vendredi 21 septembre 2018

Compte-rendu de film : "NGOGO", de James REED (U.K, 2016), sur ARTE le 20/09/2018, à 22h 45.



Hier soir, jeudi 20 septembre 2018, j’ai regardé un étonnant documentaire sur la vie d’un très grand groupe de chimpanzés (plus de 200 individus) en Ouganda, dans la forêt pluviale verte et sombre. J’en suis sortie fascinée, avec une once de trouble, pour ne pas dire de malaise certain. Pas de doute, les chimpanzés sont bien notre miroir déformant, à nous, les Hommes.
Ces spécimens, tous mâles, sont apparus capables du « meilleur » comme du « pire ».
Comme nos mâles, ils fonctionnent sur le mode de la camaraderie virile et ne sont animés que par une obsession : se goinfrer de viande (qu’ils se procurent en chassant d’une manière frénétique, à en perdre la tête tant cette activité semble les mobiliser, leur procurer du plaisir -et en décimant, de ce fait, la population locale de colobes rouges) et de pouvoir tout en respectant scrupuleusement et craintivement la contraignante hiérarchie. Résolument patriarcaux et bourrés de testostérone, ils pratiquent la manipulation (ce qui témoigne d’un sens du calcul), le militarisme et la tuerie, jusqu’à l’entreprise « coloniale » assortie de génocide pour agrandir leur territoire, poussés par l’augmentation devenue excessive de leur population. Chez eux, la conservation du pouvoir dépend plus de l’habileté sociale, de l’art de tisser des réseaux d’alliances étendus que de l’exercice de la force brute, du règne trop direct de la terreur.
La base de leur « racisme » (vis-à-vis de leurs congénères d’un autre groupe, habitant un territoire voisin) est, selon leurs observateurs,  On ne vous connait pas. On ne vous aime pas. Le racisme reposerait-il, d’abord, sur la crainte de l’inconnu ?
Mais, à côté de cela, il apparait patent qu’à l’intérieur de leur communauté, leurs liens, pour ambivalents qu’ils puissent être, sont extrêmement solides et qu’ils connaissent même, de façon durable, les affres de ce que nous nommons le deuil (manifestations dépressives se traduisant par un retrait social).
Chez eux, la sauvagerie la plus patibulaire côtoie également  la compassion et ils n’aiment pas, semble-t-il, laisser un de leurs copains agoniser tout seul. Qui « assistent »-t-ils en restant ainsi, des heures, au côté d’un grand blessé, victime pourtant des autres membres du « clan » ? L’être qui, manifestement, souffre ? L’être qui va mourir ? Les deux ? Ont-ils conscience de la mort ?
Le question demeure, bien entendu, ouverte.
Par certains côtés, ce film m’a fait songer à La Guerre du Feu, de Jean-Jacques ANNAUD. Le feu en moins.
Le chimpanzé est, au même titre que l’Homme, un animal tueur, porté à la chasse comme à la guerre, ou à la simple « baston » entre soi qui ne fait guère de quartiers. Il ne lui manque que notre degré d’ingéniosité, de sophistication intelligente et sans doute, notre morphologie entièrement bipède – pour « devenir nous ».










Patricia Laranco.





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