur eux ; alors que c’est la société libérale hyper marchande et hyper hédoniste dans son ensemble qui est responsable.

« Il est interdit d’interdire », « Tout tout de suite ! », Moâ, dollar, addictions…cela vous dit quelque chose ?...

 

 

 

 

 

Certains deviennent addicts à l’égo comme on pourrait devenir addict à n’importe quoi d’autre : alcool, drogues, travail, jeu, sexe, pouvoir, argent, relations sociales…Et cette addiction-là, dans nos sociétés, ne connait plus de répit, non plus que de limites. Elle est la conséquence ultime, l’un des effets pervers d’un idéal qui a vu le jour au XVIe siècle puis (et surtout) au XVIIIe siècle dans les classes bourgeoises d’Europe de l’ouest : celui de l’individualisme.

 

 

 

 

 

Il faut l’avoir ressenti – de chair et d’âme – pour réaliser dans quelle mesure la colonisation (qu’elle soit ancienne ou plus récente) et sa suite (logique), la suprématie blanche ont instillé  en les descendants d’esclaves et/ou de colonisés un sentiment de non-valeur (ce que d’autres appellent « complexes »). Partant de là, comment ne pas comprendre le caractère foncièrement malsain (au mieux névrotique)  qui caractérise  les rapports entre la sphère occidentale et le reste du monde ?

 

 

 

 

 

Ne pas aimer son groupe d’origine, c’est ne pas s’aimer. L’estimer « inférieur », c’est s’estimer soi-même « inférieur ». Car l’individu séparé de ses racines, de la chaîne de ses aïeux, est une totale chimère. La première entité transmettrice  d’une culture est la famille et, en tout premier lieu, la mère, toute première éducatrice de l’enfant.

En un sens, on pourrait dire que l’individu n’existe pas. S’il est coupé de tout ce qui vient avant lui, il est incomplet et, à mon sens, forcément sujet au manque.

Conclusion : l’injonction d’assimilation « à la française » est une violence. Elle est, au mieux, génératrice de névrose, de malaise et, au pire, de « schizophrénie ».

En France, l’identité des non-européens et des ex-colonisés reste (plus ou moins consciemment) fortement stigmatisée. Voilà qui, pour moi (et je sais de quoi je parle), explique peut-être beaucoup de choses.

 

 

 

 

 

Sans le Mystère, il n'y aurait pas de Poésie.

 

 

 

 

 

Comment peux-tu dire que tu « préfères » ta langue et ton pays alors même que la première est la seule que tu pratiques vraiment et que le second est lui aussi le seul où tu as l’habitude de séjourner ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P. Laranco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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