jeudi 27 mai 2021

Un texte de Richard TAILLEFER (France), LA LETTRE.

 

 

 

 

Cher Richard,

 

Il se fait tard. Le temps est frais, quel beau printemps ! Comme toujours, je m'évade dans cette solitude dont je ne sors plus guère. J’ai bien reçu et lu ton dernier texte. D'ailleurs tu ne dis jamais poème. Peu importe ! Tout bien compté, ce sont aussi des vers libres.

 

Je sais, signifier la chose

Est toujours susceptible d’interprétation.

 

Quand demain tu viendras me retrouver, si le soleil est au rendez-vous, nous irons cueillir quelques pensées nouvelles dans la campagne. Sans rien dire, on écoutera le silence nous raconter son histoire.

 

Dans tes poèmes, pardon textes, en apparence si simples, je me trouve progressivement en présence d’un récit de plus en plus inattendu, de plus en plus complexe. C’est ce qui me frappe d’emblée. Il se peut que je ne ressente pas ces sentiments qui sont les tiens. Ils expriment des émotions que je n’ai jamais éprouvées. Ces rêves impossibles que nous cherchons en vain. Tu as beau t’apitoyer sur toi-même, je n’y vois pas de larmes. As-tu aimé, as-tu souffert ? Te souviens-tu de mes bras autour de ta taille, une nuit toute entière, dans la confidence des mots fous.

 

Cette immense fièvre des heures partagées.

 

Je t’imagine, à la lecture de ma lettre, ta pipe à la main, ton regard tourné vers le plafond à contempler les toiles d’araignées. Éveille-toi à la vie et tire les rideaux pour laisser pénétrer la lumière. Que sont advenues tes visions perdues d’un impossible songe.

 

Il se fait tard. J'ignore tout du malheur des autres, mais les miens jamais ne me lâchent.

 

À bientôt mon ami.

 

J'emporte avec moi ce parfum de rose dans le jardin, parce que j’ai toujours aimé les roses !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Richard TAILLEFER.

In PoéVie Blues, Prem'édit éditions, 2015.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire