Au Tchad, depuis le coup d’État de 1990, le pouvoir est tenu d’une main de fer par la famille DÉBY. De 1990 à 2021, Idriss DÉBY ITNO a mis en place un régime autoritaire,réprimant violemment l’opposition et la société civile notamment dans les contextes électoraux. Depuis sa mort, lors d’un accrochage avec des rebelles le 20 avril 2021, c’est son fils, Mahamat IDRISS DÉBY, qui a pris le pouvoir par la force, suspendant la Constitution et les institutions de l’État.
À la manière de son père, il a violemment réprimé les manifestations s’opposant à ce coup d’État. Au total, entre le 6 février et le 11 octobre 2021, Tournons La Page et Agir ensemble pour les droits humains ont comptabilisé au moins 20 morts, 152 blessés et 849 arrestations et incarcérations dans des conditions insalubres, souvent accompagnées d’actes de torture et de traitements inhumains et dégradants.
Un an après le Coup d’État et la mise en place du Conseil Militaire de Transition pour une période de 18 mois renouvelable, toutes les violences documentées restent impunies et la répression, les menaces et le harcèlement contre les défenseurs des droits humains continuent.
Il est urgent que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Tchad et qu’un gouvernement civil soit mis en place par des élections libres et transparentes. Le peuple tchadien, privé du choix de ses dirigeants depuis près de 60 ans doit pouvoir bénéficier d’un espace civique ouvert et accéder à la démocratie.
Nous demandons aux autorités tchadiennes de :
Mettre fin aux campagnes d’intimidation contre les personnes qui expriment des critiques, et respecter et protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ;
- Mettre fin aux restrictions apportées au fonctionnement d’Internet et des réseaux sociaux au moindre mouvement populaire ;
- Diligenter des enquêtes indépendantes sur les actes de tortures, les décès suite à la répression des manifestations et les accusations d’exécutions extra-judiciaires. Ces dernières doivent aboutir à des condamnations des auteurs de ces actes inhumains et mettre fin à l’impunité dont ils bénéficient ;
- Restaurer l’ordre constitutionnel et organiser dès que possible des élections civiles pour lesquelles aucun membre du CMT ne devra se présenter.
Mais cette transition doit être accompagnée et observée afin d’éviter de nouveaux tripatouillages et répression. Les partenaires internationaux du Tchad – Union africaine (UA), Organisations des Nations Unies (ONU), France et Union européenne (UE) – doivent :
- S’assurer que l’appui aux autorités locales privilégie le soutien au respect des droits humains, notamment en matière de liberté de participation à la vie civique ;
- Soutenir le retour à l’ordre constitutionnel le plus rapidement possible et sans dépasser les 18 mois depuis le décès du président Idriss DÉBY ITNO soit une limite fixée à octobre 2022 conformément à décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine du 3 août 2021[1] ;
- Soutenir diplomatiquement et techniquement la liberté de la presse, la liberté d’expression et la sécurité des défenseurs des droits humains ;
- Organiser une documentation systématique des violations de la liberté de rassemblement au Tchad, en particulier dans les périodes sensibles de la vie politique telles que les campagnes électorales et les phases de transition du pouvoir.
Rejoignez le mouvement contre la répression héréditaire et pour la démocratie au Tchad !
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