Hier
soir, jeudi 20 septembre 2018, j’ai regardé un étonnant documentaire sur la vie
d’un très grand groupe de chimpanzés (plus de 200 individus) en Ouganda, dans la forêt pluviale verte
et sombre. J’en suis sortie fascinée, avec une once de trouble, pour ne pas
dire de malaise certain. Pas de doute, les chimpanzés sont bien notre miroir déformant, à nous, les Hommes.
Ces
spécimens, tous mâles, sont apparus capables du « meilleur » comme du
« pire ».
Comme
nos mâles, ils fonctionnent sur le mode de la camaraderie virile et ne sont animés que par une obsession :
se goinfrer de viande (qu’ils se procurent en chassant d’une manière frénétique,
à en perdre la tête tant cette
activité semble les mobiliser, leur procurer du plaisir -et en décimant, de ce
fait, la population locale de colobes rouges) et de pouvoir tout en respectant
scrupuleusement et craintivement la contraignante hiérarchie. Résolument patriarcaux
et bourrés de testostérone, ils pratiquent la manipulation (ce qui témoigne d’un
sens du calcul), le militarisme et la tuerie, jusqu’à l’entreprise « coloniale »
assortie de génocide pour agrandir leur territoire, poussés par l’augmentation
devenue excessive de leur population. Chez eux, la conservation du pouvoir
dépend plus de l’habileté sociale, de l’art de tisser des réseaux d’alliances
étendus que de l’exercice de la force brute, du règne trop direct de la terreur.
La
base de leur « racisme » (vis-à-vis de leurs congénères d’un autre
groupe, habitant un territoire voisin) est, selon leurs observateurs, On ne vous connait pas. On ne vous aime pas.
Le racisme reposerait-il, d’abord, sur la crainte de l’inconnu ?
Mais,
à côté de cela, il apparait patent qu’à l’intérieur de leur communauté, leurs
liens, pour ambivalents qu’ils puissent être, sont extrêmement solides et qu’ils
connaissent même, de façon durable, les affres de ce que nous nommons le deuil (manifestations
dépressives se traduisant par un retrait social).
Chez
eux, la sauvagerie la plus patibulaire côtoie également la compassion et ils n’aiment pas, semble-t-il, laisser un de leurs copains agoniser tout seul. Qui « assistent »-t-ils
en restant ainsi, des heures, au côté d’un grand blessé, victime pourtant des
autres membres du « clan » ? L’être qui, manifestement, souffre ?
L’être qui va mourir ? Les deux ? Ont-ils conscience de la mort ?
Le
question demeure, bien entendu, ouverte.
Par
certains côtés, ce film m’a fait songer à La
Guerre du Feu, de Jean-Jacques
ANNAUD. Le feu en moins.
Le
chimpanzé est, au même titre que l’Homme, un animal tueur, porté à la chasse
comme à la guerre, ou à la simple « baston » entre soi qui ne fait
guère de quartiers. Il ne lui manque que notre degré d’ingéniosité, de sophistication
intelligente et sans doute, notre morphologie entièrement bipède – pour « devenir
nous ».
Patricia Laranco.
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